Les Bleus à l’âme de Dino Zoff

Publié le 10 février 2022 - Richard Coudrais

Dino Zoff n’a jamais connu une grande réussite face à l’équipe de France. Il a souvent été confronté à un Platini inspiré, mais aussi à un Lacombe expéditif et un Zimako opportuniste. Sans parler, plus tard, d’un Wiltord tardif et d’un Trezeguet en or.

4 minutes de lecture

La carrière internationale de Dino Zoff a commencé assez tard. Le portier frioulan a dû attendre l’âge de 26 ans pour faire ses débuts en équipe d’Italie, en 1968. Dino Zoff joue alors à Naples, après avoir débuté sa carrière à Udine et être passé par Mantoue. Après quatre sélections seulement, Zoff est sacré champion d’Europe des Nations avec l’équipe d’Italie. Ce n’est pas pour autant qui garde sa place de titulaire. Il reste en concurrence avec Enrico Albertosi, qui le prive notamment de la Coupe du monde 1970.

Dino Zoff s’impose par la suite dans la cage de l’équipe d’Italie, parvenant notamment à la préserver pendant douze rencontres consécutives, soit 1.142 minutes, record mondial, auquel mettra fin l’attaquant haïtien Emmanuel Sanon lors de la Coupe du monde 1974. Dino Zoff devient capitaine de l’équipe d’Italie en 1977.

Naples et les coups francs de Platini

Lorsque Dino Zoff croise pour la première fois l’équipe de France, il est déjà âgé de 36 ans, mais il reste l’un des tous meilleurs gardiens du monde. L’Italie reçoit la France à Naples le 8 février 1978, pour un match amical dans le cadre de la préparation à la Coupe du monde argentine... où les deux équipes se retrouveront le 2 juin. La première mi-temps est assez tranquille pour Dino Zoff. Les joueurs de Michel Hidalgo sont copieusement dominés, l’attaquant romain Francesco Graziani marque deux fois et l’Italie mène 2-0 à la pause. Mais les choses changent en seconde période. Après cinq minutes de jeu, sur un corner d’Albert Gemmrich, Dino Zoff se fait surprendre par Dominique Bathenay libre de tout marquage et qui marque de la tête.

Plus tard, Dino Zoff va faire la connaissance avec un joueur qui va beaucoup compter dans sa carrière, un certain Michel Platini. Après l’heure de jeu, le jeune meneur de jeu obtient un coup franc à vingt-deux mètres de la cage italienne, légèrement sur la gauche. D’une frappe travaillée, il envoie le ballon en pleine lucarne, sur le côté droit du gardien italien. Heureusement pour ce dernier, l’arbitre invalide le but car il n’avait pas donné l’autorisation de tirer. La deuxième tentative de Platini échoue dans le mur. Mais une action similaire se reproduit un quart d’heure plus tard. Même joueur, même faute, même distance. Cette fois, Platini tire le coup franc sur la gauche de Zoff, à ras de terre. Le gardien italien est battu, la France revient de Naples avec un 2-2 prometteur. Et Platini devient un nom connu en Italie.


 

Mar Del Plata et Bernard Lacombe

A peine quatre mois après le nul de Naples, Dino Zoff et la Squadra Azzurra retrouvent l’équipe de France à Mar Del Plata dans le cadre cette fois de la Coupe du monde. Et le pauvre Dino Zoff est soumis à rude épreuve puisqu’il encaisse un but sur son premier ballon, après seulement 37 secondes de jeu, sur une tête de Bernard Lacombe. Mais c’est le scénario inverse de Naples qui va se jouer à Mar Del Plata. Après un démarrage pied au plancher des hommes de Michel Hidalgo, ceux d’Enzo Bearzot vont prendre le dessus et s’imposer 2-1 grâce à Paolo Rossi et Renato Zaccarelli... Si l’équipe de France ne passe pas le premier tour, l’équipe d’Italie terminera à la quatrième place du tournoi. Si on a loué l’esprit offensif de la Squadra, son gardien a plutôt été la cible de nombreuses critiques pour quelques buts encaissés qu’il aurait dû éviter.


 

Le Parc, Zimako puis Platini

Dino Zoff et quelques coéquipiers retrouvent l’équipe de France le 3 septembre 1980 à l’occasion d’un match (non-officiel) des Bleus face... à la Juventus. Le club italien et son gardien résistent jusqu’à la 56e minute où Jacques Zimako récupère un ballon perdu par les défenseurs et s’en va battre Dino Zoff. L’équipe de France s’impose 1-0.

Dino Zoff retrouve le Parc des Princes deux ans et demi plus tard, en février 1982 pour un France-Italie de préparation à la Coupe du monde 1982. Une situation comparable au match de Naples à ceci près que les deux équipes ne se retrouvent pas au premier tour du mondial espagnol. Dino Zoff approche des quarante ans (il les aura cinq jours après la rencontre) et garde toujours les buts de la Squadra. Le capitaine italien se voit même remettre une plaque de la part de son vis à vis qui n’est autre que Michel Platini.

Sur le terrain, le capitaine français sera moins aimable et marquera le premier but d’une magnifique frappe à ras de terre. Platini, éblouissant, réalise l’un des plus grands matchs de sa carrière (il aurait voulu se faire recruter par un club italien qu’il ne s’y serait pas pris autrement). Quant à Dino Zoff, il quitte le terrain à la pause et laisse son jeune remplaçant Ivano Bordon (30 ans) encaisser le deuxième but, signé par le novice Daniel Bravo. C’est la première victoire de la France sur l’Italie depuis plus de soixante ans. On imagine alors mal cette sélection italienne battue à Paris devenir championne du monde cinq mois plus tard à Madrid.


 

Pour une poignée de secondes à Rotterdam

L’équipe de France retrouve l’Italie lors de la Coupe du monde 1986. Michel Platini marque même un nouveau but, mais il y a longtemps que Dino Zoff a raccroché gants et crampons. A quarante ans et plus de cent sélections, il a mis fin à sa carrière un an après son titre mondial et s’est attelé à une carrière d’entraîneur. Il dirige l’équipe olympique d’Italie durant les éliminatoires puis revient à la Juventus qu’il porte à la victoire en Coupe de l’UEFA en 1990. On le voit ensuite à la Lazio où il est tantôt entraîneur, tantôt président, tantôt les deux. Au lendemain de la Coupe du monde 1998, où l’équipe d’Italie a été éliminée par la France, Dino Zoff est appelé à diriger la Squadra azzurra. Celle-ci se qualifie pour l’Euro 2000, y réalise un très bon parcours, et se retrouve en finale... contre la France.

Il s’en est fallu de quelques secondes que Dino Zoff rejoigne l’Allemand Berti Vogts dans le cercle des sélectionneurs devenus champion d’Europe des Nations après l’avoir été comme joueur. La faute à un certain Sylvain Wiltord...

Zoff et les Bleus, le bilan

Comme joueur, Dino Zoff a rencontré quatre fois l’équipe de France, dont une avec la Juventus de Turin. Une victoire, un match nul et deux défaites sont le bilan de ces confrontations où il a encaissé cinq buts, signés Platini deux fois, Bathenay, Lacombe et Zimako. On ajoutera à ces bourreaux les noms de Wiltord et Trezeguet qui l’ont empêché, comme sélectionneur, de remporter la finale de l’Euro 2000.

Sel.GenreDateLieuEquipeScoreButeurs
62 Amical 08/02/1978 Naples Italie 2-2 Bathenay (50’) et Platini (80’)
64 CM T1 02/06/1978 Mar del Plata* Italie 1-2 Lacombe (1’)
- Match UNFP 03/09/1980 Paris (Parc) Juventus FC 1-0 Zimako (56’)
97 Amical 23/02/1982 Paris (Parc) Italie 2-0 Platini (19’) et Bravo (84’)

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Hommage à Pierre Cazal