En 1986, l’équipe de France, championne d’Europe en titre et demi-finaliste du précédent mundial, débarque au Mexique avec un palmarès qui en impose. Celui-ci lui permet notamment de bénéficier d’un statut de tête de série avec le privilège de disputer ses trois rencontres du premier tour dans le même stade.
Un stade sans nom inauguré par Pelé
Du 1er au 9 juin 1986, c’est donc à l’Estadio León que l’équipe de France reçoit tour à tour le Canada, l’Union Soviétique et la Hongrie, trois rencontres dont le déroulement et les péripéties vous sont contées sur ces pages :
La ville de León se situe au cœur du Mexique, dans l’État du Guanajuato à 1800 mètres d’altitude. Fondée en 1576 par les conquérants espagnols, elle a hérité du nom de leur province d’origine. La ville de León, ou plus précisément León de los Aldama, est mondialement connue pour ses fabriques de chaussures. Beaucoup plus en tout cas que pour son équipe de football, le Club León, pourtant huit fois champion du Mexique, cinq fois vainqueur de la Copa México, et dont la cage fut longtemps gardée par Antonio Carbajal, le gardien qui disputé cinq Coupes du monde entre 1950 et 1966.
Le stade où joue l’équipe de France est doté à l’époque de 31 000 places (il n’en a guère plus aujourd’hui). On lui donne le nom de Estadio León ou parfois de Nou Camp comme à Barcelone. En fait, c’est un stade qui n’a pas vraiment de nom. Il a été construit à partir de 1965 et inauguré deux ans plus tard avec une rencontre de gala opposant le Santos de Pelé au River Plate d’Amadeo Carrizo (2-1 pour les Brésiliens). La rencontre est disponible en intégralité sur Youtube :
Deux matchs de légende (sans les Bleus)
En 1968, l’enceinte de León accueille sept rencontres du tournoi olympique des Jeux de Mexico. Un tournoi que dispute l’équipe de France amateurs, avec Daniel Horlaville et Charles Tamboueon, laquelle jouera à Puebla et à l’Azteca de Mexico, mais pas à León.
Deux ans plus tard, le stade de León abrite la Coupe du monde 1970 et notamment toutes les rencontres du groupe 4, celui de la RFA, du Pérou, de la Bulgarie et du Maroc. Il sera aussi le théâtre d’un fameux quart de finale entre RFA et Angleterre, la revanche de la finale de 1966 qui tourne à l’avantage des Allemands au terme d’un scénario invraisemblable. Les Anglais mènent en effet 2-0 à l’heure de jeu et sont tellement sûrs d’eux qu’ils font sortir leur maître à jouer Bobby Charlton. La RFA reprend alors le dessus, inscrit deux buts et s’impose 3-2 en prolongations.
En 1986, c’est donc l’équipe de France qui occupe le stade de León et y dispute ses trois premières rencontres. Elle en remporte deux mais est accrochée (1-1) par l’URSS qui lui chipe la première place du groupe au bénéfice d’un 6-0 qu’elle a infligé à la Hongrie le 2 juin à Irapuato. La France doit donc aller jouer son huitième de finale au stade olympique de Mexico.
Ce sont donc les Soviétiques qui disputent leur huitième de finale à l’Estadio León où ils accueillent la Belgique, dont ils sont censés ne faire qu’une bouchée. Or la rencontre sera aussi renversante que le RFA-Angleterre de 1970. Les Soviétiques, ultra-favoris, mènent deux fois au score, mais se font piéger par les Diables Rouges qui, contre toute attente, l’emportent 4-3 après prolongations.
Depuis le Mondial 1986, la stade de León n’a plus été utilisé pour de grandes manifestations. La sélection mexicaine elle-même n’y revient plus depuis 1991. Il reste l’enceinte du Club León qui a tout récemment remporté son huitième titre de champion du Mexique.
Les Français de León
Seize joueurs français ont joué sur la pelouse du Estadio León. Sept ont disputé les trois rencontres en intégralité : Joël Bats, Manuel Amoros, Patrick Battiston, Maxime Bossis, Jean Tigana, Michel Platini et Luis Fernandez. Trois autres ont joué les trois rencontres avec un temps de jeu plus limité : Alain Giresse (263 minutes), Jean-Pierre Papin (227 minutes) et Yannick Stopyra (181 minutes).
Deux joueurs ont disputé deux rencontres : William Ayache (180 minutes) et Dominique Rocheteau (99 minutes). Quatre autres ne sont apparus qu’une fois : Thierry Tusseau (90 minutes), Jean-Marc Ferreri (19 minutes), Bruno Bellone (14 minutes) et Philippe Vercruysse (7 minutes).
La France a inscrit cinq buts, par cinq buteurs différents : Jean-Pierre Papin (Canada), Luis Fernandez (URSS), Yannick Stopyra, Jean Tigana et Dominique Rocheteau (Hongrie).