L’équipe de France disputera quatre matchs amicaux avant l’Euro, deux lors de la dernière semaine de mars (les 23 et 26) et deux dans la première quinzaine de juin (les 5 et 9). On l’a déjà dit, ce type de rencontres internationales est en voie de raréfaction, pris en étau entre la création d’une nouvelle compétition européenne (la Ligue des Nations, depuis 2018) et la forte expansion du nombre de sélections affiliées à l’UEFA, passées de 32 à 55 depuis 1990. Ce qui a entraîné des groupes qualificatifs à cinq, voire six équipes, et donc entre huit et dix matchs à disputer dans un temps restreint, puisque désormais les phases qualificatives se jouent sur une année civile, entre mars et novembre. Notons au passage que l’UEFA semble faire un peu marche arrière, avec des groupes de quatre ou cinq, mais c’est pour faire plus de place à la Ligue des Nations qui comptera en 2025 des quarts de finale en mars.
Or, les matchs amicaux sont les seuls moments où une sélection peut choisir ses adversaires, dans la mesure où ces derniers sont disponibles et où un accord est trouvé, avec ou sans réciprocité. Ainsi, les fédérations françaises et allemandes ont conclu l’an dernier le principe de deux amicaux pour la saison 2023-2024, le premier à Dortmund en septembre dernier, le deuxième à Lyon le 23 mars prochain. Trois jours plus tard, l’équipe de France croisera le Chili à Marseille.
Puisque l’identité de deux des quatre prochains adversaires des Bleus, ceux des amicaux de juin, n’est pas connue, il est possible de formuler des voeux. Sur quels critères ? On pourrait en avancer au moins trois : l’intérêt sportif, la non-concurrence avec l’Euro et la fréquence des confrontations. Dans ces conditions, le Brésil, l’Argentine et la République tchèque pourraient être des adversaires intéressants.
Toujours serré contre les Tchèques
Commençons par le dernier. La République tchèque n’a plus croisé la route des Bleus depuis plus de 21 ans, puisque la dernière fois, c’était le 12 février 2003, pour la première et avant-dernière défaite de l’ère Santini (0-2 au Stade de France). Une déception, évidemment, mais sans lendemain puisque l’équipe de France allait enchaîner 14 victoires de rang et remporter la Coupe des Confédérations à domicile en juin. A noter que les trois précédentes oppositions avaient été très serrées, avec deux nuls en 1994 (pour les débuts de Zinédine Zidane, 2-2) et à l’Euro 1996 (0-0, qualification tchèque aux tirs au but) et une victoire française quatre ans plus tard à Bruges (2-1).
Les Tchèques joueront un amical contre la Macédoine le 10 juin. Mais le seul défaut de cet adversaire est sa présence à l’Euro, dans le groupe F de la Turquie et du Portugal, ce qui pourrait en faire un adversaire des Bleus dès les huitièmes de finale et rend très improbable une telle affiche. Même si l’Allemagne, qui sera rencontrée le 23 mars, est aussi un adversaire potentiel des Bleus à l’Euro, possiblement en finale si les deux protagonistes finissent en tête de leur groupe au premier tour.
Haaland/Mbappé, ça vous aurait tenté ?
Un autre protagoniste pertinent, et qui ne sera pas à l’Euro, aurait été la Norvège. C’est un adversaire assez peu fréquent pour l’équipe de France au 21e siècle (deux oppositions seulement) : une en août 2010 avec une sélection française expérimentale composée de cinq débutants au coup d’envoi (et deux autres en cours de match) et une plus récente en mai 2014, il y a bientôt dix ans donc, avec la deuxième sélection d’Antoine Griezmann et le deuxième doublé en Bleu d’Olivier Giroud (4-0).En 2024, un tel match aurait été l’occasion de voir s’affronter Erling Haaland et Kylian Mbappé, mais aussi Martin Odegaard et Antoine Griezmann.
Mais ce ne sera pas possible : la Norvège a déjà calé ses deux amicaux de juin, le 5 contre le Kosovo et le 8 au Danemark. Il faudra donc attendre au moins 2025 pour voir se croiser en sélection les deux Ballons d’or potentiels de ces prochaines années.
Le Brésil neuf ans après ?
Le troisième pourrait être le Brésil. Pas en mars, puisque les Auriverde ont déjà calé leurs deux confrontations avec l’Angleterre le 23 et l’Espagne le 26. Mais pourquoi pas en juin ? La Copa América ne commencera qu’à la fin du mois (le 25 pour le Brésil), et un seul match amical est calé pour l’instant, face au Mexique le 8 juin aux Etats-Unis. Difficile d’imaginer un autre match trois jours avant en Europe, mais pourquoi pas ?
D’autant que le Brésil n’a plus rencontré les Bleus depuis mars 2015 (défaite française 1-3 à Saint-Denis), soit neuf ans. C’est long, entre deux sélections qui se sont affrontées déjà six fois au 21e siècle (sur 15). Et il faut remonter à 1977 pour voir un écart plus important avec le match précédent (1963, soit 14 ans). Ce serait aussi un choc entre le deuxième et le cinquième au classement FIFA, même si en Coupe du monde, le Brésil n’a plus atteint la finale depuis 2002, alors que les Bleus en ont disputé trois dans l’intervalle.
Ou alors, l’Argentine
Si aucun de ces trois adversaires n’est retenu, l’Argentine pourrait proposer aux Bleus la revanche de la dernière Coupe du monde, même si ce serait un match amical plutôt explosif. Si on se souvient que les deux dernières oppositions entre ces deux pays ont généré pas moins de 13 buts (dont 5 pour le seul Mbappé), ce serait certainement un spectacle intéressant. A modérer toutefois par les deux rencontres beaucoup plus fermées lors des deux derniers amicaux, en 2007 (0-1 à Saint-Denis) et 2009 (0-2 à Marseille). L’Argentine jouera un amical face au Guatemala le 14 juin aux Etats-Unis.
Le plus simple est d’attendre les derniers jours de mars, après les barrages qualificatifs pour l’Euro, puisque c’est à ce moment-là que la FFF annoncera les deux adversaires des Bleus en juin. Ce qui ouvre la possibilité que ces derniers soient choisis parmi les neuf équipes écartées du championnat d’Europe en barrage, à choisir parmi les douze suivantes : Pologne, Estonie, Galles, Finlande (le vainqueur jouera contre la France au premier tour de l’Euro), Israël, Islande, Bosnie, Ukraine (mais Israël est l’un des trois adversaires des Bleus en Ligue des Nations en octobre et novembre prochain), Géorgie, Luxembourg, Kazakhstan et Grèce (les deux derniers ont été affrontés récemment, en 2021 et 2023).
Rien de bien sexy dans cette liste, sachant que les adversaires rencontrés il y a le plus longtemps sont Israël (2005, 1-1), l’Estonie (2012, 4-0), la Géorgie (2013, 0-0) et le Luxembourg (2017, 0-0). Beaucoup moins vendeur qu’un France-Argentine, évidemment, mais début juin il s’agira de se mettre en jambes avant l’Euro et de tester une équipe-type, pas de jouer la revanche de la Coupe du monde.