Le résultat était-il prévisible ?
L’hypothèse d’une défaite n’a pas effleuré grand monde avant le coup d’envoi. Après tout, même entraînée par le grand Safet Susic, la Bosnie n’avait rien d’un épouvantail. C’est ce qu’on disait de l’Irlande il y a deux ans avant le barrage retour, et on connaît la suite. Le scénario s’est donc répété au Stade de France mardi soir avec une équipe visiteuse sans aucun complexe qui a pris les Bleus à la gorge et leur a fait passer un épouvantable quart d’heure, privés de ballons et réduits à balancer en corner.
C’est alors qu’elle commençait à sortir timidement la tête de l’eau que l’équipe de France a plié juste avant la mi-temps, victime d’une grosse erreur d’inattention et d’une frappe superbe de Dzeko. Menés au plus mauvais moment, les Bleus revenaient KO des vestiaires, d’autant que Laurent Blanc tardait à faire entrer Martin et Gameiro. C’est après l’heure de jeu qu’ils parvenaient enfin à revenir dans la partie, plus précisément après une nouvelle grosse occasion de Dzeko. Martin et Nasri se défiaient au coup-franc, alors que Ménez ouvrait d’énormes brèches sur le flanc gauche de l’attaque, sans parvenir à bien finir ses actions.
Que se serait-il passé sans l’incroyable boulette d’Emir Spahic ? Pas certain que les Bleus seraient revenus au score, mais il faut faire crédit à Samir Nasri d’avoir eu le cran de tirer un pénalty déterminant. Au final, le nul est presque flatteur pour la Bosnie. Mais rien n’aura été facile pour l’équipe de France dans ces éliminatoires, du début à la fin.
L’équipe est-elle en progrès ?
La première moitié de la première mi-temps a été terrible, même si aucun but n’aura été encaissé sur cette période. Plus aucun fond de jeu, une défense débordée, un milieu de terrain aux abonnés absents et des attaquants trop statiques : il aurait fallu à Laurent Blanc la possibilité de changer la moitié de l’équipe à ce moment-là. Les absence de Mexès en défense centrale et de Benzema devant ont pesé très lourd mardi soir, mais ce qui est plus inquiétant, c’est l’impuissance technique, tactique et physique des Bleus. un début de match de ce gabarit contre l’Espagne ou l’Allemagne pourrait déboucher sur un carton.
La dernière demi-heure, nettement meilleure dans la vitesse, la combativité et la récupération aura en partie rassuré. En partie seulement compte tenu de la maladresse des Bosniens devant, car un deuxième but encaissé aurait probablement été fatal aux Bleus. On leur reconnaîtra au moins la capacité à revenir dans un match très mal engagé, mais leur faiblesse offensive (quinze buts marqués en dix matches, dont neuf buts contre le Luxembourg et l’Albanie) est inquiétante pour l’avenir.
Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
Invisible pendant le naufrage du début de match, Samir Nasri a progressivement repris pied en fin de première mi-temps avant de s’imposer en deuxième. Même s’il tire deux corners dans les bras du gardien, il place un coup franc que Begovic dévie sur sa barre, provoque le pénalty, le transforme avec beaucoup de sang-froid et se procure une autre belle occasion sur une frappe lobée.
Pas très inspiré côté droit en première période, Jérémy Ménez a été bien meilleur quand il est passé à gauche après la sortie de Malouda. Sa facilité à effacer un adversaire sur un coup de rein, ses accélérations impressionnantes ont déstabilisé la défense bosnienne. Encore pas mal de déchet dans le dernier geste, avec des centres manquant de précision et une sorte de tir raté en fin de match alors que Gameiro était bien placé.
Entré à une demi-heure de la fin, Marvin Martin aura été le détonateur, avec dans une moindre mesure Gameiro, du retour des Bleus. Dans un rôle de relayeur, il a tenté d’accélérer le jeu et a failli égaliser d’un coup franc bien enveloppé.
Enfin, Loïc Rémy a été le seul en première mi-temps à tenter de bouger la défense bosnienne, mais il a gâché une grosse occasion à la 9e minute qui aurait permis aux Bleus d’ouvrir le score, en contrôlant mal le ballon à plusieurs reprises. Mais sur les deux derniers matches, il a montré des qualités évidentes et sera intéressant à revoir à droite avec Benzema dans l’axe et Ménez à gauche.
Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Hormis sans doute Eric Abidal (et encore, si on a la bonté d’oublier un ballon manqué de la tête dans la surface en tout début de match) et à la rigueur un Réveillère qui n’est jamais monté, le secteur défensif a beaucoup souffert, comme sans doute jamais depuis un an. Adil Rami est passé complètement au travers face à un Dzeko qui a gagné tous ses duels, et c’est une très mauvaise nouvelle pour Laurent Blanc.
Il faudra bien sûr le revoir avec Mexès à ses côtés et surtout avec Abidal sur le flanc gauche, tant Patrice Evra a encore sorti une prestation consternante. Très loin du ballon à chaque fois que les Bosniens ont attaqué de son côté (et ils ne s’en sont pas privés), maladroit au possible en phase offensive, le Mancunien doit sans doute sa place à une concurrence gentillette, du moins tant que Jérémy Mathieu n’est pas essayé.
Au milieu, M’Vila n’a pas non plus brillé. En première mi-temps, il a été régulièrement pris de vitesse par ses adversaires directs, et sur le coup-franc qui amène le but de Dzeko, il est pour le moins nonchalant.
Enfin, Florent Malouda ne s’est fait remarquer que par une belle ouverture pour Rémy en tout début de match. Le retour prochain de Ribéry, voire de Ben Arfa, et la bonne fin de match de Ménez à gauche suffiront-ils à lui faire perdre sa rente de situation ?
Quelles sont les attentes pour la prochaine rencontre ?
En évitant des barrages qui s’annonçaient très délicats (d’autant que l’Irlande se serait fait un plaisir de nous accueillir à Dublin en novembre), les Bleus ont gagné huit mois de tranquillité. Un match amical contre les Etats-Unis serait en négociation pour le mois de novembre, mais on attend avec impatience l’Allemagne-France de février prochain. Plus que les résultats bruts sans grande importance, on attendra de voir comment va évoluer le groupe avec les retours de Benzema, Ribéry, Sagna, Mexès et Gourcuff, voire éventuellement de Ben Arfa.