Le résultat était-il prévisible ?
Avec la Finlande, jusqu’à l’année dernière, c’était plutôt simple : victoire systématique des Bleus, et plutôt serrée (hormis un 5-1 en 1961). Depuis le 0-2 cinglant infligé à des champions du monde un peu trop sûrs d’eux le 11 novembre 2020 dans un Stade de France vide, la prudence est de mise, même si le match aller en septembre (2-0) est plus conforme à la tradition. Après le féroce 8-0 administré au Kazakhstan samedi, et la qualification pour le Qatar en poche, on pouvait imaginer que les Bleus allaient lever le pied à Helsinki et se contenter d’une victoire minimaliste, voire d’un match nul.
Et ils ont tellement levé le pied pendant une heure qu’ils ont failli se faire marcher dessus par une équipe finlandaise pourtant pas imprenable : dès que Benzema et Coman sont entrés à la place de Diaby et Koundé, le visage des Bleus a changé et la défense adverse a volé en éclats. Un une-deux éclair de Mbappé et Benzema, et une accélération dévastatrice de Mbappé ont suffit en dix minutes chrono pour plier le match au tarif habituel (2-0), merci et au revoir. Dommage pour les locaux qui devaient faire aussi bien (ou pas plus mal) que l’Ukraine pour espérer décrocher la deuxième place et les barrages. C’est raté.
L’équipe est-elle en progrès ?
Ce qu’on a vu à Helsinki, c’est qu’il y a un gouffre entre les titulaires et les remplaçants. Sans Varane, Pogba, Kanté, Benzema, Coman et les frères Hernandez, ce n’est pas du tout la même équipe de France, surtout avec un Griezmann à côté de ses pompes. Comme souvent dans les mois qui précèdent un tournoi final, c’est plus du côté des remplaçants que des titulaires que Deschamps devra faire des choix, et le moins qu’on puisse dire, c’est que les remplaçants qui ont eu leur chance en Finlande ne l’ont pas saisie.
Ce qui est rassurant, c’est la capacité des Bleus à finir fort, comme ils l’ont fait en Ligue des Nations, et à remporter un match qui semblait enlisé ou mal embarqué. Ils ne le faisaient pas en juin, ni en septembre. Et finir fort est toujours une option très utile en compétition.
Quels sont les joueurs en vue ?
Kingsley Coman n’a pas tout réussi sur son côté, mais en une grosse demi-heure, il a montré tout ce qu’il pouvait apporter en terme d’impact, de dribbles, de capacité à déborder et à créer des déséquilibres. Karim Benzema a été clinique dès sa rentrée, inscrivant avec un peu de réussite son neuvième but en 13 matchs, son cinquième lors de ses quatre dernières sélections. Enfin, Kylian Mbappé n’a pas touché beaucoup de ballons pendant une heure, mais ensuite il a ouvert des brèches dans la défense finlandaise, offrant un relais à Benzema et s’ouvrant tout seul le chemin du but par un déboulé côté gauche terminé par un ballon poussé loin et une frappe brossée du droit côté opposé, une spéciale Thierry Henry de la belle époque.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Si la prestation de Lucas Digne à gauche est loin d’avoir fait oublier celles de Théo Hernandez, que dire de celle de Léo Dubois à droite ? Le Lyonnais est passé à côté de son match, et a terminé la première mi-temps sur la touche, victime d’une blessure musculaire. C’est à peine mieux pour Upamecano, bizarrement installé axe gauche, et où il a semblé lent et emprunté. Il tarde vraiment à s’imposer derrière alors que la concurrence arrive lancée, entre Lucas Hernandez repositionné dans l’axe et le duo Fofana-Saliba qui fera sûrement parler de lui en 2022.
Adrien Rabiot a été crispant, avec une implication minimaliste et des replis en marchant. Alors qu’il avait été très intéressant lors de ses précédentes sélections, Aurélien Tchouaméni a manqué une bonne occasion de se montrer, alors que Mattéo Guendouzi, qui a enfin fait ses débuts internationaux, a beaucoup couru.
Enfin, on a hâte de retrouver un Antoine Griezmann de haut niveau en équipe de France. Sa Ligue des Nations avait déjà été quelconque, et à Helsinki, il a été transparent alors que les Bleus perdaient le fil du match. Il peut beaucoup mieux faire.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Si les couloirs de la FFF bruissent de la rumeur d’une tournée au Qatar fin mars 2022, rien n’est officialisé pour l’instant, et à plus de quatre mois de l’échéance, il peut encore se passer pas mal de choses. Ce qui est certain, c’est que les Bleus joueront deux matchs amicaux au début du printemps, les derniers avant la Coupe du monde qui aura lieu du 21 novembre au 18 décembre. Entre les deux, il y aura six matchs de Ligue des Nations forcément relevés : le tirage au sort de la phase de poules aura lieu le 16 décembre. Les Bleus pourraient se retrouver dans le groupe de l’Allemagne (ou du Portugal, des Pays-Bas ou du Danemark), de l’Angleterre (ou de la Pologne, de la Suisse ou de la Croatie) et de la Hongrie (ou du Pays de Galles, de l’Autriche ou de la République tchèque). Plutôt du lourd donc, avec six matchs à jouer en juin (4) et en septembre (2). Entre temps, le 1er avril aura lieu le tirage au sort du premier tour de la Coupe du monde. Là, ce sera forcément plus facile.