Les bras en croix, par Vincent Duluc dans L’Equipe du 29 juin
En neuf mots, Vincent Duluc résume le sentiment général quelques minutes après l’épilogue de France-Suisse : « Un match fantastique, un échec immense, une déception énorme ». Soulignant que les Bleus de 2018 « auraient distraitement repoussés d’un revers de la main » ces Suisses-là, il constate : « Dans cette soirée rare et frappadingue, les Bleus n’ont rien maîtrisé, ni l’organisation choisie par Didier Deschamps, ni leur avance de deux buts à dix minutes de la fin, ce à quoi jamais l’équipe championne du monde n’aurait consenti. Ils ont basculé en permanence du naufrage au bonheur et inversement, parce qu’ils jouent sur un fil, faute d’un cadre qui puisse les rendre solides, et parce qu’ils vivent un été sans repères, du moins sans les repères d’avant. » Avant de conclure : « Mais aucune malédiction n’est vraiment tombée sur les Bleus, qui sont, ce matin, responsables de leur malheur comme ils l’avaient été de leur bonheur, en juillet 2018. »
Il s’en relèvera, mais Kylian Mbappé doit en tirer les leçons, par Maxime Dupuis sur le site d’Eurosport, le 29 juin.
« Lundi soir à Bucarest, tir au but excepté et déception XXL qui en a découlé, Mbappé aura finalement ressemblé au Mbappé de Munich et de Budapest. Le Parisien aura tenté, beaucoup. Provoqué, énormément. Raté, aussi. Surjoué, enfin. Et, s’il y a quelque chose à reprocher à l’international aux 48 sélections, c’est bien ça. Et surtout pas d’avoir manqué un tir au but dans une séance. C’est arrivé aux meilleurs. » Obnubilé par son objectif de laisser une trace dans l’histoire, « Soucieux d’être le super-héros des Bleus, Mbappé a oublié qu’il ne portait pas de cape et qu’il fallait partager la charge (mentale) et les ballons avec les autres pour propulser les Bleus là où ils étaient censés aller. ».
Consultant football de France Info, Bixente Lizarazu est revenu sur le match perdu contre la Suisse. « En réalité, ils étaient totalement perdus. Ça les a fragilisés. Je pense que physiquement, cette équipe de France, sur cette compétition, avait un problème. Je ne l’ai jamais sentie à 100 %. On a vu contre la Hongrie, on a vu contre le Portugal des joueurs à la peine. Et là, on a encore vu des joueurs à la peine. Ce paramètre, quel que soit le système, tu le payes à un moment donné. » Et même à 3-1, alors que le match aurait dû être plié, « On s’est dit : c’est fait. Sauf qu’on les laisse espérer encore. On n’insiste pas. On n’a pas la ceinture de sécurité qui fait que, même si on prend des coups, on est protégés. On n’était pas protégés. On n’a jamais été protégés pendant cette compétition. »
« Ils étaient totalement perdus », estime Bixente Lizarazu, après l’élimination de la France par la Suisse, sur le site de France Info le 29 juin
Martin Mosnier raconte l’histoire des supporters de l’équipe de France et de la fan walk dans les rues de Budapest avant le match contre le Portugal. Il a interrogé notamment Fabien Bonnel, membre fondateur des Irrésistibles Français, qui situe le tournant à l’année 2013, début d’un dialogue avec la FFF dans la perspective de l’Euro en France. « On a pu avoir notre tribune dédiée, on a fait rentrer notre matériel d’animation et les gens sont venus peu à peu se greffer. Ça a tout changé. » A Budapest, il y avait 7500 supporters français dans les tribunes de la Puskas Arena.
Comment les supporters des Bleus sont nés par Martin Mosnier sur le site d’Eurosport le 26 juin.
On salue le retour des comptes rendus de match sur le site des Cahiers du football, même si c’est un peu tard, vu que pour les Bleus le tournoi est fini.
« Didier Deschamps a eu le mérite de percevoir les failles qui perçaient sous les assurances, et de prendre l’initiative en rappelant Benzema ou en essayant plusieurs systèmes, mais il n’a pas empêché son équipe de tomber. Cette fois, la mentalité encore irréprochable de ses joueurs n’a pas suffi, et leur état physique n’est pas une excuse suffisante : le problème était tactique et le sélectionneur n’a pas eu de solutions.
Les probabilités se sont retournées contre lui, comme face au Portugal en 2016, mais cette fois à un stade beaucoup plus précoce. C’est dire à quel point la marge de réussite de cette équipe a fondu, et qu’elle l’avait consommée tout entière à Munich, pour sa seule victoire dans un tournoi sans défaite. »
Suissidés, sur le site des Cahiers du football, le 29 juin
Il y a plein de manières différentes de lire le parcours des Bleus, comme par exemple d’écrire des conversations imaginaires. Sur le site de l’Obs, l’écrivain Olivier Pouriol (auteur de Eloge du mauvais geste, NiL) fait donc réagir deux personnages à l’élimination de l’équipe de France comme la Suisse. Avec une étonnante théorie, celle de de la défaite libératrice :
− Si tu veux aller loin dans une compétition, il faut commencer par un ratage ou une humiliation. Parce qu’il ne pourra rien t’arriver de pire. C’est libérateur.
− C’est débile ta théorie. Là, ils ont été éliminés, donc ça ne commence pas, ça finit.
− Mais non, ce n’est que le début. Il faut voir plus loin. Là, Deschamps va laisser la place à Zidane, avec une revanche à prendre, une défaite à encaisser, quelque chose à reconstruire, une Coupe du Monde à conquérir. Mbappé, dans un an, ce sera un autre homme.
« Grâce à cette magnifique défaite, l’espoir renaît » par Ollivier Pouriol, sur le site de l’Obs, le 29 juin
Un peu d’histoire maintenant, avec l’historien François da Rocha Carneiro (rédacteur de Chroniques bleues) qui à la demande de la Ville de Roubaix, où il enseigne l’histoire-géo au lycée Jean-Moulin, raconte les Bleus qui ont vécu ou joué à Roubaix du début du 20e siècle aux années 1950. Du RC Roubaix au CORT, il évoque le souvenir d’Emile Sartorius, Raymond Dubly, Gérard Isbecque, Edmond Delfour, Célestin Delmer, Georges Verriest, Jean Baratte et d’autres. Toujours très intéressant à écouter (même si on demandera à la Ville de Roubaix d’éviter d’accompagner les propos de François par une musique envahissante et parfaitement inutile).