Dataviz : l’expérience des titulaires depuis 1904

Publié le 25 novembre 2024 - Bruno Colombari

Que nous montre un nuage de points représentant les plus de 900 matchs joués par l’équipe de France, chacun étant à l’intersection de la moyenne d’âge des titulaires et du cumul de leurs sélections ?

3 minutes de lecture

Comme je l’ai fait pour la période en cours depuis août 2012, voici une dataviz mettant en évidence le positionnement de chacun des matchs joués depuis 1904 par l’équipe de France, en terme d’expérience. Cette dernière est représentée, pour chaque match, par un point à l’intersection de deux données : le cumul de sélections des titulaires avant le coup d’envoi (donc sans compter le match qui débute) et leur moyenne d’âge.

Autrement dit, si on divise le graphe en quatre zones séparées par la ligne de l’âge moyen depuis 1904 (en pointillés verts à la verticale) et par la ligne du cumul moyen de sélections (à l’horizontale), la zone située en bas à gauche regroupe les équipes les moins expérimentées, c’est-à-dire les plus jeunes et comptant le moins de sélections. Et celle en haut à droite les plus expérimentées.

Si l’âge moyen est relativement proche de celui de la dernière période (26,68 ans contre 27), le cumul de sélection est beaucoup plus faible (247 contre 402), ce qui explique que la ligne pointillée verte horizontale ne se situe qu’au premier tiers de la hauteur.

Si, logiquement, les défaites sont les plus nombreuses dans la partie basse et à gauche, c’est aussi parce qu’elle concentre l’essentiel de la période la moins fructueuse de l’équipe de France, celle qui va de 1904 à la Libération, sur quarante ans. Mais, alors que ce n’est pas intuitif, on remarque aussi que les points rouges qui représentent les défaites sont aussi relativement nombreux en haut à droite du nuage de points, alors qu’ils sont plus rares, en proportion, dans la partie en haut à droite, c’est-à-dire celle qui correspond à des équipes plus jeunes que la moyenne, mais aussi plus expérimentées.

Pour distinguer mieux les détails de ce nuage qui regroupe 921 points, j’ai fait un découpage en six périodes d’un peu plus de 150 matchs chacune, et les ai rendu visibles via un défilement dynamique.

Là, il apparaît clairement que la première période, de très loin la plus mauvaise de l’histoire des Bleus, concentre les défaites dans la partie (très) basse du graphe, avec des équipes juvéniles et fortement renouvelées, donc avec très peu d’expérience : la moyenne d’âge est sous les 25 ans (24,86), le cumul des titulaires atteint à peine les 75 sélections (moins de 7 par joueur) et il y a 335 débutants lancés, plus de deux par match. Les trois points situés les plus à droite correspondent aux trois matchs joués en période de guerre entre 1940 et 1942. Et le match avec l’effectif le plus expérimenté est le quart de finale de la Coupe du monde 1938, perdu face à l’Italie avec une équipe de 27 ans et demi cumulant 178 sélections au coup d’envoi.

La deuxième période, qui va de 1945 à la fin de la Coupe du monde 1966, voit le nuage de points rester essentiellement sous le cumul moyen de sélections (247) mais se déplace vers la droite et en montant légèrement. Le point le plus haut et à droite est la défaite en Bulgarie en octobre 1959 (29 ans et 10 mois de moyenne d’âge, et 315 sélections cumulées). Les six matchs de la Coupe du monde 1958, que vous pouvez isoler en cliquant sur le bouton CM du filtre, dessinent une diagonale à la droite de l’intersection des deux moyennes.

Entre 1966 et 1986, le nuage prend sa forme définitive, même s’il concentre encore beaucoup de matchs (et de défaites) en bas à gauche. La partie en haut à droite, avec en pointe le France-Brésil de Guadalajara en 1986, regroupe six des sept matchs de la Coupe du monde au Mexique, qui marque la fin de cette période et de la génération Platini, même si ce dernier et Jean Tigana joueront encore quelques matchs, ainsi que l’Euro 1984. L’édition de 1982 est plutôt située à l’intersection des deux moyennes.

périodepremier
match
dernier
match
JGNPdébutantstitulaires
cumul
titulaires
âge moyen
1904-1944 1 158 158 49 17 92 335 75 24,86
1945-1966 159 303 145 58 32 55 193 118 26,73
1966-1986 304 457 154 77 32 45 147 179 26,1
1986-2000 458 601 144 84 41 19 101 276 27,31
2001-2012 602 756 155 91 38 26 85 422 28,13
2012-2024 757 921 165 105 34 26 80 402 27
total 1 921 921 464 194 263 941 247 28,68

La période 1986-2000 marque le décollage véritable des Bleus avec une ascension des points dans la partie en haut à droite et un sommet atteint en septembre 2000 contre l’Angleterre, avec les adieux de Deschamps, Blanc et Lama. C’est une période extrêmement fructueuse avec un titre mondial en 1998 et européen en 2000, et seulement 19 défaites pour 84 victoires.

Que nous montre 2001-2012 ? Le reflux de résultats (une finale mondiale en 2006) s’accompagne d’une montée des points vers les sommets de l’Euro 2004 (record de sélections cumulées contre la Suisse en juin, avec 701 capes avant le coup d’envoi) et de la Coupe du monde 2006 (30 ans et 9 mois contre la Corée du Sud, équipe la plus âgée de l’histoire). La partie basse, sous le cumul moyen, est très réduite, l’amical d’août 2010 en Norvège étant complètement atypique (24 ans et 3 mois de moyenne, 35 sélections cumulées) dû à la suspension momentanée des participants à la Coupe du monde sud-africaine.

Enfin, la période contemporaine, celle de Didier Deschamps sélectionneur, a déjà été traitée. On peut juste constater le rajeunissement, qui va se poursuivre, et le regroupement des points autour de la moyenne d’âge.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Hommage à Pierre Cazal