La FFF va fêter son centenaire en avril 2019. Mais si l’équipe de France a joué son premier match en 1904, c’est l’USFSA qui en avait alors la responsabilité. Cette fédération a été remplacée en 1908 par le CFI. Ce n’est qu’en avril 1919 qu’est née la FFF, qui reprend alors la gestion de l’ensemble du football en France. Pour marquer cet anniversaire, les Bleus porteront un maillot spécial lors du match face à l’Islande le 25 mars. Il est tout simple, bleu avec un col polo, et se démarque au niveau du coq. En effet, celui-ci est doré, orné bien entendu des deux étoiles, mais porte également la mention « 100 ans, 1919 -2019 ». Ce maillot est destiné à n’être utilisé qu’une seule fois.
En 1919, des rayures aléatoires
Il est étrange de remarquer que le premier maillot utilisé par la FFF en 1919 n’a aussi servi qu’un seule fois. Lors du France-Belgique du 9 mars 1919 (2-2), les Français avait porté un jersey rayé verticalement bleu-blanc-rouge. Au-delà de l’aspect très inhabituel de cette tenue, les photos d’époque montrent que la disposition des bandes n’était pas homogène d’un maillot à l’autre. Sur la photo ci-dessous, on voit que les bandes de couleur se succèdent dans l’ordre gris clair, blanc, gris foncé (sans doute bleu blanc rouge) pour le deuxième joueur en partant de la gauche, alors que pour son voisin de droite les couleurs sont inversées (gris foncé, blanc, gris clair). Admirez aussi la rigueur dans le placement des joueurs pour la photo !
Les bizarreries des France-Hongrie
Au-delà de ces deux matches qui marquent le début et le terme de ces cent années, la sélection a joué à plusieurs autres reprises avec un maillot à usage unique. Le cas le plus connu est le troisième match du premier tour de la Coupe du monde 1978 face à la Hongrie à Mar del Plata. A la suite d’une mésentente sur les couleurs à utiliser, les deux équipes sont arrivées vêtues de blanc. Si les Hongrois avaient leurs couleurs de rechange (rouge), ils ont refusé de les utiliser, puisqu’il s’avère que ce sont les Français qui s’étaient trompés et auraient dû jouer en bleu. L’encadrement de la sélection a réussi à dénicher en catastrophe les maillots du club local (taille junior) du Kimberley FC. C’est rayé de vert et blanc avec des numéros noirs ne correspondant même pas à ceux présents sur leur short que les Tricolores, déjà éliminés, ont remporté leur seule victoire de la compétition (3-1).
Jouer avec un maillot de club (ou de l’adversaire) : quatre précédents en Coupe du monde
En 1934, les Autrichiens affrontent les Allemands avec le maillot du SSC Napoli et perdent 2-3. En 1950, c’est avec la tenue de Cruzeiro de Porto Alegre que le Mexique se fait battre par la Suisse. (1-2) En 1958, l’Argentine utilise la tenue de l’IFK Malmö pour son match face à l’Allemagne sans que ça ne lui porte chance (défaite 1-3). La même année, en finale, Suédois et Brésiliens avaient prévu de jouer en jaune. Les sud-Américains sont devenus champions du monde avec les maillots de rechange bleu des Suédois, maillots sur lesquels ils avaient pris le temps de coudre leur emblème. C’est depuis cette date que la tenue de rechange des quintuples champions du monde est bleue.
Source : Footichiste
Michel Hidalgo, sélectionneur des Bleus lors du mondial argentin de 1978, avait vécu neuf ans plus tôt la même mésaventure face au même adversaire. Il n’était à cette époque que le représentant des joueurs au conseil fédéral et ne garde pas souvenir de cette anecdote. La veille du match, les Hongrois s’étaient mis d’accord avec leurs homologues français pour jouer en grenat, laissant leurs hôtes évoluer en blanc. Mais ils sont arrivés en blanc le lendemain. Hidalgo et Aimé Mignot, entraîneur de l’Olympique Lyonnais, ont essayé de dénicher en ville de nouveaux maillots, puisque déjà cette fois aucune tenue de rechange n’avait été prévue.
N’ayant rien trouvé, les Tricolores se sont rabattu sur la tenue de l’Olympique Lyonnais (rouge cerclé de blanc, avec un lion sur le cœur). Etrangement, peu de joueurs se souviennent que cette anecdote vestimentaire. L’équipe comportait pourtant quatre Stéphanois (Georges Bereta, Bernard Bosquier, Hervé Revelli et Jean-Michel Larqué) qui entretenaient alors une grosse rivalité avec le voisin lyonnais. Seul Bereta se rappelle avoir rigolé d’être contraint à enfiler la tenue de l’ennemi régional. Ce match a été classé sous le label Espoirs de France – Hongrie A et ne compte donc pas pour une sélection pour tous ceux qui l’on disputé. Cela explique peut-être que son souvenir s’est perdu dans les mémoires de l’histoire de l’équipe de France.
Les rayures migrantes et un coq déporté
Quand Adidas et la FFF décident de travailler ensemble, ils ne savent pas encore que leur partenariat durera près de 40 ans. Pour beaucoup de supporters français, le nom la firme aux trois bandes rappelle surtout le maillot bleu barré d’une large bande rouge. C’est en effet avec cette tenue porte-bonheur que les Bleus ont remporté leurs trois premiers trophées (Championnat d’Europe 1984 et 2000, Coupe du monde 1998). Pourtant, quelques tenues à usage unique ont aussi marqué ces années, en plus du maillot rayé vert et blanc de 1978.
C’est le 2 septembre 1972 que les Bleus jouent pour la première fois en Adidas. Le maillot est inhabituel, puisque les trois bandes ne sont pas situées sur les manches, mais au niveau de la couture latérale, partant de la hanche pour remonter jusqu’aux aisselles, comme on l’a revu récemment. En dépit d’une belle victoire 3-1 à Athènes, ce maillot ne sera plus réutilisé.
Un an plus tard, à Gelsenkirchen, la France est battue 2-1 par la RFA. La tenue utilisée ce jour-là ne le sera qu’une seule fois. Mais cela résulte sans doute d’une erreur de conception de la tunique. En effet, le coq est brodé pour une raison inconnue non pas sur le cœur, mais sur le côté droit du maillot.
Des manches blanches contre les Bianconeri
A la fin des années 70 et au début des années 80, les Tricolores avaient l’habitude de jouer leur match de début de saison contre une équipe de club et de verser la recette à l’UNFP (Union nationale des footballeurs professionnels). Le 3 septembre 1980, c’est la Juventus Turin qui se déplace au Parc des Princes. Si les Bleus s’imposent 1-0, le maillot des Bleus interroge. En première mi-temps, ils jouent avec leur tenue habituelle, mais abordent la seconde période avec un haut bleu aux manches blanches que l’on ne reverra plus jamais.
Six ans plus tard, l’équipe de France, récente demi-finaliste de la Coupe du monde mais orpheline de Rocheteau, Giresse ou encore Bossis, débute sa campagne qualificative pour le championnat d’Europe à Reykjavik (0-0). A cette occasion, les Français évoluent en blanc, mais il s’agit de l’ensemble extérieur qu’utilisait à cette époque l’équipe de France Espoirs.
Un collector pour un centenaire, en 2004
La dernière tenue à usage unique produite par Adidas était aussi un collector, spécialement conçu pour le centenaire de la FIFA. Le 20 mai 2004, les deux derniers champions du monde (la France et le Brésil) se sont affrontés pour le match anniversaire de la Fédération internationale (0-0). Cette dernière avait demandé à ce que les joueurs évoluent avec des maillots tels qu’ils étaient cent ans plus tôt. Le Brésil a utilisé un ensemble blanc avec une bande bleue au niveau des manches, assez semblable au tout premier maillot de la Seleçao en 1914. Les Français ont joué avec un maillot bleu orné des anneaux de l’USFSA conçu sur le modèle de celui de leur premier match en 1904, à la différence près qu’il était blanc à cette époque.
C’est donc avec ce qu’on pourrait qualifier de tenue de rechange, en se basant sur les critères de 1904, que la France a reçu le Brésil. Et comme les choses sont bien faites, il était en effet d’usage à cette époque que ce soit l’équipe recevant qui change de couleur si son hôte en avait une similaire. Toutefois, ces tenues n’ont été utilisées que lors de la première mi-temps, à la demande des joueurs qui les trouvaient inconfortables.
Un ruban rouge et un flocage en braille
Pour être tout à fait complet sur ce sujet, deux autres rencontres méritent d’être mentionnées. Le 13 décembre 1994, la France affronte l’Azerbaïdjan à Trabzon en éliminatoires de l’Euro 1996 (victoire 2-0). A cette occasion, le Bleus portent sur la poitrine, à l’opposé du coq, le ruban rouge de la lutte contre le Sida. C’est la seule fois de l’histoire qu’un emblème défendant une cause sera affiché sur le maillot de la sélection.
Le 2 juin 2009 à Saint-Etienne, pour commémorer le bicentenaire de la naissance de Louis Braille, le nom des joueurs est floqué en alphabet braille sur la tenue des joueurs. Cela n’a pas porté chance aux Français, battus 1-0 par le Nigéria. C’était aussi le 107e et dernier match en sélection de Patrick Vieira.