A quoi sert le classement FIFA ? On pourrait dire à rien, mais outre que ce ne serait pas gentil pour la maison Blatter, ce serait aussi inexact : s’il est effectivement insignifiant en terme de palmarès, il a des conséquences au moment des tirages au sort, ceux des phases qualificatives et des phases finales européennes et mondiales. Par exemple, si les Bleus doivent jouer des barrages en novembre prochain pour tenter de décrocher une place au Brésil, leur mauvais classement ne les mettra pas en position de force et les contraindra sans doute à un retour à l’extérieur contre une équipe mieux classée.
Le classement FIFA existe depuis 1993, avec des modes de calcul qui ont varié sur cette période. Voyons ce qu’a donné le classement des huit champions du monde depuis vingt ans.
Pour l’équipe de France, qui n’était que 18e en juin 1998, avant que ne commence sa coupe du monde, il aura fallu attendre mai 2001 et sa belle victoire contre le Portugal (4-0) pour la voir atteindre la première place. Les Bleus sont restés premiers pendant un an, jusqu’en mai 2002. La coupe du monde en Asie leur coûtera la première place, mais il faudra attendre avril 2005 pour les voir tomber du podium (4e), qu’il ne retrouveront qu’en septembre 2006 (2e) pour deux mois, puis une dernière fois en juin 2007 (2e). Le point bas a été atteint en septembre 2010, à la 27e place. Depuis octobre 2010, les Bleus naviguaient entre la 12e et la 19e place. Leur très mauvais parcours depuis le début de l’année vient de les faire tomber au 23e rang mondial, à hauteur des Etats-Unis et du Ghana.
L’Espagne a conquis la première place à l’été 2008, après l’Euro en Autriche, et ne l’a lâché que deux mois à l’été 2009 (coupe des Confédérations), deux mois au printemps 2010 et un mois à l’été 2011. A chaque fois pour être classé deuxième, faut-il le préciser. Depuis l’été 1993, son pire classement a été 25e (en mars 1998), mais elle était sur le podium en 1994 (2e) et en 2002-2003 (3e).
L’Italie a été première en novembre 1993, puis de février à septembre 2007. Elle n’est jamais descendue sous la 16e place, qu’elle a atteint plusieurs fois, juste avant la coupe du monde 1994 (où elle finira deuxième), en 1998 et en octobre 2010. Mais sur la durée, ses résultats sont plutôt chaotiques avec autant de creux que de bosses. Son titre mondial de 2006 n’a pas eu de suite avant son Euro l’an dernier, et depuis quelques mois l’Italie navigue entre la 5e et la 10e place.
Le Brésil a été si souvent 1er depuis la création du classement FIFA qu’on a longtemps cru qu’il avait été conçu spécialement pour lui (à l’époque où Joao Havelange était président). De juillet 1994 à mars 2001, il n’a jamais quitté la tête, et quand il l’a perdue, il l’a très vite retrouvée (juillet 2002) pour quatre ans et demi (janvier 2007). En 2010, il la retrouve juste avant la coupe du monde, mais à partir de cette date commence la dégringolade aussi spectaculaire que l’action Lehmann Brothers, avec un plancher atteint en début juin dernier (22e). Une victoire retentissante contre les Bleus lui permettait de remonter à toute vitesse en enchaînant six succès d’affilée, contre notamment l’Italie, l’Uruguay et l’Espagne, excusez du peu. Le Brésil est désormais neuvième et vient de gagner 13 places en un mois.
L’Allemagne aura été le premier leader du classement FIFA en juillet 1993. Manque de chance, c’était une équipe en fin de règne, qui allait perdre sa première place en juin 1994 pour ne jamais la retrouver, même en gagnant son dernier titre international lors de l’Euro 1996 en Angleterre. A partir de 2003 commence une descente aux enfers qui amènera la Mannschaft à la 22e place en mars 2006, trois mois avant le début de sa coupe du monde où elle finira troisième. Le rebond est immédiat avec une stabilisation à la 5e place à partir de janvier 2007 et une omniprésence dans le podium depuis deux ans. Elle n’a plus lâché la deuxième place depuis l’été 2012.
L’Argentine aura été une des plus irrégulières du lot. Première que ponctuellement lors du premier semestre 2008, l’Albiceleste a navigué entre la 5e et la 10e place pendant trois ans avant de plonger à l’été 1996 (24e) et de ne retrouver le top 10 qu’en mars 1998 (7e). Entre l’été 2008 et l’été 2012, elle se situe loin de ses prétentions, autour de la huitième place. Sa remontée rapide à l’automne 2012 coïncide avec l’efficacité retrouvée de Messi en sélection. Longtemps troisième, elle occupe la quatrième place derrière l’Espagne, l’Allemagne et la Colombie.
L’Angleterre n’a jamais été première au classement FIFA. Et pour cause, depuis 1993, elle n’a jamais brillé, si l’on excepte une demi-finale lors de son Euro en 1996, mais il est arrivé quelques mois après le pire classement de l’équipe aux Trois Lions (27e en mars 1996). La remontée qui a suivi a permis aux Blancs d’atteindre la 4e place en décembre 1997, avant de retomber à la 17e place en janvier 2001 et de surfer autour de la 10e place depuis, avec une pointe sur le podium (3e) en août-septembre 2012.
L’Uruguay, enfin, est l’autre ex-champion du monde à n’avoir jamais eu les honneurs du sommet du classement FIFA. Il s’en est pourtant approché de près en juin 2012 (2e), mais l’embellie n’a pas duré et depuis il est retombé sous la quinzième place. C’est tout de même beaucoup mieux que les profondeurs de 1998-99 quand la Celeste s’était effondrée à la 76e place. Entre 1999 et 2001, les champions du monde 1930 et 1950 sont remontés par paliers, d’abord autour du 40e rang, puis autour du 20e jusqu’en 2010. La période 2010-2012 est la meilleure depuis très longtemps pour l’Uruguay, avec une quatrième place à la coupe du monde en Afrique du Sud, une Copa America en 2012 et une quatrième place à la coupe des Confédérations. Son mois de juin très correct lui permet de revenir à la 12e place.