Le premier Tricolore du Milan est le franco-argentin Nestor Combin qui porte le maillot rouge et noir entre 1969 et 1971 alors que sa carrière en équipe de France est terminée. Un peu plus de vingt ans plus tard, Jean-Pierre Papin, tout juste élu Ballon d’or, débarque dans un club réputé pour être alors le meilleur du monde. Mais l’ancienne idole du Vélodrome ne réussit pas à se faire une place dans l’effectif milanais qu’il quitte au bout de deux ans. Ce n’est pas le cas de Marcel Desailly, arrivé à l’hiver 1994, qui va devenir pendant quatre saisons un des cadres de l’équipe. Le milieu défensif, buteur en finale de la Coupe des clubs champions en 1994, reste à ce jour le Français qui a le plus brillé à Milan.
Aucun des dix internationaux suivants (Christophe Dugarry, Ibrahim Ba, Bruno Ngotty, Vikash Dhorasoo, Yohann Gourcuff, Mathieu Flamini, Philippe Mexes, Adil Rami, Jérémy Menez et Tiémoué Bakayoko) qui passeront chez les Rossoneri ne laissera un souvenir impérissable, si ce n’est peut-être Mexès, auteur d’un but mémorable sur ciseau en novembre 2012 face à Anderlecht. Olivier Giroud, Mike Maignan et Théo Hernandez font partie pour leur part de l’équipe sacrée championne en 2022, après 11 ans de disette. Le premier a quitté le club, mais les deux autres, rejoint à l’été 2024 par Youssouf Fofana, défendant toujours les couleurs du club.
Titrés avec les Bleus
Seuls trois joueurs ont été titrés avec l’équipe France alors qu’ils évoluaient à Milan. Marcel Desailly est devenu champion du monde en 1998 juste avant de quitter la Lombardie pour Londres. Mike Maignan et Théo Hernandez ont remporté la Ligue des Nations en 2021, en gagnant la finale à San Siro. Deux autres Milanais sont champions du monde (Dugarry, 1998 et Giroud, 2018) mais à une période où ils n’évoluaient pas dans le club. Aucun français n’a gagné l’Euro alors qu’il était milanais, même si deux anciens du club ont remporté la compétition continentale (Dugarry et Desailly en 2000).
Neuf Bleus ont été champion d’Italie avec le Milan (Papin en 1993 et 1994, Desailly en 1994, Ba et Ngotty en 1999, Flamini en 2011 et enfin Bakayoko, Giroud, Maignan et Hernandez en 2022). Combin a gagné la Coupe intercontinentale en 1969 et Desailly a remporté la Coupe des champions et la Supercoupe d’Europe en 1994. Papin (1994), Gourcuff (2005) et Ba (2003) sont également champions d’Europe, mais sans avoir joué le dernier acte.
joueur | Milan | France | sélections (*) |
---|---|---|---|
Nestor Combin | 1969-1971 | 1964-1968 | 0/8 |
Jean-Pierre Papin | 1992-1994 | 1986-1995 | 14/54 |
Marcel Desailly | 1993-1998 | 1993-2004 | 46/116 |
Christophe Dugarry | 1996-1997 | 1994-2002 | 5/55 |
Ibrahim Ba | 1997-1999, 2007-2008 | 1997-1998 | 3/8 |
Bruno Ngotty | 1998-2000 | 1994-1997 | 0/6 |
Vikash Dhorasoo | 2004-2005 | 1999-2006 | 5/18 |
Yoann Gourcuff | 2006-2008 | 2008-2013 | 0/31 |
Mathieu Flamini | 2008-2013 | 2007-2008 | 1/3 |
Philippe Mexès | 2011-2016 | 2002-2012 | 7/29 |
Adil Rami | 2014-2015 | 2010-2018 | 0/36 |
Jérémy Ménez | 2014-2016 | 2010-2013 | 0/24 |
Ibrahima Bakayoko | 2018-2019, 2021-2023 | 2017 | 0/1 |
Théo Hernandez | 2019- | 2021- | 36/36 |
Mike Maignan | 2021- | 2020- | 27/28 |
Olivier Giroud | 2021-2024 | 2011-2024 | 27/137 |
Youssouf Fofana | 2024- | 2022- | 4/25 |
Trois autres Français ont joué au Milan mais ne sont pas internationaux. Il s’agit de Pierre Kalulu (2020-2024), Soualiho Meité (2021) et Yacine Adli (2022-2024).
Matchs avec le plus de Milanais
Papin est le premier Français à jouer en équipe de France alors qu’il défend les couleurs du Milan AC (26 août 1992, défaite contre le Brésil 0-2). Pour trouver simultanément deux Milanais sous le maillot bleu, il faut attendre le 13 décembre 1994 où Papin (buteur) et Desailly sont partenaires pour une victoire contre l’Azerbaïdjan. Ce n’est que ces dernières années que les Bleus se sont présentés avec trois Rossoneri sur le terrain (Maignan, Théo Hernandez et Giroud), la première ayant lieu contre les Pays-Bas, le 24 mars 2023. Le trio joue à nouveau six fois ensemble en 2023, puis sept en 2024 jusqu’à la rentrée internationale de Giroud. Depuis, Youssouf Fofana a rejoint les Rossoneri et il a participé à un match avec Maignan et Hernandez (Israël, 10 octobre 2024).
Equipe type
Il est possible de constituer un onze des Bleus du Milan en se limitant aux joueurs ayant évolué en équipe de France durant leur période milanaise. Cette équipe verrait Maignan garder les buts derrière une défense composée de l’offensif Ba à droite, de Mexes et Desailly en défense centrale et d’Hernandez à gauche. Le milieu de terrain serait composé de Fofana, Dhorasoo et Flamini auxquels viendrait s’adjoindre Dugarry dans un rôle de meneur de jeu juste derrière le duo d’attaquants Papin-Giroud.
Cinq joueurs emblématiques
Nestor Combin
C’est le premier Français du Milan. Né en Argentine, il débute sa carrière à Lyon (1959-1964), avant de commencer à voyager en Italie (Juventus, Varèse, Torino) et arrive à Milan en 1969. Il y reste deux ans, remportant la coupe intercontinentale en 1969 face au club argentin d’Estudiantes, marquant même le troisième but de la première manche (3-0 à l’aller pour les Italiens, défaite 1-2 au retour en Argentine). C’est le premier Français à être champion du monde des clubs. Il retourne en France en 1971 (Metz, Red Star, Hyères) après 67 rencontres pour 20 buts au Milan.
Jean-Pierre Papin
Après six années couronnées de succès à l’OM (quatre championnats, une coupe de France, cinq titres de meilleur buteur mais aussi le Ballon d’or en 1991), Papin débarque à Milan en 1992 dans une équipe comptant cinq autres joueurs étrangers (Van Basten, Gullit, Rijkaard, Boban, et Savicevic, auxquels s’ajoute Raducioiu la saison suivante), à une époque où les clubs ne pouvaient en aligner que trois sur le terrain. La première saison se passe relativement bien, mêmes s’il doit partager les premiers rôles avec ses illustres partenaires. Il n’est par exemple que remplaçant lors de la finale de la Ligue des champions perdue contre son ancien club et n’entre en jeu qu’en seconde mi-temps sans pouvoir faire basculer la rencontre pour ses nouvelles couleurs.
La saison suivante est beaucoup plus compliquée et c’est des tribunes qu’il assiste au sacre européen de ses partenaires. En dépit de statistiques honorables (31 buts en 63 matchs, mais également deux titres de champion), il part pour le Bayern au bout de deux ans avant de retourner en France en 1996 (Bordeaux et Guingamp puis de prolonger le plaisir dans le monde amateur).
Marcel Desailly
Sa progression est linéaire, puisqu’il quitte Nantes pour Marseille à l’été 1992 et remporte la C1 un an plus tard. Face aux difficultés financières du club marseillais, il part pour le Milan à la fin de l’automne 1993 (une semaine après l’élimination des Bleus de la Coupe du monde 1994 face à la Bulgarie) avec qui il remporte à nouveau la Ligue des champions en 1994. En quatre saisons et demie (137 rencontres et cinq buts, deux titres de champion, une C1 et une supercoupe d’Europe), il devient une légende à Milan et en Italie. Lors de son retour à San Siro, avec son nouveau club Chelsea, le public l’ovationne et déploie une banderole déclarant « Pour toujours tu resteras dans notre cœur. »
Ibrahim Ba
Ce n’est pas forcément le Français auquel on pense en premier, mais le parcours d’Ibrahim Ba à Milan mérite qu’on s’y intéresse. Après une excellente saison à Bordeaux qui le voit devenir international, le latéral est recruté à l’été 1997 par les Rossoneri. Sa première saison est de bonne facture (31 matchs en Série A) et il fait partie des 28 présélectionnés pour la Coupe du monde 1998. Il a le malheur d’être parmi les six exclus et ne s’en remettra jamais.
Ce n’est plus le même joueur qui reprend la route de Milan à l’été 1998. Son nouvel entraîneur ne lui fait pas confiance et il perd sa place, cumule les prêts sans succès (Pérouse en 1999-2000, Marseille en 2001-2002). Ses apparitions se font rares sous les couleurs milanaises (5 matchs seulement les deux dernières saisons). Il part en 2003 (Bolton Wanderers, Çaykur Rizespor, Djurgårdens IF), mais revient en 2007 pour une saison (aucun match). Son passage en Lombardie lui a permis de remporter le scudetto en 1999 et il faisait partie de l’effectif vainqueur de la Ligue des Champions en 2003.
Théo Hernandez
Il débute comme son frère Lucas à l’Atlético de Madrid, mais ne parvient pas à s’imposer. Après un prêt à Alavès, puis au Real Madrid (avec un beau triplé Ligue des Champions/Mondial des clubs/Super coupe d’Europe) qui le prête à son tour à la Sociedad, il part pour le Milan en 2019. Il s’impose vite chez les Rossoneri et hérite même du brassard de capitaine en janvier 2022. Il s’y illustre par sa hargne mais aussi quelques exploits individuels comme en mai 2022 où il marque face à l’Atalanta après avoir parcouru près de 95 mètres balle au pied avant de conclure victorieusement son action.
C’est le Français le plus capé du Milan (241 apparitions) et le second meilleur buteur (33 buts, derrière les 49 de Giroud). Ses belles performances lui ouvrent les portes de l’équipe de France en septembre 2021 et il remporte un mois plus tard la Ligue des Nations avec les Bleus dans son stade de San Siro. Il devient un incontournable des Bleus à partir de la Coupe du monde 2022 où il pallie la blessure de son frère.