Mise à jour d’un article initialement paru en octobre 2020.
Jusqu’alors, San Siro était un stade maudit. L’équipe de France y avait joué à deux reprises et n’y avait pas inscrit le moindre but. La ville de Milan toute entière, d’ailleurs, n’avait jamais réussi aux Tricolores. Avant l’émergence de San Siro, l’équipe de France avait affronté l’Italie en 1910 à l’Arena Civica puis dix ans plus tard au Velodromo Sempione. Avec deux lourdes défaites à la clé : 6-2 puis 9-4.
Un vrai stade de calcio
C’est en 1926 que le stade milanais voit le jour dans le quartier de San Siro. Piero Pirelli, le président de l’AC Milan, met tout en œuvre pour obtenir un stade de 35.000 places qu’il veut spécifiquement dédié au football, c’est-à-dire dénué de piste d’athlétisme. La construction dure treize mois et le stade ouvre ses portes le 26 septembre 1926. Pour le match inaugural, l’AC Milan invite l’Inter, son rival local, lequel ne peut s’empêcher de lui infliger une petite correction : 6-3.
L’AC Milan occupe seul San Siro durant de longues années avant de le partager avec son rival à partir de 1947. Entre-temps, le stade a accueilli trois rencontres de la Coupe du monde 1934, puis est devenu, en 1935, la propriété de la ville. Celle-ci finance les premiers travaux de rénovation. La capacité du stade est portée à 55.000 places en 1939. En 1956, deux tribunes supplémentaires permettent d’accueillir plus de 125.000 spectateurs.
San Siro, la France tousse
Avant l’émergence de San Siro, l’équipe de France s’était rendu en deux occasions à Milan. La première fois en 1910 à l’Arena Civica pour sa toute première rencontre face à l’Italie, qu’elle perd 6-2. La deuxième fois dix ans plus tard au Velodromo Sempione pour une nouvelle défaite, toute aussi lourde : 9-4.
L’équipe de France découvre San Siro le 16 décembre 1961 pour un match qui l’oppose… à la Bulgarie. Comme en 1949 et une rencontre qu’elle avait disputé à Florence contre la Yougoslavie, l’équipe de France est contrainte à un match d’appui pour espérer se qualifier pour la Coupe du monde. La Bulgarie est loin de lui être supérieure mais l’équipe de France est déjà dans une spirale négative. Elle perdra à San Siro (1-0) comme elle avait perdu un mois plus tôt à Sofia, incapable d’imposer un jeu cohérent, trop vite privée des principaux joueurs de son épopée suédoise. Pour le foot français, San Siro restera longtemps synonyme de défaite. Sans gloire qui plus est.
Et San Siro devint Giuseppe-Meazza
C’est en 1979 que le stade, qui a toujours porté le nom de son quartier, se voit décerner le nom de l’ancien grand joueur Giuseppe Meazza (1910-1979), un pur Milanais. Le capitaine de l’équipe d’Italie double championne du monde en 1934 et 1938 avait fait la majeure partie de sa carrière à l’Inter mais avait également joué deux saisons pour l’AC Milan.
A la fin des années 1980, la capacité du stade est réduite à 85 000 spectateurs. Giuseppe-Meazza subit d’importants travaux de rénovation dans la perspective de la Coupe du monde 1990, dont il accueille six rencontres, notamment le match d’ouverture. Onze tours de béton sont édifiées à l’extérieur de l’enceinte lesquelles soutiennent quatre massives poutres rouges qui permettent d’installer un toit.
Du zéro à l’infini
Le 8 septembre 2007, l’équipe de France dispute la deuxième rencontre de son histoire à Giuseppe-Meazza, que l’on appelle toujours San Siro. La stade a subi plusieurs rénovations qui ont baissé sa capacité à 80.000 sièges. Tous sont occupés ce soir-là pour la rencontre éliminatoire de l’Euro 2008 opposant l’Italie à la France.
On se souvient du contexte particulièrement houleux de cette rencontre, disputée quatorze mois après la finale de la Coupe du monde 2006 et douze mois après la revanche au Stade de France, remportée 3-1 par les hommes de Raymond Domenech. A San Siro, les deux équipes se séparent sur un score nul et vierge, qui permettra finalement de qualifier toutes deux pour le championnat d’Europe helvético-autrichien… où elles seront de nouveau opposées au premier tour.
Alors que les annonces de sa destruction se multiplient, le stade San Siro accueille de nouveau (une dernière fois ?) l’équipe de France le 10 novembre 2021. La finale de la deuxième Ligue des Nations oppose les Bleus à l’équipe d’Espagne. Quand celle-ci ouvre le score après l’heure de jeu, on se dit que San Siro est décidément maudit pour les Bleus, d’autant que ce soir-là ils jouent en blanc. Alors Benzema s’empara du ballon et envoya un tir majestueux dans la lucarne. Puis Mbappé échappa à la vigilance de la défense espagnole (et de la VAR) pour aller mystifier le gardien espagnol. En remportant ainsi la finale de la Ligue des champions, les hommes de Didier Deschamps transforment un stade maudit en une arène historique.
Date | Compétition | Stade | Adversaire | Score | Affluence |
---|---|---|---|---|---|
15/05/1910 | Amical | Arena Civica | Italie | 2-6 | 4.000 |
18/01/1920 | Amical | Velodromo Sempione | Italie | 4-9 | 14.000 |
16/12/1961 | Eliminatoires CM 1962 | San Siro | Bulgarie | 0-1 | 34.740 |
08/09/2007 | Eliminatoires Euro 2008 | San Siro | Italie | 0-0 | 80.000 |
10/10/2021 | Finale Ligue des nations | San Siro | Espagne | 2-1 | 31.511 |
17/11/2024 | Ligue des nations | San Siro | Italie | 3-1 | 68.158 |
Quel avenir pour San Siro ?
San Siro est l’un des stades les plus fameux d’Europe. Il a accueilli neuf matchs de Coupe du monde (1934, 1990) et quatre finales de la Coupe des Clubs Champions (1965, 1970, 2001, 2016). Il est en outre deux fois par saison le théâtre du derby entre les deux clubs résidents, tout en accueillant également leurs multiples épopées européennes. Le stade fut également choisi par le roi Pelé pour fêter ses cinquante ans en 1990. Et il a aussi vu jouer… les All Blacks pour la seule rencontre de rugby (Italie - Nouvelle Zélande) qu’il a abrité en 2009.
Souvent, l’Inter Milan annonce qu’il projette de construire son propre stade. L’AC Milan, bien que très attaché à San Siro, ne cache plus non plus son projet de nouveau stade. Entre-temps, Milan et la station voisine de Cortina d’Ampezzo ont été désignées pour l’organisation des Jeux Olympiques d’Hiver de 2026. La cérémonie d’ouverture est prévue à Milan. Sera-ce à San Siro, l’année de son centenaire, ou bien dans un tout nouveau stade ? Nul ne peut répondre encore avec certitude à la question.