L’annonce de la mort à 63 ans de Fernando Albino de Sousa Chalana réveille pour les supporters de l’équipe de France le souvenir de la demi-finale de l’Euro 1984 disputée à Marseille le 23 juin 1984. Un match que les Bleus auraient pu perdre, et cela aurait été de la faute de Chalana.
De Guimaraes à Marseille
Chalana a joué deux fois contre l’équipe de France. La première, c’était à Guimaraes, le 16 février 1983. France et Portugal ne s’étaient plus rencontrés depuis cinq ans. Deux passes lumineuses de Platini en deux minutes, pour Stopyra et Ferreri, mettent fin au suspense. La France mène 2-0 après huit minutes et se contente de contrôler le match. Fernando Chalana a beau se démener, il inquiète trop peu les défenseurs français pour renverser le match. C’est au contraire la France, à vingt minutes de la fin, qui alourdit le score (3-0) sur un but de Stopyra.
La prestation de l’équipe portugaise avait été si faible qu’on l’imaginait mal se qualifier pour l’Euro 1984 disputé en France. Pourtant, la sélection d’Antonio Cabrita se défait de l’URSS et se présente sur la ligne de départ en juin 1984. Après deux matchs nul, contre la RFA à Strasbourg puis contre l’Espagne à Marseille, l’équipe portugaise déçoit quelque peu dans son 4-5-1 résolument défensif. Chalana toutefois se distingue par ses dribbles déroutants. Contre l’Espagne, il donne la passe décisive à Sousa, puis envoie un tir fracassant sur la barre d’Arconada.
Lors du dernier match du premier tour à Nantes, la Roumanie a bien compris d’où venait le danger. Chalana est touché au genou par un méchant tacle d’Irimescu et doit sortir sur une civière après seulement vingt minutes de jeu. Privé de son joueur le plus remuant, le Portugal parvient toutefois à l’emporter (1-0), marquant en toute fin de match quand l’entraineur s’est décidé à aligner trois attaquants.
L’impossible exploit de Marseille
Le Portugal franchit le premier tour et se retrouve en demi-finale à Marseille contre les Bleus. L’état du genou de Chalana a fait l’actualité portugaise jusqu’au 23 juin 1984 mais finalement il est titularisé d’entrée face aux Bleus.
Les hommes de Michel Hidalgo dominent largement ceux de Fernando Cabrita, qui malgré la fin de match convaincante à Nantes reste fidèle à sa tactique défensive. Les Français ouvrent le score sur un coup franc du défenseur Jean-François Domergue. Et semblent partis pour mettre d’autres buts. A la mi-temps, le coach portugais choisit de faire entrer Fernando Gomes, le redoutable buteur de Porto. Puis à l’heure de jeu, c’est Nene, le buteur de Nantes, qui fait son entrée.
Le Portugal se retrouve avec trois attaquants, un pur bonheur pour Fernando Chalana, qui se voit offrir plusieurs solutions à ses offensives inspirées. Le gaucher de Benfica ne s’en prive pas. C’est lui qui délivre, à un quart d’heure de la fin, un centre parfait que Jordão reprend de la tête pour tromper Bats.
Le match change de physionomie. Les Français, qui avaient peut être cru remporter facilement le match, se retrouvent à disputer une prolongation. Face à eux, les Portugais ont retrouvé leur football. Les Brésiliens de l’Europe, ce sont eux. Sur son côté gauche, Chalana en fait voir de toutes les couleurs à son vis-à-vis Domergue. Le numéro 4 portugais centre par dessus la défense française et celle-ci voit surgir Jordão qui exécute une étonnante reprise de volée, avec un rebond démoniaque qui surprend Joël Bats.
A la fin du premier quart d’heure de la prolongation, Chalana envoie Nene seul vers le but français, mais Joël Bats sauve la balle de 1-3 et enraye la destinée portugaise. La fin de l’histoire, on la connaît. Dans les cinq dernières minutes, les Français font aux Portugais le coup des Allemands à Séville. Egalisation de Jean-François Domergue, encore lui, puis but de Platini sur un extraordinaire rush de Tigana.
La France respire. Elle se souviendra de ce match de Marseille comme d’un Séville à l’envers. Elle se rappellera surtout le nom de ce diabolique milieu de terrain porté sur la gauche, à la chevelure bouclée et à la moustache fournie, Fernando Chalana.
Le fantôme de Bordeaux
Les Girondins de Bordeaux ne s’y tromperont pas. Le président Claude Bez, autre moustachu célèbre, n’hésite pas à lâcher 18 millions de francs à Benfica pour acquérir le phénomène. Le plus gros transfert jamais réalisé en France. Bordeaux s’en mordra un peu les doigts. Le joueur portugais se blessera dès son arrivée et ne guérira jamais vraiment. On ne le voit apparaître sur les terrain que six mois après son arrivée. Pour quelques matchs sans éclat, hormis un tir au but décisif face à Dniepropetrovsk (tiré du droit, alors qu’il est gaucher !) en quart de finale de la Coupe des Champions.
Fernando Chalana restera un mystère. Sa folle demi-finale de Marseille fut son sommet, ce fut aussi son avant-dernière sélection en équipe du Portugal. Sa dernière, il ne la connaitra qu’en 1988.
Sel | Match | Date | Lieu | Equipe | Score |
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26 | Euro 1/2 | 23/06/1984 | Marseille | Portugal | 3-2 (prol) |
19 | Amical | 16/02/1983 | Guimaraes | Portugal | 3-0 |