L’histoire des Bleus, riche de plus de 120 ans et qui compte plus de 900 matchs et près de 950 joueurs, peut être racontée de multiples façons. L’une d’elles pourrait être de découper cette histoire par siècle. Le premier, le 19e, ne compte évidemment aucun match, puisque l’équipe de France a vu le jour en mai 1904, mais il a fourni un contingent de 178 joueurs, soit près de un sur cinq au total, ce qui n’est pas négligeable. Le vingtième siècle est évidemment le plus riche avec 601 matchs disputés et 752 joueurs (80% du total) nés entre janvier 1901 et décembre 2000.

Saliba le premier natif du 21e siècle, Camavinga le premier sélectionné

Mais ce 21e siècle, qui terminera dans un peu plus d’un an son premier quart, est déjà très dense, avec 324 matchs joués. Il n’a pas encore fourni beaucoup d’internationaux, puisque 13 d’entre eux sont nés depuis janvier 2001, le tout premier étant William Saliba (24 mars 2001). Il y aurait donc tout juste de quoi faire une équipe, à laquelle il manquerait toutefois un gardien : ce sera sans doute Lucas Chevalier, né le 6 novembre 2001 et appelé (sans jouer) en novembre 2024. On notera aussi que le tout premier natif du 21e siècle à avoir intégré les Bleus est Eduardo Camavinga, le 8 septembre 2020, alors qu’il n’avait pas encore 18 ans. Il sera encore dépassé en précocité par un autre natif du siècle, Warren Zaïre-Emery, lancé le 18 novembre 2023 à 17 ans et 8 mois. Il reste à ce jour le plus jeune joueur en activité (né le 8 mars 2006), devant Désiré Doué, né le 3 juin 2005.

Dans la dataviz ci-dessous, chaque joueur né au 21e siècle est représenté en trois dates : celle de sa naissance, celle de ses débuts (avec son numéro d’ordre) et celle de son dernier match à ce jour, avec son total de sélections. Ces informations sont visibles au survol des points de couleur.

Si on liste maintenant les joueurs qui ont été lancés au 21e siècle, ils sont 169 dans ce cas, le tout premier étant Mikaël Silvestre contre l’Allemagne à Saint-Denis le 27 février 2001. Mais ils ont été accompagnés par 29 autres qui ont débuté au 20e et ont terminé au 21e. Une génération très riche, puisqu’elle compte pas moins de 16 champions du monde 1998 (Barthez, Thuram, Candela, Desailly, Lebœuf, Lizarazu, Karembeu, Vieira, Pirès, E.Petit, Boghossian, Zidane, Y.Djorkaeff, Henry, Trezeguet et Dugarry) et 4 champions d’Europe 2000 (Anelka, Wiltord, Ramé et Micoud). Les neuf autres n’ont pas connu de titres majeurs, mais trois d’entre eux ont participé à une finale de Coupe du monde (Makélélé, Sagnol et Dhorasoo), les six restant étant Lamouchi, Letizi, Robert, Giuly, Christanval et Marlet.

• Voir le tableau des 194 joueurs

Un bilan en net progrès

L’équipe de France a déjà joué 324 fois au 21e siècle, soit autant de matchs que lors des 64 premières années ! Plus d’un tiers des rencontres qu’elle a disputées ont eu lieu depuis 2001. A ce rythme, le total des 601 matchs joués au siècle précédent devrait être atteint d’ici 2046.

Comme on pouvait s’y attendre, le bilan (provisoire) du 21e siècle est largement meilleur que celui (définitif) du 20e : avec 198 victoires (61% du total) pour seulement 54 défaites (17%), le ratio de succès surclasse celui du 20e siècle (268 victoires en 601 matchs, soit 45% du total). La différence de buts est elle aussi conséquente : au 21e siècle, les Bleus ont marqué 1,85 fois par match, pour 0,75 but encaissé. Au siècle précédent, ils marquaient presque autant (1,77 but par match en moyenne) mais en concédaient beaucoup plus (1,68).

Un palmarès qui s’équilibre

Sachant que les trois premiers titres majeurs des Bleus (Coupe du monde 1998, Euros 1984 et 2000, auxquels on peut éventuellement ajouter la Coupe intercontinentale 1985) ont été acquis au siècle précédent, dans quelle mesure l’équipe de France du 21e siècle a-t-elle fait mieux ?

Depuis 2001, l’importance des trophées remportés s’est inversée. Il y a eu trois tournois mineurs gagnés par les Bleus (Coupe des Confédérations 2001 et 2003 et Ligue des Nations 2021) et un seul trophée majeur (Coupe du monde 2018). En revanche, alors que l’équipe de France n’avait perdu aucune finale jusqu’en 2000, elle a échoué trois fois à ce stade de la compétition, les trois fois en tournoi majeur (Coupe du monde 2006 et 2022, Euro 2016).

Qu’en conclure ? Sans doute que, comme les grandes nations du football que sont l’Allemagne, l’Italie ou l’Argentine (c’est moins vrai pour le Brésil), la présence régulière de l’équipe de France en finale des grands tournois l’expose à y échouer une fois sur deux environ. On peut aussi souligner que si l’Euro avait été une compétition fétiche pour les Bleus du 20e siècle, du moins quand ils y accédaient (deux finales gagnées et une demi-finale perdue en quatre participations entre 1984 et 2000), ce n’est plus du tout le cas au 21e : en six participations, ils ont été éliminés quatre fois prématurément (premier tour en 2008, huitième de finale en 2021 et quart de finale en 2004 et 2012) et n’ont atteint la finale qu’une fois (en 2016). C’est bien mieux en Coupe du monde, avec trois demi-finales atteintes sur six participations, et toutes les trois remportées.

Les 198 joueurs ayant évolué au 21e siècle

Parmi les 169 joueurs ayant débuté au 21e siècle, on en compte trois qui ont dépassé les 100 sélections (Lloris, Griezmann et Giroud). Thuram (14e), Zidane (34e) et Desailly (40e) sont décrochés et pour cause : leur carrière internationale, commencée entre 1993 et 1994 et terminée entre 2004 et 2008 est en équilibre sur les deux siècles, contrairement à Blanc et Deschamps, qui l’ont terminée en septembre 2000. On arrive à 198 puisqu’il faut ajouter les 29 joueurs qui ont débuté au 20e siècle et qui ont joué au moins une fois au 21e siècle.

Côté buteurs, les plus prolifiques sur ce siècle sont Giroud, Griezmann et Mbappé. Henry n’est plus que 4e avec 43 buts (sur les 51 qu’ils a inscrits depuis 1998).