Dès que la candidature commune de la Corée du Sud et du Japon pour l’organisation de la première Coupe du monde du vingt-et-unième siècle a été plébiscitée par les membres de la FIFA en juillet 1996, chacun des deux pays s’est mis à construire des stades sur son territoire. Au total, vingt enceintes ont été mises à disposition de la World Cup 2002, dix au Japon et dix en Corée du Sud. Un chiffre record. Si les stades d’Ōsaka et de Yokohama au Japon datent respectivement de 1996 et 1997, tous les autres ont été inaugurés en 2001, l’année qui a précédé le tournoi.
Crise financière
Avant de construire son World Cup stadium, la municipalité de Séoul s’était bien entendu interrogée sur l’utilisation de son stade olympique, dont la capacité avait été réduite à 69 950 places depuis les Jeux de 1988, mais restait tout à fait fonctionnel pour 2002. Mais comme tout stade olympique, le terrain est ceinturé par une piste d’athlétisme, ce que ne goûtent guère les gens de la FIFA, ni les spectateurs, ni les joueurs.
La décision de construire un stade flambant neuf est donc rapidement adoptée. Les travaux débutent le 20 octobre 1998 dans le quartier de Sangam-dong, au nord-ouest de la capitale sud-coréenne. Mais entre-temps, la crise financière de juillet 1997 frappe les pays du Sud-Est asiatique. La Corée du Sud est durement touchée. Les banques ferment une à une et des entreprises se retrouvent en faillite par effet domino. La onzième économie mondiale est mise à plat en moins de neuf mois, ce qui remet bien entendu en cause la co-organisation de la Coupe du Monde 2002.
Le pays parvient toutefois à enrayer la spirale de la crise et à stabiliser son économie. Les dix projets de construction de stades reprennent de plus belle. Le Seoul World Cup Stadium ouvre ses portes le 10 novembre 2001, six mois avant le début de la Coupe du monde. C’est une rencontre opposant la Corée du Sud à la Croatie (0-2) qui inaugure l’enceinte.
Complexe commercial
Disposant de 66 704 places réparties sur des tribunes à deux étages, il s’agit du plus grand stade d’Asie réservé au football. La pelouse a été importée du Kentucky, un état américain réputé pour son herbe capable de résister aux plus forts changements de température.
Plus qu’un stade, le Seoul World Cup Stadium est un immense complexe commercial. Sous le terrain de football, on compte cinq étages garnis de magasins, de restaurants, de cinéma, de salles de sport, de piscines, de courts de squash et même d’un musée à la gloire de la Coupe du monde. Quasiment une ville souterraine.
Nous sommes en effet entrés dans le XXIe siècle, et les enceintes de sport ne se suffisent plus à elles-même. Pour assurer une rentabilité maximale, ces lieux doivent désormais être des espaces de consommation ininterrompue. Les stades japonais et sud-coréens font ainsi tomber ceux des Coupes du monde précédentes en désuétude. Finis les arènes qui ont fait l’histoire du sport, place aux Arena où la compétition sportive est au service du commerce.
Après France-Sénégal disputé devant 62 561 spectateurs le 31 mai 2002, le Seoul World Cup Stadium a accueilli deux autres matchs de la Coupe du monde 2002 : Turquie-Chine le 13 juin 2002 remporté 3-0 par les Turcs devant 43 605 spectateurs, et la demi-finale Allemagne-Corée du Sud remportée 1-0 par Ballack et les siens le 25 juin 2002 devant 65 256 spectateurs. Finalement, il n’y a qu’une seule sélection européenne qui s’est inclinée à Séoul durant ce Mondial 2002.
Gangnam Style
En 2004, le stade qui a gardé le nom de World Cup Stadium (même si les Coréens l’appellent plutôt le Sangam stadium, en référence au quartier) est devenu le stade du Football Club Séoul, le club du groupe GS, émanation du groupe LG qui avait fondé le club Lucky-Goldstar Hwang So en 1983, l’avait renommé LG Cheetahs en 1991 et avait déménagé à Anyang en 1996 avant de revenir à Séoul en 2004.
Le stade a accueilli plusieurs finales de la Coupe de Corée du Sud entre 2001 et 2006. Il fut aussi le théâtre de trois éditions de la Peace Cup (2003, 2005 et 2007), ce tournoi organisé par la secte Moon auxquels participaient des clubs de tout horizon, notamment l’Olympique Lyonnais, vainqueur en 2007. Il accueille aussi la finale et le match de classement de la Coupe du monde U17 en 2007. Le World Cup Stadium est devenu l’antre de grand concerts de K-Pop, parmi lesquels celui de la superstar Psy, devenu champion du monde de sa catégorie avec un fameux “Gangnam Style”.