Pour avoir accueilli la finale de la Coupe du monde le 9 juillet 2006, l’Olympiastadion de Berlin est devenu un stade important de l’histoire de l’équipe de France. Pas forcément un très bon souvenir, certes, mais un lieu marquant pour les supporters.
C’est donc là que la France a découvert le goût amer de la défaite en finale. Six ans après la finale de l’Euro, l’Italie prenait sa revanche contre la France, d’autant plus savoureuse que l’homme qui les avait abattu d’un but en or à Rotterdam, David Trezeguet, sera le héros malheureux de Berlin, en voyant son tir au but repoussé par la barre transversale.
Cette finale, bien entendu, a surtout été marquée par l’invraisemblable geste de Zinédine Zidane, coupable d’un coup de tête sur Marco Materazzi à dix minutes de la fin des prolongations. Le capitaine français dont c’était le dernier match termine donc sa carrière sur une expulsion. Il avait ouvert le score sur penalty en début de rencontre (pour une faute de... Materazzi) mais l’Italie avait rapidement égalisé grâce à un coup de tête de… Materazzi. Il était dit que les deux hommes écriraient ensemble une partie de l’histoire de l’Olympiastadion.
De Jesse Owens à Usain Bolt
L’Olympiastadion de Berlin, c’est évidemment les Jeux olympiques de 1936, un événement fastueux et grandiloquent au service de l’idéologie nazie. Le stade de 100 000 places s’est élevé à partir de 1934 comme pièce maitresse d’un immense complexe sportif, le Reichssportfeld. Celui-ci comprenait également un vaste gazon, le Maifeld, dédié aux célébrations du 1er mai, de gigantesques représentations de gymnastique auxquelles pouvaient assister plus de 50 000 spectateurs. Un amphithéâtre, le Waldbühne, est également construit pour accueillir 25 000 personnes. Le Reichssportfeld compte par ailleurs de nombreuses salles, piscines, et autres aires de sport.
Rien n’est donc trop beau pour la célébration de ces dixièmes Jeux olympiques. L’architecte Werner March a conçu un grand stade ovale sur le modèle des arènes romaines. Il l’a érigé sur les ruines du Deutsches Stadion, conçu par son père, Otto March et construit pour les Jeux olympiques... de 1916, qui n’eurent évidemment jamais lieu.
Au grand dam du Führer, le premier héros de l’Olympiastadion sera un athlète noir, l’Américain Jesse Owens, premier sportif à décrocher quatre médailles d’or aux cours des mêmes Jeux (100m, 200m, 4x100m et saut en longueur). Cela n’empêchera pas la propagande nazie d’être diffusée au cours de ces Jeux particulièrement bien organisés et bénéficiant d’une couverture médiatique jusqu’alors inédite.
Elizabeth II y fête son anniversaire
La guerre, inévitable, ravage l’Europe pendant près de six longues années. En 1945, l’armée soviétique s’empare du stade olympique lors de la bataille de Berlin, celle de la chute d’Hitler. Lorsque la guerre est terminée, la ville de Berlin, tout comme le reste de l’Allemagne, est divisée en quatre parties par les pays proclamés vainqueurs.
Le Reichssportfeld est contrôlé par l’armée britannique. L’immense pelouse du Maifeld est notamment utilisé pour les festivités de l’anniversaire de la Reine d’Angleterre. Lorsque la ville est coupée en deux par la construction du Mur en 1961, l’Olympiastadion devient l’enceinte du Hertha Berlin, le club de Berlin-Ouest qui s’engage dans le premier championnat allemand, en 1963.
Caszely, trente-deux ans avant Zidane
Le stade olympique subit sa première rénovation d’envergure en vue de la Coupe du monde 1974. Un toit est notamment monté sur une partie des tribunes latérales. Trois rencontres du premier tour de la Weltmeisterschaft 1974 s’y déroulent, curieusement les trois de l’équipe du Chili. Trente-deux ans avant Zinédine Zidane, on ne manquera pas de relever que c’est dans ce même stade de Berlin que fut brandi le premier carton rouge de l’histoire de la Coupe du monde, adressé en l’occurrence à Carlos Caszely.
En 1986, le FC Cologne dispute à l’Olympiastadion le match retour de la finale de la Coupe UEFA contre le Real Madrid. Sa victoire 2-0 est insuffisante pour remporter le trophée, le club espagnol s’étant imposé 5-1 au match aller. Deux ans plus tard, la RFA organise l’Euro 1988, mais aucune rencontre n’est disputée à Berlin.
En 1998, alors que l’Allemagne réunifiée prépare son dossier de candidature à la Coupe du monde 2006, l’avenir de l’Olympiastadion est discuté en haut lieu. Sa destruction est évoquée, mais le sénat allemand vote plutôt pour une rénovation et un coût total de 242 millions d’euros. Les travaux sont entrepris le 3 juillet 2000 qui seront terminés quatre ans plus tard. Le stade propose alors une capacité de 72 000 places.
Usain Bolt comme un éclair, en 2009
Il accueille six rencontres de la Weltmeisterschaft 2006, dont la finale. Trois ans plus tard s’y déroulent les championnats du monde d’athlétisme. Sur la piste bleue, le sprinter jamaïcain Usain Bolt bat les records mondiaux du 100 m et du 200 m. Le stade du Hertha Berlin peut désormais accueillir 74 475 spectateurs assis et couverts. On y dispute chaque année la finale de la Coupe d’Allemagne de football ainsi qu’en juillet le grand meeting ISTAF d’athlétisme.
L’Olympiastadion accueille en 2011 la rencontre d’ouverture de la Coupe du monde de football féminin, mais aucun autre match du tournoi ne s’y déroule. En 2015, Barcelone et la Juventus y disputent la soixantième finale de la Ligue des Champions. Les Italiens Buffon et Pirlo retrouvent le stade où ils furent sacrés champions du monde mais ne parviennent pas à décrocher le trophée européen. En 2018, ce sont les championnats d’Europe d’athlétisme qui sont organisés dans l’enceinte berlinoise.
Aujourd’hui, l’Olympiastadion est un stade surdimensionné par rapport aux performances du Hertha Berlin. Le club résidant songe à ne pas renouveler son bail après 2025 et envisage de construire un stade plus petit, plus chaleureux et sans piste d’athlétisme. L’avenir de l’Olympiastadion pose question. C’est ainsi depuis toujours.
Trois rencontres, deux expulsions, zéro victoire
L’équipe de France a disputé, au cours de son histoire, trois rencontres au stade olympique de Berlin. Elle n’en a remporté aucune, quel que soit l’adversaire. Elle a toutefois marqué, à chaque fois, un but, par Bosquier, Cantona et Zidane. Plus fâcheux, en deux occasions, elle a perdu un joueur sur expulsion. Lourd bilan.
Avant que l’Olympiastadion se sorte de terre, l’équipe de France avait disputé un premier match à Berlin, en 1933, au Deutsches Stadion, qui sera démoli un an plus tard. Menée 3-1 après un peu plus d’une heure de jeu, l’équipe de France allait revenir au score dans les dix dernières minutes grâce à deux buts de René Gérard. On ne doute pas que les Allemands, accrochés 3-3 alors qu’ils menaient 3-1 à vingt minutes de la fin, ont retenu la leçon.
L’équipe de France découvre le stade olympique de Berlin le 27 septembre 1967 à l’occasion d’une visite amicale contre la RFA. Un beau souvenir pour Gilbert Gress et Claude Quittet, qui connaissent leur première sélection, mais un peu moins bon pour Robert Péri exclu par l’arbitre peu avant la mi-temps. Réduite à dix, l’équipe de France concède une large défaite (5-1).
Vingt ans plus tard, le stade de Berlin voit les grands débuts de Eric Cantona, associé à Jean-Pierre Papin à la pointe de l’attaque des Bleus pour un match de début de saison face à la RFA. Le bouillant attaquant auxerrois marque son premier but mais ne peut empêcher la France de s’incliner (2-1) après un départ catastrophique (deux buts de Rudi Völler dans les dix premières minutes).
date | stade | genre | adversaire | score | affluence |
19/03/1933 | Deutsches Stadion | Amical | Allemagne | 3-3 | 55 000 |
27/09/1967 | Olympiastadion | Amical | RFA | 1-5 | 80 000 |
12/08/1987 | Olympiastadion | Amical | RFA | 1-2 | 31 000 |
09/07/2006 | Olympiastadion | Finale de la Coupe du Monde | Italie | 1-1 (tab:3-4) | 69 000 |