Le résultat était-il prévisible ?
Si l’on regardait avant le match d’un côté les cinq dernières sorties des Bleus (depuis la Coupe du monde) et de l’autre les cinq derniers de l’Allemagne, comment dire… L’affiche de Dortmund était très déséquilibrée. Cinq victoires, toutes en compétition, 11 buts pour et aucun contre côté français. Quatre défaites et un nul, tous en amical, et une balance de but de 8-12 côté allemand. Dans la hiérarchie des adversaires des Bleus en 2023, l’Allemagne se situait quelque part entre les Pays-Bas et la Grèce, mais plus près de la Méditerranée que de la mer du Nord.
Autant dire qu’une victoire française n’aurait étonné personne, et on pouvait même miser sur un score assez large. Mais ça, c’était avec une équipe de France en état de marche, aussi bien physiquement que mentalement. A Dortmund, on a surtout vu des Bleus en perdition dans le premier quart d’heure, et pas assez concernés pour revenir au score après. Dans ces conditions, et face à une Mannschaft visiblement remotivée par le retour de Rudi Völler, le résultat est logique.
L’équipe est-elle en progrès ?
Privé d’Upamecano et de Mbappé pour pépins physiques, Deschamps avait décidé de faire tourner à Dortmund, mais sans doute l’a-t-il fait dans des proportions trop importantes, avec deux joueurs hors rythme (Pavard et Kolo Muani) et une charnière centrale submergée par les attaques adverses du début de match. Si on ajoute à ça un manque certain de leadership quand les choses tournent mal (comme on l’avait vu au Qatar contre la Tunisie ou l’Argentine) et une attaque très décevante, il ne reste plus qu’à espérer que cette équipe-là ne sera pas celle qui débutera l’Euro en juin prochain.
Quels sont les joueurs en vue ?
Sous la bruine automnale de Dortmund, le seul à avoir vraiment tiré son épingle du jeu est Aurélien Tchouaméni. Déjà très bon contre l’Irlande jeudi, le Madrilène a confirmé face à l’Allemagne qu’il est revenu à son niveau d’avant la Coupe du monde. Il a rééquilibré le milieu de terrain en deuxième mi-temps, a signé deux tirs qui auraient pu faire mouche sur une tête en première mi-temps et une frappe rasante en seconde.
Antoine Griezmann, qui aurait aimé devenir le capitaine principal des Bleus, n’a pas démontré qu’il pouvait assumer le rôle dans l’adversité. Rappelons qu’il avait déjà porté le brassard au coup d’envoi il y a un an, à Copenhague contre le Danemark, pour un résultat similaire (0-2). A son crédit, une deuxième mi-temps meilleure avec de nombreux ballons touchés, une frappe puissante déviée par Ter Stegen (82e) et un pénalty transformé, son neuvième.
Pour le reste, c’est à peu près tout, même si on peut créditer Kingsley Coman de quelques jaillissements et dribbles à droite en première période mais qui n’ont pas débouché sur des occasions françaises. Au moins aura-t-il essayé. Enfin, s’il n’a quasiment rien eu à faire, Mike Maignan ne peut être tenu responsable des deux buts qu’il encaisse (une première pour lui en sélection) sur des frappes de près alors que la défense ne le protégeait plus..
Quels sont les joueurs en retrait ?
Tous les autres à des degrés divers. Jean-Clair Todibo, seul débutant du mois de septembre, aura connu un baptême du feu très compliqué tant son association avec William Saliba a été défaillante. Il sauve un peu sa prestation grâce à un contre décisif sur un tir de Wirtz à la 67e, mais il perd le ballon qui amène le deuxième but allemand en fin de match.
Saliba n’aura sans doute pas de nouvelle chance avant longtemps, et Didier Deschamps, déjà très mécontent de sa prestation il y a un an au Danemark, ne va pas changer d’avis au regard de sa prestation à Dortmund. Il est cependant encore jeune (22 ans) et l’exemple d’Upamecano peut lui servir pour progresser.
Idem pour Pavard, visiblement hors du coup après son transfert à l’Inter et qui laisse en suspens la question du couloir droit des Bleus. Les espaces laissés sur l’aile gauche de l’attaque allemande en première mi-temps n’ont pas aidé le reste de la défense.
Eduardo Camavinga a très mal débuté (il est impliqué sur le but de Müller) et s’est un peu repris en deuxième période, finissant fort avec une percée mal terminée et surtout une incursion dans la surface entraînant un pénalty. Mais c’est insuffisant.
En attaque, Randal Kolo Muani continue de décevoir après sa Coupe du monde réussie. Maladroit, mal placé, le néo-Parisien n’a jamais été décisif, même s’il est balancé par Rüdiger dans la surface en première mi-temps. Les entrants de la dernière demi-heure, Ousmane Dembélé et Marcus Thuram, n’ont pas pu faire de différence face à une défense regroupée.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Le 13 octobre (un vendredi, tiens), l’équipe de France jouera sur le papier son match le plus relevé de 2023, à l’extérieur contre un adversaire qui a atteint le quart de finale de la dernière Coupe du monde, battu par l’Argentine aux tirs au but. Mais la déculottée administrée en mars dernier à Saint-Denis par des Bleus un tantinet sadiques (4-0, dont trois buts lors des 21 premières minutes) a forcément rebattu les cartes.
Et la marge française est suffisamment large (six points d’avance sur les Néerlandais et les Grecs) pour qu’une défaite à Amsterdam ne soit rien de plus qu’un incident de parcours. Une nouvelle victoire, en revanche, assurerait définitivement la première place du groupe et permettrait aux Bleus de s’offrir non pas un, mais trois matchs amicaux d’ici la fin novembre et de lancer très tôt la préparation à l’Euro.
Il n’empêche que la défaite de Dortmund servira de piqûre de rappel aux Bleus au cas où ces derniers se voyaient un peu trop beaux après leurs cinq victoires de rang en 2023. Il reste un mois à Didier Deschamps pour espérer retrouver ses titulaires habituels en défense centrale, un Mbappé en forme internationale et les jeunes attaquants enfin au niveau qu’on attend d’eux en sélection.