[900] France-Irlande (2-0) : la force de l’habitude

Publié le 8 septembre 2023 - Bruno Colombari - 4

Pour la troisième fois de leur histoire, les Bleus ont battu la République d’Irlande 2-0 au Parc en match de qualification. Comme en 1976 et en 1980, cette victoire devrait leur ouvrir les portes d’une phase finale.

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Le résultat était-il prévisible ?

Les quatre victoires initiales en quatre matchs de qualification pour l’Euro parlent pour les Bleus, mais il ne faudrait pas oublier que deux d’entre elles ont été acquises par la marge la plus étroite : contre la Grèce en juin (1-0, but sur pénalty) et en Irlande fin mars (1-0 aussi et des sauvetages spectaculaires de Maignan). Autant dire que si elle partait favorite contre les Irlandais, l’équipe de France devait avoir en tête que battre cette équipe n’est jamais facile (9 fois en 18 confrontations) et lui marquer des buts non plus. La seule fois où les Français en ont mis plus de deux, c’était en 1953 (5-3 à Dublin). Donc une victoire par deux buts d’écart serait déjà un bon résultat, et au-delà ce serait du bonus.

Il n’y a pas eu de bonus, et l’année 2023 ressemble désormais à une fonction mathématique à la précision suisse : 4-0 et 1-0 en mars, 3-0 et 1-0 en juin, 2-0 en septembre. La logique voudrait donc que l’équipe de France batte l’Allemagne 1-0 le 12, et gagne deux fois 1-0 en octobre.

L’équipe est-elle en progrès ?

Le mois de juin avait marqué un recul par rapport à mars, avec des Bleus à la peine offensivement et manquant de coffre physiquement. C’était un peu mieux au Parc, mais pas beaucoup mieux, avec un déchet technique conséquent dans la finition (5 tirs cadrés sur 25) malgré une domination écrasante (68% de possession). Le rythme n’était pas échevelé non plus, et le nombre de fois où les Bleus étaient arrêtés face à deux lignes irlandaises de cinq en position très basse explique en partie le score modeste.

Pourtant cette équipe-là était très proche de celle de la Coupe du monde, à deux exceptions près, Maignan et Lucas Hernandez à la place de Lloris et Varane. mais les automatismes n’étaient pas réglés au mieux. Mais même dans les séries record de victoires consécutives (et on en est encore loin), il y a toujours des matchs beaucoup moins mémorables que d’autres. Celui-là en fera partie.

Quels sont les joueurs en vue ?

Dayot Upamecano était repassé à droite de la défense centrale des Bleus pour laisser la place à Lucas Hernandez, du moins jusqu’au remplacement de ce dernier par William Saliba dans les 20 dernières minutes. Le joueur du Bayern a livré une prestation très propre, il est vrai bien aidé par la transparence de l’attaque irlandaise, hormis sur la tête d’Ogbene repoussé par Maignan en début de seconde période.

Le gardien milanais étire sa série d’invincibilité : il en est à 5 matchs sans but encaissé et 490 minutes de jeu. Et sur les trois buts qu’il a concédé jusqu’à présent, deux étaient des pénalties. Nul doute qu’il se fixera comme objectif de faire encore mieux à Dortmund mardi.

Théo Hernandez a passé la quasi totalité du match en position d’ailier gauche, tentant en première période de dédoubler avec Mbappé, puis de multiplier les centres par la suite.

Aurélien Tchouaméni a regagné son statut de titulaire et il l’a consolidé en faisant un match très satisfaisant, avec en prime un but sur une frappe de 25 mètres, son deuxième hors surface sur un total de trois, des stats à la Pavard.

Marcus Thuram a pour sa part enfin marqué un but (à sa onzième sélection), et i aurait même pu doubler la mise de la tête en fin de match mais il n’a pas cadré. Une bonne rentrée à la place de Giroud, blessé.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Il a certes donné une passe décisive à Tchouaméni, mais pour le reste, Kylian Mbappé a manqué son match. Brouillon dans la finition, il n’a jamais trouvé la solution et, s’il a eu le mérite de chercher à servir ses partenaires, ça n’a pas suffit pour traverser le bloc défensif irlandais.

Ousmane Dembélé, à qui l’on reproche souvent son manque de précision dans les frappes, en a cadré une puissante au premier poteau en début de match, puis a trouvé le poteau juste avant d’être remplacé. Le jeu n’est pas beaucoup passé par lui, mais il tenté de mettre du rythme, sans grande réussite.

Antoine Griezmann a été invisible en première mi-temps. C’était mieux après, en initiant l’action du but de Thuram, et en lançant la plupart des attaques françaises jusqu’à son remplacement par Eduardo Camavinga. Mais on attend un peu plus de lui.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Le match de mardi à Dortmund contre l’Allemagne sera sans enjeu puisqu’amical (le premier du genre depuis mars 2022 !), même si un Allemagne-France est un peu plus que ça. Il servira surtout à se projeter sur l’Euro 2024 qui se disputera là-bas, en espérant un même résultat qu’en novembre 2003, quand les Bleus de Zidane, Henry et Trezeguet avaient fait tourner la Mannschaft en bourrique (3-0) deux ans et demi avant son Mondial à domicile. Mais le résultat sera secondaire.

L’équipe de France pourra jouer sans aucune pression, sinon d’étirer encore au moins jusqu’à l’été prochain sa série d’invincibilité en Allemagne contre la Mannschaft, qui dure depuis 1996. La dernière défaite remonte au mois d’août 1987, pour les débuts d’Eric Cantona. Olivier Giroud n’avait que dix mois.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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