Il y a les sept travaux d’Hercule, les douze coups de minuit et les dix commandements. Et puis il y a les onze coups francs de Platini en équipe de France. Car bien avant d’être triple Ballon d’Or, El Maestro à la Juventus Turin et capitaine des Bleus soulevant le trophée Henri-Delaunay, Michel Platini était le spécialiste des coups francs. Au tout début de sa carrière, il s’en était fait une spécialité et c’est d’ailleurs comme ça qu’il a marqué ses trois premiers buts en équipe de France, dans ses six premiers mois internationaux : contre la Tchécoslovaquie en mars 1976, à Copenhague face au Danemark en septembre et un mois plus tard à Sofia contre la Bulgarie. Tous trois indirects, d’ailleurs.
Premier direct contre la Suisse
Le suivant, c’est en avril 1977 contre la Suisse à Genève. C’est son premier coup franc direct transformé. Contre l’Italie à Naples en février 1978, il fait des misères à Dino Zoff, son futur gardien à la Juventus. Il marque un premier coup-franc dans la lucarne droite du portier italien, mais l’arbitre ne le valide pas car il n’avait pas sifflé. Un peu plus tard, il en obtient un deuxième, à peu près au même endroit, qu’il place de l’autre côté, près du poteau gauche. Et de deux pour le prix d’un !
Face aux Pays-Bas, un but libérateur
Si celui de septembre 1979 contre les Etats-Unis au court d’un match très violent est plutôt anecdotique, le septième vaut son pesant d’or. Nous sommes le 18 novembre 1981. Une victoire contre les Pays-Bas est impérative pour se qualifier pour le Mundial espagnol. A la 52e, Platini obtient un premier coup franc plein axe, repoussé par le mur néerlandais et semble-t-il touché par Jan Peters à la limite de la surface, côté gauche. C’est encore mieux placé, et celui-là enroule le mur pour battre Van Breukelen, pas très inspiré sur le coup.
Trois fois quatre mois en 1984
Après deux années blanches, le huitième arrive en février 1984 contre l’Angleterre. Pas de fioritures pour celui-là, frappé en force dans les filets de Peter Shilton. Et comme en 1976, Platini va transformer trois coups francs dans l’année. Le neuvième face à la Yougoslavie à Saint-Etienne lui permet de réaliser un deuxième triplé consécutif (après celui contre la Belgique). Pour l’occasion, le capitaine français déplace dans le dos de l’arbitre le ballon de deux bons mètres pour trouver un angle de tir plus favorable.
Le dixième est l’un des plus connus, et encore décisif, puisqu’il permet l’ouverture du score en finale de l’Euro contre l’Espagne, alors que les Bleus étaient chahutés. Il n’y avait probablement pas faute sur Lacombe, et le tir, pas assez appuyé, semble d’abord capté par Arconada, mais celui-ci laisse échapper le ballon sous son bras.
Le dernier date de novembre 1985 et c’est en quelque sorte la réplique de celui de 1981 contre les Pays-Bas, puisque les Bleus doivent l’emporter contre la Yougoslavie pour aller au Mexique. Mais cette-fois, le coup franc a lieu dès la deuxième minute, et Platini loge le ballon dans la lucarne droite de Stojic.
Une zone de tir très compacte
Regardons maintenant de quels endroits et à quelles distances Platini a frappé ses onze coups francs. Sans surprise, ils se situent presque tous à une vingtaine de mètres de la cage, décalés sur la gauche de la surface de réparation. Il y en a tout de même quatre tirés plein axe, dont deux dans l’arc de cercle soit à environ 17 mètres de la cible. Un seul, le tout premier, se trouve près du point de pénalty, mais c’est un coup franc indirect. Ceux-ci sont représentés dans un cercle gris, les coups francs directs dans un cercle noir.
La zone de frappe est tellement compacte que les onze points entrent facilement dans un demi-cercle de dix mètres de rayon, soit à peu près la surface de la moitié du rond central.
En haut, en bas, à gauche, à droite
Si on observe ensuite où sont arrivés les ballons frappés sur ces coups francs, on ne peut que saluer la précision et la variété des tirs de Platini. Hormis ceux contre la Suisse et l’Italie, et à un degré moindre celui face à l’Angleterre, les neuf autres finissent près des poteaux ou de la barre. Et loin du gardien, sauf dans le cas particulier d’Arconada qui se couche sur le ballon avant de le laisser filer.
Autant dire que pour un gardien, anticiper une frappe de Platini est un exercice hautement aléatoire. De plus, les tirs peuvent être brossés avec plus ou moins de vitesse, tendus ou en feuille morte avec une trajectoire plongeante derrière le mur.
Et aussi trois de la tête, sept du gauche et trois pénos
Mais Platini n’a pas marqué que sur coup franc. Il a inscrit également trois pénalties (face à la RFA en 1982, la Belgique et la Bulgarie en 1984), a marqué trois fois de la tête (contre l’Angleterre, la Belgique et la Yougoslavie en 1984) et sept fois du gauche (Brésil et Argentine 1978, Irlande 1981, Danemark 1983, Belgique et Yougoslavie 1984 et 1985). Autant dire que c’était un buteur polyvalent.

Sur le tableau ci-dessous, retrouvez la répartition de ses 41 buts. Dans la première colonne, sont indiqués les buts du droit (DR) parmi lesquels ceux inscrits sur coup franc (CF, en gras) ou sur pénalty (PE, en italique). La deuxième colonne indique les buts marqués de la tête (TE) et la troisième ceux signés du gauche (GA). La dernière indique l’ordre du match dans les 72 joués par Platini.
A noter qu’il est arrivé deux fois que Platini marque deux buts de la même manière lors du même match, contre la Grèce et Chypre en 1980. Lors ses deux triplés (Belgique et Yougoslavie 1984) et ses deux autres doublés (Angleterre 1984 et Yougoslavie 1985), il a marqué de façon différente.
# | droit | tête | gauche | date | adv. | sel. |
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1 | CF | 27/03/76 | Tchécoslovaquie | 1 | ||
2 | CF | 01/09/76 | Danemark | 3 | ||
3 | CF | 09/10/76 | Bulgarie | 4 | ||
4 | DR | 17/11/76 | Rep. d’Irlande | 5 | ||
5 | CF | 23/04/77 | Suisse | 8 | ||
6 | DR | 16/11/77 | Bulgarie | 12 | ||
7 | CF | 08/02/78 | Italie | 13 | ||
8 | GA | 01/04/78 | Brésil | 14 | ||
9 | DR | 19/05/78 | Tunisie | 15 | ||
10 | GA | 06/06/78 | Argentine | 17 | ||
11 | DR | 05/09/79 | Suède | 21 | ||
12 | CF | 10/10/79 | Etats-Unis | 22 | ||
13 | DR | 27/02/80 | Grèce | 23 | ||
14 | DR | 27/02/80 | Grèce | 23 | ||
15 | DR | 11/10/80 | Chypre | 26 | ||
16 | DR | 11/10/80 | Chypre | 26 | ||
17 | DR | 28/10/80 | Rep. d’Irlande | 27 | ||
18 | GA | 14/10/81 | Rep. d’Irlande | 31 | ||
19 | CF | 18/11/81 | Pays-Bas | 32 | ||
20 | DR | 23/02/82 | Italie | 33 | ||
21 | DR | 21/06/82 | Koweït | 37 | ||
22 | PE | 08/07/82 | Allemagne | 40 | ||
23 | DR | 10/11/82 | Pays-Bas | 42 | ||
24 | GA | 07/09/83 | Danemark | 45 | ||
25 | TE | 29/02/84 | Angleterre | 47 | ||
26 | CF | 29/02/84 | Angleterre | 47 | ||
27 | DR | 12/06/84 | Danemark | 49 | ||
28 | GA | 16/06/84 | Belgique | 50 | ||
29 | PE | 16/06/84 | Belgique | 50 | ||
30 | TE | 16/06/84 | Belgique | 50 | ||
31 | GA | 19/06/84 | Yougoslavie | 51 | ||
32 | TE | 19/06/84 | Yougoslavie | 51 | ||
33 | CF | 19/06/84 | Yougoslavie | 51 | ||
34 | DR | 23/06/84 | Portugal | 52 | ||
35 | CF | 27/06/84 | Espagne | 53 | ||
36 | DR | 13/10/84 | Luxembourg | 54 | ||
37 | PE | 21/11/84 | Bulgarie | 55 | ||
38 | CF | 16/11/85 | Yougoslavie | 62 | ||
39 | GA | 16/11/85 | Yougoslavie | 62 | ||
40 | DR | 17/06/86 | Italie | 67 | ||
41 | DR | 21/06/86 | Brésil | 68 |