Qu’est-ce qu’une chronobiographie ?
Son apport
Que se serait-il passé si Michel Platini n’avait pas été là au milieu des années 70 ? Le meneur de jeu lorrain a objectivement bénéficié d’un environnement très favorable, avec autour de lui une génération talentueuse (Rocheteau, Bossis, Battiston, Six, Fernandez, Tigana, Giresse...) et d’un sélectionneur adepte d’un jeu offensif qui en fait, à 21 ans, le patron technique de l’équipe.
Mais son apport est immense : Platini avait une vision du jeu hors du commun qui lui permettait notamment de délivrer des passes de 40 mètres dans la course d’un partenaire, et compensait des qualités physiques banales par un placement très judicieux qui rendait le marquage sur lui particulièrement difficile. Sur le terrain, il pouvait aussi bien évoluer très bas, quasiment en numéro 6, qu’en pointe, à la hauteur de son avant-centre.
C’était aussi, et c’est ce qui le différencie de Zidane, un très grand buteur. S’il avait assis sa jeune réputation sur son incroyable adresse sur coup-franc (il en a marqué onze en équipe de France, dont cinq lors de ses sept premiers buts), sa gamme s’est par la suite diversifiée avec des buts de la tête, des frappes du gauche, des pénalties (un seul manqué avec les Bleus dans la séance de tirs au but contre le Brésil en 1986), des tirs de loin ou des buts de renard des surfaces. Ce n’est pas pour rien qu’il a cannibalisé tous les avant-centres qui ont joué avec lui, que ce soit Lacombe, Pécout, Berdoll, Touré, Stopyra ou Papin.
Enfin, dernière qualité et non des moindres, sa capacité à prendre en charge l’équipe, à devenir une sorte de sélectionneur-joueur donnant des consignes à ses partenaires, les replaçant, jouant de son influence dans le vestiaire pour en écarter certains et en conserver d’autres. Sa nomination au poste de sélectionneur était donc logique, même si elle est arrivée trop tôt et n’a finalement débouché sur rien. Installé sur le banc, Platini n’avait plus d’influence sur le jeu, et surtout aucun numéro 10 sous la main. Il est vrai qu’il n’avait pas particulièrement envie d’en installer un qui aurait pu lui faire de l’ombre...