Ainsi commencent les saisons de coupe du monde

Publié le 11 août 2013 - Bruno Colombari

Huit fois sur neuf depuis 1977, les Bleus ont remporté leur premier match de la saison de la coupe du monde. La seule défaite, fameuse, remonte au France-Stuttgart d’août 1981 au Parc.

5 minutes de lecture

24 août 1977 : Hambourg 4-1

Deux mois après leur tournée sud-américaine soldée par deux nuls prestigieux en Argentine (0-0) et au Brésil (2-2), les Bleus accueillent au Parc des Princes le club de Hambourg, vainqueur de la coupe des coupes, pour le match de gala au profit de l’UNFP (union nationale des footballeurs professionnels). Dominique Rocheteau, nez fracturé, porte un masque et Omar Sahnoun est forfait : la veille, il a fait un malaise cardiaque à l’entraînement et devra arrêter toute activité pendant cinq mois.
 

Michel Platini est en pleine forme, merci pour lui, et fait un véritable festival : après l’ouverture du score des roses par Keller, Platoche exécute un slalom dans la surface et centre pour Pécout qui marque au second poteau. Puis il place une tête victorieuse sur un coup-franc de Sarramagna, et, tant qu’il est chaud, récupère un ballon dégagé en cloche par la défense allemande, contrôle et frappe du gauche à ras du poteau. Le tout en moins de vingt minutes. Dans le dernier quart d’heure, comme Reimann a ramené le score à 3-2, Platini récupère une passe de Battiston, s’avance aux seize mètres et ajuste un tir du droit qui surprend Kargus. 4-2, et triplé parfait (tête, gauche, droit) prémonitoire des deux consécutifs qu’il réussira sept ans plus tard à l’Euro.

La compo des Bleus : Rey - Janvion (puis Battiston), Rio, Trésor, Bossis - Bathenay, Synaeghel, Platini - Rocheteau (puis Soler), Pécout (puis Dalger), Sarramagna.

Sur les 14 participants à la rencontre, cinq n’iront pas en Argentine : le gardien André Rey, le milieu relayeur Christian Synaeghel et les attaquants Gérard Soler, Eric Pécout et Christian Sarramagna.

18 août 1981 : France-Stuttgart 1-3

Ce France-Stuttgart restera dans l’histoire des Bleus pour comme celui des « sifflets du Parc ». Lesquels sifflets s’adressaient à Michel Platini et étaient émis par un public qui lui demandait également de sortir. Ce qu’il fit, furieux, à la 63e minute, juste après le troisième but d’Hambourg à la suite d’une sortie aventureuse de Baratelli à trente mètres de ses buts. La fronde du public français s’explique tout d’abord par la grande médiocrité du jeu des Bleus, alignés dans une composition improbable avec Pécout et Lacombe en pointe, et parce que cette défaite est la quatrième depuis le début de l’année (Espagne et Pays-Bas 0-1, Brésil 1-3), la deuxième d’affilée au Parc.
 

Le sujet sur France-Stuttgart commence à 8’35 dans la vidéo du JT

La compo : Dropsy (puis Baratelli) - Battiston (puis Janvion), Specht (puis Lopez), Trésor, Bossis - Larios, Giresse, Platini (puis Genghini) - Lacombe, Pécout (puis Zimako), Six

Sur les 16 participants à la rencontre, quatre n’iront pas en Espagne : Dropsy, Specht, Pécout et Zimako

21 août 1985 : France-Uruguay 2-0

Tout va bien dans la maison France : champions d’Europe un an plus tôt, les Bleus n’ont perdu qu’une fois depuis, à Sofia début mai, et ils font partie des favoris du Mundial 1986 où seuls le Brésil de Socrates et l’Argentine de Maradona semblent supérieurs. Le match contre le champion d’Amérique du sud, l’Uruguay, confirme les bonnes dispositions du moment. Avec une ossature de 84 renforcée par José Touré, les Bleus vont réussir un match splendide [1], le score (2-0) reflétant mal leur domination et le nombre d’occasions créées.
 

La compo : Bats - Bibard, Le Roux, Bossis, Ayache - Fernandez, Tusseau, Giresse, Platini - Touré, Rocheteau

Sur les 11 participants (aucun remplaçant), un seul n’ira pas au Mexique : il s’agit bien sûr de José Touré, gravement blessé au genou en mars 1986.

16 août 1989 : Suède-France 2-4

C’est le grand retour du banni : un an après sa suspension de l’été 1988 où il avait insulté le sélectionneur Henri Michel, Eric Cantona est appelé par Michel Platini qui l’associe en pointe à Jean-Pierre Papin, dans une composition taillée pour le contre. Résultat : deux doublés Papin-Cantona pour une belle victoire 4-2 acquise après une interruption de dix minutes due à un orage de fin du monde dans le ciel de Malmö.
 

La compo : Bats - Amoros, Sauzée, Le Roux, Di Meco - Pardo, Deschamps, Ferreri (puis Blanc), Perez - Papin, Cantona.

Les Bleus ont trop de retard pour accrocher une qualification au Mondiale italien, et les deux victoires de l’automne contre l’Ecosse (3-0) et Chypre (2-0) ne serviront à rien. Deux joueurs seront toutefois là neuf ans plus tard, Deschamps et Blanc.

28 juillet 1993 : France-Russie 3-1

C’est l’exemple même du match qui ne laisse aucune trace, y compris sur la toile où aucun résumé n’est visible. Gérard Houllier aligne à Cane une équipe plutôt défensive avec un milieu blindé et Papin et Cantona livrés à eux-mêmes devant. Les Bleus font tout le boulot pendant la première demi-heure, marquant deux buts par Sauzée et Cantona et même un troisième par Laurent Blanc, mais contre son camp. Papin assurera le coup juste après sur un pénalty repoussé et repris de volée.

La compo : Martini (puis Lama) - Boli (puis Dogon), Roche, Blanc, Petit (puis Gravelaine), Deschamps, Le Guen, Sauzée (puis Pedros), Martins (puis Lizarazu) - Papin, Cantona

Alors qu’après le nul contre la Suède fin août, les Bleus n’ont besoin que d’un point pour aller à la coupe du monde aux Etats-Unis, ils enchaînent une improbable série noire à domicile face à Israël (2-3) et la Bulgarie (1-2). Lama, Blanc, Petit, Deschamps et Lizarazu seront champions du monde cinq ans plus tard.

11 octobre 1997 : France-Afrique du Sud 2-1

En 1997, la FFF fait original : les Bleus sont qualifiés d’office pour la coupe du monde 1998 en tant que pays organisateur et il n’y a pas de match de compétition à l’horizon. Inutile de se presser, donc, et la première rencontre de la saison est calée le 11 octobre à Lens, contre l’Afrique du Sud. Après un tournoi de France décevant (deux nuls face au Brésil et à l’Italie et une défaite contre l’Angleterre), l’équipe d’Aimé Jacquet est encore en rodage. Le gardien Lionel Letizi, le milieu Alain Boghossian et les attaquants Stéphane Guivarc’h et Thierry Henry sont appelés pour la première fois. La rentrée de Zidane à la mi-temps permet aux Bleus de l’emporter difficilement (2-1).

La compo : Letizi - Thuram, Blanc, Desailly, Candela (puis Laigle) - Deschamps, Petit (puis Boghossian), Djorkaeff (puis Ba), Pires (puis Zidane) - Guivarc’h, Henry

Sur les 15 participants à cette rencontre, trois ne seront pas retenus pour la coupe du monde : Letizi, Laigle et Ba, écartés en mai après avoir été dans la liste des 28.

15 août 2001 : France-Danemark 1-0

Comme en 1997, les Bleus vont jouer une série de matches amicaux jusqu’au printemps suivant, puisqu’ils sont qualifiés d’office pour la Corée du Sud en tant que tenant du titre. A Nantes, l’attraction est Zinedine Zidane qui a décidé de se raser le crâne, abandonnant définitivement sa tonsure. Les Bleus l’emportent 1-0 grâce à un but de Pires, mais les Danois cachent bien leur jeu : dix mois plus tard à Incheon, ils seront bien meilleurs quand il s’agira d’achever une équipe de France à l’agonie.
 

La compo : Barthez - Thuram, Desailly, Leboeuf, Lizarazu (puis Candela) - Vieira (puis Sagnol), Petit, Zidane, Pires (puis Micoud) - Wiltord (puis Marlet), Henry (puis Trezeguet).

Sur les 16 joueurs participant, seuls Pires et Marlet n’iront pas à la Coupe du monde.

17 août 2005 : France-Côte d’Ivoire 3-0

La première année de Raymond Domenech est subitement balayée pendant l’été par l’annonce du retour de Zinedine Zidane en sélection. Mieux : Zizou emmène dans ses bagages Lilian Thuram et Claude Makelele. Autant dire qu’avant d’affronter la Côte d’Ivoire à Montpellier, Raymond n’a plus qu’à choisir les huit autres titulaires. L’opération, périlleuse, est un succès : Zizou marque et fait une passe décisive, Gallas et Henry marquent le jour de leur 28e anniversaire et les Bleus s’imposent brillamment en produisant plus de jeu que lors des dix matches précédents face aux coéquipiers de Drogba. La reconquête est annoncée. Mais elle aura un prix : dès lors, l’autorité de Domenech sur ses joueurs est fortement remise en cause.
 

La compo : Coupet - Sagnol, Thuram, Boumsong, Gallas - Dhorasoo, Makelele (puis A.Diarra), Zidane, Wiltord (puis Trezeguet), Malouda (puis Rothen) - Henry (puis Cissé).

Sur les 15 joueurs participants, Rothen et Cissé n’iront pas à la coupe du monde en Allemagne.

12 août 2009 : Féroé-France 0-1

Cet été-là, les Bleus reprennent direct par un match de compétition à Thorshavn contre les Féroé. C’est la troisième fois en cinq ans. Mais autant en 2007 la rencontre s’était achevée sur un score de tennis (6-0), deux ans plus tard, c’est beaucoup plus laborieux. Une équipe de France poussive souffre pour arracher une victoire minimaliste sur un but de Gignac avant la mi-temps (1-0).
 

La compo : Lloris - Sagna, Gallas, Escudé, Evra - L.Diarra, Toulalan, Gourcuff, Malouda (puis Ribéry) - Anelka, Gignac

Sur les 12 participants, Escudé et Lassana Diarra n’iront pas en Afrique du Sud l’année suivante.

[1Voir le détail du match 21 août 1985 : France-Uruguay

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal