La Finlande est un pays de très grande tradition sportive. On y compte des athlètes de renom, notamment le grand Paavo Nurmi, l’homme aux neuf médailles d’or olympiques, de grands skieurs de fond et plus tard de grands pilotes automobiles. Le football par contre est longtemps resté au second plan, le hockey sur glace restant le jeu collectif préféré des Finlandais.
Sur la route de Santiago
L’équipe de Finlande de football est créée en 1911 alors que le grand-duché de Finlande fait encore partie de l’Empire Russe. Elle participe en 1912 au tournoi des Jeux Olympiques de Stockholm et termine au pied du podium après avoir sorti l’Italie et... la Russie. Cela reste la seule phase finale de son histoire jusqu’à l’Euro 2020. Le pays gagne son indépendance en 1917 mais il reste instable. Une guerre civile inaugure cette période, suivi de plusieurs conflits avec l’Union Soviétique, qui lui accorde une indépendance toute relative.
France et Finlande se rencontrent pour la première fois sur un terrain de football le 25 septembre 1960 dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 1962. Le tirage au sort a en effet mis l’équipe scandinave sur la route des Tricolores, avec la Bulgarie, pour le Chili, où se déroulera la VIIe phase finale de la Coupe du monde. La rencontre se déroule dans le prestigieux cadre du stade olympique d’Helsinki, antre des Jeux de 1952.
L’équipe de France n’est pas au mieux. Elle a complètement raté la première phase finale de la Coupe d’Europe des Nations, terminant bonne dernière du tournoi à quatre après avoir été battue par la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie. Les trois sélectionneurs - Alex Thépot, Jean Gauteroux et Georges Verriest - déplorent toujours trois blessés d’importance : Roger Piantoni, Raymond Kopa et Just Fontaine, soit l’essentiel de la force de frappe tricolore qui a tant manqué en juin.
Où sont les héros de Suède ?
Un peu à cours de solutions, et peut-être aussi d’inspiration, les sélectionneurs ont rappelé le Racingman Joseph Ujlaki, qui n’avait plus enfilé le maillot bleu depuis presque trois ans et une défaite (4-0) à Wembley. Ils font également appel au Monégasque Henri Biancheri, dont c’est la première sélection. Trois autres titulaires d’Helsinki n’étaient pas présents à la CEN : le gardien rémois Dominique Colonna, le défenseur monégasque Raymond Kaelbel et l’attaquant stéphanois Roland Guillas.
Les sélectionneurs misent donc plutôt sur la continuité. Ils n’ont pas perdu espoir de retrouver les trois grands absents (ils reviendront, mais très brièvement). Ils ont conservé Jean Wendling, Bruno Rodzik, René Ferrier et François Heutte, mais aussi Jean Vincent (qui porte le brassard), Maryan Wisniewski et Raymond Kaelbel, les derniers héros de Suède.
Le match se déroule en début d’après-midi devant un peu plus de quinze mille spectateurs. Comme on pouvait s’y attendre, les joueurs français dominent la rencontre mais se heurtent à de solides gaillards prudents et bien organisés. Et sur l’une de leurs rares contre-attaques, les Finlandais obtiennent un pénalty suite à un ballon qui rebondit sur le bras de Jean Wendling. L’attaquant Kai Pahlman bat Dominique Colonna et ouvre le score. A la pause, la Finlande mène 1-0.
Une « pénible victoire »
Il faudra attendre l’heure de jeu pour voir les Français égaliser par Wisniewski sur une passe de Heutte. Et ce n’est que dans les dix dernières minutes que les Tricolores feront la différence, lorsque Ujlaki reprend victorieusement un tir de Jean Vincent repoussé par le poteau. En l’emportant (2-1), les Tricolores ont assuré l’essentiel.
A l’issue du match, une autre rencontre attend les Tricolores. Ils rejoignent directement Varsovie pour affronter quatre jours plus tard la Pologne en match amical. Raymond Kaelbel sera sur le banc de touche. Le match d’Helsinki aura été sa dernière sélection. Henri Biancheri connaitra quant à lui sa deuxième et dernière sélection à Varsovie.
Alex Thépot démissionnera du comité de sélection après une lourde défaite en Suisse en octobre 1960, puis Jean Gauteroux l’imitera en fin d’année, laissant Georges Verriest le soin de diriger seul la sélection à partir de 1961. La suite des éliminatoires sera malgré tout encourageante : les Français s’imposeront 3-0 contre la Bulgarie à Colombes puis 5-1 contre les Finlandais au Parc. Il ne restera plus, en novembre 1961 qu’à arracher un point aux Bulgares à Sofia pour s’envoler vers Santiago.
Mais les Français s’inclineront au stade Vasil-Levski, pas aidés il est vrai par un arbitre tchécoslovaque qui perdra un peu pied. Puis s’inclineront de nouveau en barrage à Milan contre ces mêmes Bulgares qui s’envoleront au Chili pour disputer la première Coupe du monde de leur histoire. Une chape de plomb s’abattra alors sur le football français.
France bat Finlande 2-1
Buts de Pahlman (30’pen) pour la Finlande, Wisniewski (63’) et Ujlaki (83’) pour la France.
FINLANDE : Nabb - Jalava, Heinonen, Valtonen - Nieminen, Pahlman, Nevalainen, Holmqvist, Rytkonen, Rykberg, Peltonen.
FRANCE : Colonna - Wendling, Rodzik, Biancheri - Kaelbel, Ferrier - Wisniewski, Ujlaki, Heutte, Guillas, Vincent (cap).
Arbitre : Johannes Malka (RFA)
15.572 spectateurs
Joueur | Âge | Poste | Sél. | Club |
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Dominique Colonna | 32 ans | Gardien | 11/13 | Stade de Reims |
Jean Wendling | 26 ans | Défenseur | 8/26 | Stade de Reims |
Bronislaw Rodzik | 25 ans | Défenseur | 4/21 | Stade de Reims |
Henri Biancheri | 28 ans | Défenseur | 1/2 | AS Monaco |
Raymond Kaelbel | 28 ans | Milieu | 35/35 | AS Monaco |
René Ferrier | 23 ans | Milieu | 9/24 | AS Saint-Etienne |
Marian Wisniewski | 23 ans | Attaquant | 21/33 | RC Lens |
Joseph Ujlaki | 31 ans | Attaquant | 18/21 | RC Paris |
François Heutte | 22 ans | Attaquant | 7/9 | RC Paris |
Roland Guillas | 24 ans | Attaquant | 5/9 | AS Saint-Etienne |
Jean Vincent (c) | 29 ans | Attaquant | 42/46 | Stade de Reims |