Le contexte
Après dix ans de disette et une piteuse élimination au premier tour de la World Cup 1966, l’attente est énorme autour de l’équipe de France de Michel Hidalgo. D’autant plus que, cinq mois plus tôt, les Verts ont frôlé la victoire en finale de Coupe d’Europe des Champions (l’ancêtre de la Ligue des Champions) contre le Bayern Munich, et ils ont décroché un nul encourageant mi-septembre à Sofia contre le CSKA (0-0). On se dit alors que la combinaison entre un jeune entraîneur qui prône le beau jeu (« pour être international, il faut être intelligent », dit-il), l’ossature d’un des meilleurs clubs du continent et un meneur de jeu extrêmement prometteur (Hidalgo+Saint-Etienne+Platini) devrait faire des étincelles. L’équipe de France a évité les géants européens que sont la RFA, les Pays-Bas, la Pologne ou l’Italie, mais elle est tombée dans un groupe à trois avec deux équipes qu’elle connaît bien, la République d’Irlande de Johnny Giles et la Bulgarie de Hristo Bonev. Avec seulement quatre matches à jouer et un qualifié, tout faux-pas risque d’être éliminatoire.
Michel Hidalgo aligne une équipe avec seulement quatre Stéphanois : les défenseurs Janvion et Lopez et les milieux Bathenay et Synaeghel. Dominique Baratelli est dans les cages, Trésor et Bossis complètent la défense, Platini animera le jeu et Gallice (qui remplace Rocheteau, forfait), Lacombe et Six forment la ligne d’attaque.
Le match
Le samedi 9 octobre, c’est sous le soleil d’automne et une chaleur encore estivale que les deux équipes entrent sur la pelouse du stade Vasil-Levski à 16h. Les Bleus gagnent le toss et jouent avec le soleil dans le dos. Dans les premières minutes, le pressing bulgare est intense et les Français se contentent de faire tourner dans leur moitié de terrain. Première alerte des la 2e avec un centre de Grancharov que Baratelli relâche sous la pression de Voinov, Janvion dégage en catastrophe. Les tacles sont pour le moins appuyés des deux côtés.
Côté Bleus, on voit de plus en plus aux avant-postes Trésor, Bossis ou Janvion qui montent à tour de rôle pour porter le surnombre. Côté droit, Jean Gallice semble perdu. A la 13e, Panov lâche Synaeghel, perce plein axe et frappe sur Baratelli qui se couche. Denev et Janvion règlent un contentieux qui date de CSKA-ASSE. Trésor sauve une balle brûlante devant Baratelli et Panov à la 19e, et Baratelli sort au pied sur une passe en retrait mal assurée de Bathenay (21e). Côté gauche de la défense, Max Bossis est omniprésent pour boucher les espaces laissés par la charnière Trésor-Lopez qui ne brille pas par sa complémentarité. Les corners bulgares se multiplient, même si on se demande combien de temps les locaux pourront tenir le rythme.