Dialogue avec Soccer Nostalgia : Henri Michel, saison 1 (1984-85)

Publié le 20 mars 2023 - Bruno Colombari

Les échanges transatlantiques (il vit en Californie) avec Shahan Petrossian se poursuivent autour des Bleus dans les années 1980. Après les saisons de Michel Hidalgo, voici celles de son successeur Henri Michel. Au début, tout va bien...

8 minutes de lecture
Lire sur le site de Soccer Nostalgia The Soccernostalgia Interview-Part 51
Cet article fait partie de la série Dialogue avec Soccer Nostalgia
Lire la version en anglais. English version here
Soccernostalgia : Henri Michel est devenu le sélectionneur de l’équipe nationale après avoir mené la France à la victoire aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. Il a hérité d’une équipe de Michel Hidalgo qui venait de remporter l’Euro et comprenait peut-être le meilleur joueur du monde à ce moment-là, Michel Platini. Comment sa nomination a-t-elle été considérée à l’époque ?

Bruno Colombari :Elle était calée depuis 1982, ce qui est très rare dans les transitions entre sélectionneurs. Henri Michel était très jeune, il avait arrêté sa carrière de joueur en 1982, à 34 ans, et en avait donc 36 quand il est devenu sélectionneur de l’équipe de France. Pour qu’il se forme, on lui a confié l’équipe de France olympique, après que le président de la FFF, Fernand Sastre, lui ait proposé de s’occuper de l’équipe de France féminine.
Mais Michel Hidalgo, qui n’avait que 51 ans, soit trois de moins que Deschamps aujourd’hui, aurait pu continuer. Il l’a d’ailleurs regretté par la suite, en disant qu’il avait pris sa décision de quitter son poste après l’Euro un peu trop tôt. Personnellement, je pense qu’il aurait été préférable pour les Bleus qu’il reste en poste jusqu’en 1986, en accompagnant jusqu’au bout la génération des Bossis, Rocheteau et Platini qu’il avait lancée. D’autant, on le verra, que l’apport d’Henri Michel pendant ses deux premières saisons a été minime. Il a été plus dans l’héritage que dans la réinvention.

La saison a commencé le 5 septembre 1984, avec un match amical à Paris contre le club italien de l’Inter avec Liam Brady et la nouvelle recrue Karl-Heinz Rummenigge, perdant (0-1). Henri Michel a choisi d’expérimenter et a inclus certains de ses olympiens comme Bibard et Bijotat. Comment cette défaite a-t-elle été perçue ?

C’est le seul match perdu de toute l’année 1984, mais par chance, c’est le seul aussi qui n’était pas officiel puisque c’était contre un club. C’est aussi la dernière fois qu’un tel match est organisé en ouverture de la saison, et ça n’a manqué à personne. Pendant la période Hidalgo, les Bleus se faisaient un devoir de remporter ce match-là, hormis en 1981 face à Stuttgart (1-3). Mais là, entre le titre de champion d’Europe et la médaille d’or aux JO de Los Angeles, cette défaite n’a pas laissé de traces. D’ailleurs, elle a été largement oubliée depuis.

La France a bien démarré sa saison avec un match de qualification pour la Coupe du monde, le 13 octobre 1984, à Luxembourg. La France s’est imposée confortablement (4-0). Stopyra a-t-il cimenté sa place pour Mexico 1986 à partir de ce match ?

Ce n’était pas une révélation, car il avait été lancé en 1980, quatre ans plus tôt, mais, malgré un très bon match contre le Portugal en février 1983 où il avait d’ailleurs signé un doublé, il n’avait jamais trouvé sa place en attaque. Bernard Lacombe ayant mis un terme à sa carrière internationale à l’Euro où Dominique Rocheteau avait été très décevant, Henri Michel cherchait un vrai avant-centre, capable de peser sur les défenses adverses et d’ouvrir des espaces pour Platini et Giresse. Et quand un nouveau sélectionneur rappelle un joueur qui avait été écarté, c’est très important de ne pas le décevoir.


 

On se souvient également de ce match pour le remplacement de Platini, afin qu’il puisse retourner en Italie et jouer en Serie A le lendemain. Que pouvez-vous dire de cette anecdote ?

C’est aberrant (et désormais impossible) qu’un joueur enchaîne deux matchs en 24h, même si Pelé l’a souvent fait dans sa carrière lorsque Santos faisait des tournées amicales dans le monde entier. Mais la Juve jouait en championnat contre Vérone le dimanche, et visiblement elle avait les arguments nécessaires pour négocier avec Henri Michel que Platini passe moins d’une heure sur la pelouse (il sort à la 57e). Dommage, parce qu’alors qu’elle menait 4-0 à la 32e minute, l’équipe de France n’a plus marqué dans la dernière demi-heure.

Le 21 novembre 1984, la France a disputé son prochain match de qualification pour la Coupe du monde face à la Bulgarie à Paris. La France s’est imposée avec beaucoup de difficulté, Platini faisant la différence sur penalty. Était-il évident à ce stade que la Bulgarie serait l’adversaire le plus coriace du groupe ?

 C’était difficile à dire. La Bulgarie avait participé à quatre phases finales de Coupe du monde d’affilée entre 1962 et 1974, à l’époque justement où les Français se faisaient rares. Mais ce n’était pas encore la grande équipe de 1994, qui irait en demi-finale mondiale aux Etats-Unis. Et les Bleus ont copieusement dominé les Bulgares pendant une heure, mais, comme face au Luxembourg, ils ont manqué de réalisme devant. Le pénalty sifflé en faveur des Bleus est généreux (ballon sur le bras d’un défenseur dans la surface), mais aujourd’hui il est systématiquement sifflé. Victoire serrée, donc, mais victoire importante, la onzième de l’année.


 

Le troisième match de qualification de la France pour la Coupe du monde et le dernier match de 1984 a eu lieu le 8 décembre 1984, à Paris contre l’Allemagne de l’Est. La France a remporté son troisième match de qualification consécutif (2-0). Le public croyait-il à ce stade que la qualification était plus ou moins atteinte ?

Non, car il restait encore trois déplacements compliqués à venir en 1985, et on se souvenait qu’en 1976 et en 1980 de bons débuts avaient été suivis de matchs ratés à l’extérieur. Mais en tout cas, le début de mandat d’Henri Michel était parfait, avec trois victoires en trois matchs et aucun but encaissé, hormis celui de Collovati contre l’Inter. Pour la première fois, il pouvait aligner ensemble le carré magique de l’Euro, après les forfaits de Tigana puis de Giresse lors des matchs précédents. Et Platini va sortir un match immense : il ne marque pas, mais il offre des ballons de but à tout le monde, en rappelant qu’il est aussi un très grand joueur collectif. 

La victoire de la France sur l’Allemagne de l’Est était sa 12e dans l’année civile. En fait, la France a remporté chacun de ses matches au cours de l’année civile. Jusqu’à présent, était-ce l’année la plus glorieuse pour l’équipe nationale ?

D’un point de vue statistique, certainement : douze victoires sur douze, 27 buts marqués (dont 13 pour le seul Platini), quatre buts encaissés, dix clean sheets pour Bats (et Bergeroo qui est entré contre l’Autriche), des victoires sur l’Angleterre, la RFA, la Belgique et l’Espagne, un premier titre pour les 80 ans de la sélection… Après, il faut modérer l’appréciation par le fait que les Bleus ont joué onze fois sur douze à domicile, et le seul match à l’extérieur était au Luxembourg. Et ils n’ont rencontré aucune équipe sud-américaine, ni l’Italie, ni l’URSS. En 1984, c’était évidemment la plus belle année des Bleus depuis 1904. Depuis, elle a sûrement été dépassée par 2000 et sans doute par 2018 et 1998, forcément.


 

Ce match contre l’Allemagne de l’Est était aussi le dernier du président de la Fédération française Fernand Sastre, bientôt remplacé par Jean Fournet-Fayard. Quel a été le rôle de Sastre dans le progrès de la France au cours de la dernière décennie ?

C’était un très grand dirigeant, que l’on retrouvera d’ailleurs en 1998 lorsqu’il coprésidait le comité d’organisation de la Coupe du monde, avec Michel Platini. Malheureusement, il est mort le 13 juin, au lendemain de la victoire des Bleus contre l’Afrique du Sud. Il aurait mérité d’assister à la finale, pour l’ensemble de son œuvre : pendant son mandat, entre 1972 et 1984, le nombre de licenciés en France double et l’équipe de France passe du statut d’équipe de seconde zone, à peu près au niveau de la Suisse, à celle de championne d’Europe et de favorite pour la Coupe du monde. C’est lui qui fait venir Stefan Kovacs en 1973, puis qui nomme Michel Hidalgo en 1976, une très riche idée assurément. Et c’est sous son mandat, en décembre 1981, que la France obtient l’organisation de l’Euro 1984 après avoir fait acte de candidature en 1979, et qu’elle est la seule à ce jour à avoir gagné à domicile depuis la refonte du tournoi en 1980.

Il y aurait plusieurs mois d’inactivité avant le prochain match. Le 3 avril 1985, la France se rendait en Yougoslavie pour son prochain match de qualification. Le match nul sans but a-t-il été perçu comme décevant ou un bon point gagné à l’extérieur ?

C’était une déception, car les Bleus avaient battu la Yougoslavie deux fois récemment, en 1983 en amical (4-0) et en 1984 à l’Euro (3-2). Mais c’était à l’extérieur, et comme d’habitude à cette époque, les Bleus voyageaient très mal : lors des 20 dernières années, ils avaient joué 26 fois en compétition sur terrain adverse (hors phases finales), pour seulement 9 victoires, dont 3 contre le Luxembourg, 3 contre la Norvège et une à Chypre… Avec Hidalgo, la seule victoire significative à l’extérieur a eu lieu en Suède en 1979 (3-1) mais elle n’aura servi à rien.


 

A l’instar de Stopyra lors des matches précédents, pensez-vous que William Ayache a gagné sa place dans le groupe français après ce match ?

Il a profité du passage de Battiston en défense centrale et des prestations décevantes de Michel Bibard au poste d’arrière droit, même s’il jouait comme lui au FC Nantes, en latéral gauche d’ailleurs. Ce n’est que sa deuxième sélection, après celle de l’automne 1983, et même s’il n’a pas fait une grande carrière en Bleu, il jouera en tout 20 fois jusqu’en 1988 et fera une bonne Coupe du monde. Il a même eu une occasion de but à Sarajevo, qu’il n’a pas convertie. Mais il a fait un bon match.

Le dernier match de la saison de la France, et son prochain match de qualification pour la Coupe du monde était à Sofia pour affronter la Bulgarie. Le match de 1976 a été mémorable pour toutes les mauvaises raisons. Pour ce match du 2 mai 1985, la France subit sa première défaite (0-2) depuis sa défaite face au Danemark en 1983. Une séquence de 15 matches. Comment cette perte était-elle perçue à l’époque ?

 Je me souviens d’une anecdote qui m’a marquée, moi qui suis très mauvais en pronostics : je passais mon permis de conduire ce printemps-là (j’allais avoir 19 ans) et j’avais parié une leçon de conduite avec le moniteur de l’auto-école que la France allait perdre à Sofia. La France a perdu, et moi j’ai gagné une leçon gratuite ! Plus sérieusement, c’était la démonstration que, selon la formule de Lampedusa, « tout change pour que rien ne change » : l’équipe de France est meilleure que jamais, et elle perd encore à Sofia. Côté français, par contre, on ne doutait pas beaucoup, et il était question d’aller gagner en Bulgarie. Grave erreur. Après un bon début de match, les Bleus encaissent un but sur corner (autre point faible) et jouent à l’envers, manquent des occasions franches et encaissent un deuxième but sur corner, alors que Bats restait sur cinq clean-sheets. L’Equipe avait d’autre part pointé du doigt un Stopyra décevant, qui sera bien meilleur un an plus tard au Mexique.


 

A la fin du mois, Platini avec son club Juventus, a connu la catastrophe du Heysel. Était-ce en quelque sorte le point de référence après lequel Platini n’a plus jamais été le même joueur à cause de la tragédie ?

C’est ce qu’il a dit en tout cas. Il a été marqué par le drame, bien sûr, mais aussi sans doute par son attitude ce soir-là après son but sur pénalty notamment, qu’il a fêté de façon pas très correcte, au pied de la tribune où sont morts les supporters italiens. Mais il a connu une saison 1985-86 difficile et arrivera au Mexique blessé, on y reviendra. Il avait connu son pic de forme et d’efficacité en 1984. A partir de 1985, il va commencer à décliner. 

Henri Michel n’a pas beaucoup expérimenté cette saison, faisant confiance à l’équipe qui avait remporté l’Euro. Les principales nouveautés étaient Bibard et Ayache en défense et le principal bénéficiaire de la saison, Stopyra en attaque. Alors que Specht, Brisson, Sénac et Anziani ont fait des apparitions éphémères. Que pensez-vous des expérimentations ?

Elles étaient certainement insuffisantes, et les Bleus le paieront cher en 1986 au Mexique. Mais, à la décharge d’Henri Michel, il n’a eu qu’un seul match amical dans le calendrier de cette saison 1984-85, et c’était début septembre contre l’Inter. Donc peu d’occasion de faire des expérimentations, sauf à la limite contre le Luxembourg en octobre. En fait, il s’est retrouvé un peu dans la position de Roger Lemerre entre 2000 et 2002, avec une certaine « sénatorisation » des cadres qui avaient leur place assurée sauf blessure. Le manque de concurrence et surtout d’alternative ne laissaient pas beaucoup de choix au sélectionneur, qui a préféré ne pas prendre de risques.

Quel bilan faites-vous de la première saison d’Henri Michel aux commandes ?

Pour compléter ce que je disais au début, il n’est pas évident qu’on ait gagné au change avec le départ de Michel Hidalgo. Henri Michel n’a pas la même légitimité que lui, il est très proche des cadres à la différence d’âge (huit ans d’écart avec Platini, qui a été son coéquipier en sélection) mais n’a pas connu 1982 et 1984 sur le terrain. Ce n’est pas un très bon orateur, il expliquait après coup que les conférences de presse le mettaient mal à l’aise, et il n’a pas d’expérience d’entraîneur de club. Autant de caractéristiques qu’on retrouvera chez Platini entre 1988 et 1992 d’ailleurs, avec le même résultat (mais pas les mêmes joueurs, hormis Amoros et Fernandez).

pour finir...

English version

Soccernostalgia : Henri Michel became National Team Manager after leading France to victory in the 1984 Los Angeles Olympics. He inherited a team from Michel Hidalgo that had just won the Euros and included perhaps the best player in the World at that moment, Michel Platini. How was his appointment regarded at the time ?

Bruno Colombari : It had been stalled since 1982, which is very rare in transitions between coaches. Henri Michel was very young, he had stopped his playing career in 1982, at the age of 34, and was therefore 36 when he became coach of the France team. For him to train, he was entrusted with the French Olympic team, after the president of the FFF, Fernand Sastre, offered him to take care of the French women’s team.
But Michel Hidalgo, who was only 51, three years younger than Deschamps today, could have continued. He also regretted it afterwards, saying that he had made his decision to leave his post after the Euro a little too early. Personally, I think it would have been preferable for the Blues if he remained in office until 1986, accompanying the generation of Bossis, Rocheteau and Platini that he had launched until the end. Especially, as we will see, the contribution of Henri Michel during his first two seasons was minimal. It was more in the legacy than in the reinvention.

The season started on September 5, 1984, with a friendly in Paris against Italian club Inter that included Liam Brady and new signing Karl-Heinz Rummenigge, losing (0-1). Henri Michel chose to experiment and included some of his Olympians like Bibard and Bijotat. How was this loss viewed ?

It was the only match lost in the whole of 1984, but luckily it was also the only one that was not official since it was against a club. It is also the last time that such a match is organized at the start of the season, and no one missed it. During the Hidalgo period, the Blues made a point of winning this match, except in 1981 against Stuttgart (1-3). But there, between the title of European champion and the gold medal at the Los Angeles Olympics, this defeat did not leave a mark. Moreover, it has been largely forgotten since.

France properly started its season with a World Cup qualifier, on October 13, 1984, at Luxembourg. France won comfortably (4-0). Did Stopyra cement his place for Mexico 1986 starting with this match ?

It was not a revelation, because he had been launched in 1980, four years earlier, but, despite a very good match against Portugal in February 1983 where he had also scored a double, he had never found his place in attack. Bernard Lacombe having put an end to his international career at the Euro where Dominique Rocheteau had been very disappointing, Henri Michel was looking for a real center forward, capable of weighing on the opposing defenses and opening up spaces for Platini and Giresse. And when a new coach recalls a player who had been dismissed, it is very important not to disappoint him.

This match is also remembered for Platini being substituted, so that he could return to Italy and play in the Serie A in the following day. What can you say about this anecdote ?

It’s absurd (and now impossible) for a player to play two games in 24 hours, even if Pelé has often done so in his career when Santos made friendly tours around the world. But Juve were playing in the league against Verona on Sunday, and obviously they had the necessary arguments to negotiate with Henri Michel that Platini spend less than an hour on the pitch (he left in the 57th). Too bad, because while they were leading 4-0 in the 32nd minute, the French team did not score in the last half hour.

On November 21, 1984, France played its next World Cup qualifier facing Bulgaria at Paris. France won with great difficulty with Platini making the difference with a penalty kick. Was it obvious at this point that Bulgaria would be the toughest opponents in the Group ?

It was hard to say. Bulgaria had participated in four World Cup finals in a row between 1962 and 1974, at the time when the French were scarce. But it was not yet the great team of 1994, which would go to the world semi-finals in the United States. And the Blues copiously dominated the Bulgarians for an hour, but, as against Luxembourg, they lacked realism in front. The penalty whistled in favor of the Blues is generous (ball on the arm of a defender in the area), but today it is systematically whistled. Close victory, therefore, but important victory, the eleventh of the year.

France’s third World Cup qualifier and the last match of 1984 was on December 8th, 1984, at Paris vs. East Germany. France won its third straight qualifier (2-0). Did the public believe at this point that qualification was more or less achieved ?

No, because there were still three complicated trips to come in 1985, and we remembered that in 1976 and 1980 good starts had been followed by failed away games. But in any case, the start of Henri Michel’s mandate was perfect, with three wins in three games and no goals conceded, except that of Collovati against Inter. For the first time, he could line up the magic square of the Euro together, after the withdrawals of Tigana then Giresse in previous matches. And Platini is going to have a huge game : he does not score, but he offers goal balls to everyone, recalling that he is also a very great collective player.

France’s win over East Germany was its 12th in the calendar year. In fact, France won every single one of its matches in the calendar year. Up to this point, was this the most glorious year for the National Team ?

From a statistical point of view, certainly : twelve wins out of twelve, 27 goals scored (including 13 for Platini alone), four goals conceded, ten clean sheets for Bats (and Bergeroo who entered against Austria), victories on England, the West Germany, Belgium and Spain, a first title for the 80th anniversary of the selection… Afterwards, we must moderate the appreciation by the fact that the Blues have played eleven times out of twelve at home, and the only away game was in Luxembourg. And they did not meet any South American team, nor Italy, nor the USSR. In 1984, it was obviously the best year for the Blues since 1904. Since then, it has surely been overtaken by 2000 and probably by 2018 and 1998, of course.

This match vs. East Germany was also the last one for French Federation President Fernand Sastre, soon to be replaced by Jean Fournet-Fayard. What was Sastre’s role in France’s progress in the last decade ?

He was a very great leader, who we will also find in 1998 when he co-chaired the organizing committee of the World Cup, with Michel Platini. Unfortunately, he died on June 13, the day after the victory of the Blues against South Africa. He would have deserved to attend the final, for all of his work : during his mandate, between 1972 and 1984, the number of licensees in France doubled and the French team went from being a second-class team, roughly at the level of Switzerland, that of European champion and favorite for the World Cup. It was he who brought in Stefan Kovacs in 1973, then who appointed Michel Hidalgo in 1976, a very rich idea certainly. And it was under his mandate, in December 1981, that France obtained the organization of Euro 1984 after applying in 1979, and that it is the only one to date to have won at home since the redesign of the tournament in 1980.

There would be many months of inactivity before the next match. On April 3rd, 1985, France traveled to Yugoslavia for its next qualifier. Was the scoreless tie seen as disappointing or a good away point earned ?

It was a disappointment, because the Blues had beaten Yugoslavia twice recently, in 1983 in a friendly (4-0) and in 1984 at the Euro (3-2). But it was away, and as usual at that time, the Blues traveled very badly : in the last 20 years, they had played 26 times in competition on opposing ground (excluding final stages), for only 9 victories, including 3 against Luxembourg, 3 against Norway and one in Cyprus… With Hidalgo, the only significant away victory took place in Sweden in 1979 (3-1) but it was useless.

Just like Stopyra in previous matches, do you think William Ayache earned his place in the French Group after this match ?

He took advantage of the passage of Battiston in central defense and the disappointing performances of Michel Bibard at the right-back position, even if he played like him at FC Nantes, on the left side for that matter. This is only his second cap, after that of autumn 1983, and even if he did not have a great career in Blue, he will play in all 20 times until 1988 and will have a good World Cup. He even had a scoring chance in Sarajevo, which he didn’t convert. But he had a good game.

France’s final match of the season, and its next World Cup qualifier was at Sofia to face Bulgaria. The match in 1976 was memorable for all the wrong reasons. For this match on May 2nd, 1985, France suffered its first loss since losing to Denmark in 1983. A sequence of 15 matches. How was this loss viewed at the time ?

I remember an anecdote that marked me, I who am very bad at forecasting : I was passing my driving license that spring (I was going to be 19) and I had bet a driving lesson with the driving school instructor that France was going to lose in Sofia. France lost, and I won a free lesson ! More seriously, it was the demonstration that, according to the formula of Lampedusa, « everything changes so that nothing changes » : the French team is better than ever, and it loses again in Sofia. On the French side, on the other hand, there was not much doubt, and it was a question of going to win in Bulgaria. Serious mistake. After a good start to the match, the Blues conceded a goal from a corner (another weak point) and played backwards, missing clear chances and conceding a second goal from a corner, while Bats remained on five clean sheets. L’Equipe also pointed to a disappointing Stopyra, which will be much better a year later in Mexico.

At the end of the month, Platini with his club Juventus, experienced the Heysel disaster. Was this in some way, the reference point after which Platini was never the same player due to the tragedy ?

That’s what he said anyway. He was marked by the drama, of course, but also undoubtedly by his attitude that evening after his goal on penalty in particular, which he celebrated in a not very correct way, at the foot of the platform where the Italian supporters had died. But he had a difficult 1985-86 season and will arrive in Mexico injured, we will come back to this. He had known his peak of form and efficiency in 1984. From 1985, he will begin to decline.

Henri Michel did not experiment much this season, trusting the team that had won the Euros. The main novelties included Bibard and Ayache in defense and the main beneficiay of the season, Stopyra upfront. While Specht, Brisson, Sénac and Anziani made fleeting appearances. What do you think of the experimentations ?

They were certainly insufficient, and the Blues will pay dearly for it in 1986 in Mexico. But, in the defense of Henri Michel, he had only one friendly match in the calendar of this 1984-85 season, and it was at the beginning of September against Inter. So little opportunity to experiment, except at the limit against Luxembourg in October. In fact, he found himself somewhat in the position of Roger Lemerre between 2000 and 2002, with a certain « senatorization » of executives who had their place assured except for injury. The lack of competition and especially of an alternative did not leave much choice to the coach, who preferred not to take any risks.

What is your assessment of Henri Michel’s first season in charge ?

To complete what I said at the start, it is not obvious that we have gained from the change with the departure of Michel Hidalgo. Henri Michel does not have the same legitimacy as him, he is very close to the executives due to the age difference (eight years apart from Platini, who was his teammate in the selection) but did not know 1982 and 1984 in the field. He is not a very good Public speaker, he explained after the fact that press conferences made him uncomfortable, and he has no experience as a club coach. So many characteristics that we will find at Platini between 1988 and 1992 moreover, with the same result (but not the same players, except Amoros and Fernandez).

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Hommage à Pierre Cazal