Le résultat était-il prévisible ?
Battre une séduisante et flamboyante équipe belge par un score minimum en défendant chaque mètre carré de terrain, ce n’était pas l’option la plus couramment retenue. En fait, il y avait deux scénarios possibles à ce match : le débridé comme face à l’Argentine, où l’attaque la plus prolifique l’emporterait, ou le maîtrisé comme contre l’Uruguay, où le premier qui marque contrôle la partie et se qualifie. C’est le second qui l’a emporté, et tant pis pour le spectacle.
Il est en tout cas remarquable de constater que c’est avec une défense improbable il y a encore six mois que les Bleus ont atteint leur troisième finale de Coupe du monde en n’encaissant aucun but en trois heures de jeu. Alors qu’on croyait bien que l’attaque de feu Griezmann-Mbappé-Giroud, avec Dembélé, Lemar et Fekir en deuxième rideau, allait dynamiter les défenses adverses. Mais c’est ainsi : quand elle était forte devant, comme en 1982 ou en 2002, l’équipe de France a échoué. Quand elle était blindée derrière, comme en 1998, 2006 et 2018, elle est allée au bout.
L’équipe est-elle en progrès ?
Elle est en tout cas sur sa lancée du quart de finale de Nijni-Novgorod, où elle avait fermement tenu la baraque contre l’Uruguay. Pour une équipe à la moyenne d’âge très basse (un peu plus haute que la semaine dernière avec le retour de Blaise Matuidi), la France a fait preuve d’un sang-froid et d’une maturité digne d’une bande de vieux briscards, comme celle de 2006.
Il reste tout de même un nombre trop faible d’occasions franches devant le but adverse qui rendrait les fins de match plus facile. Et toujours ces gamineries comme celle de Mbappé, qui lui a valu un carton jaune aussi mérité que stupide alors que le temps réglementaire était presque terminé. C’est anecdotique en regard de l’enjeu, mais sur une finale, il faudra faire preuve de plus d’intelligence.
Quels sont les joueurs en vue ?
Hugo Lloris a sorti deux arrêts décisifs à la 21e (frappe de Alderweireld) et à la 81e minute (tir de Witsel). Raphaël Varane a encore une fois tenu la baraque, éteignant Lukaku comme il l’avait fait pour Messi et Suarez. Samuel Umtiti a marqué le but de la qualification, mais il a été parfois un peu court derrière. Lucas Hernandez, bien couvert par un Blaise Matuidi positionné quasiment en cinquième défenseur, a fait un match très sérieux.
La prestation de N’Golo Kanté a été encore une fois remarquable. Le milieu de Chelsea a étouffé ses homologues belges, surtout quand il a avancé pour presser plutôt que rester devant ses défenseurs à trente mètres de son but.
Paul Pogba a joué dans le même registre que face à l’Uruguay. Son ouverture pour Mbappé à la 13e était parfaite. Ses remontées de balle à une touche ont aussi fait mal aux Belges, comme sa percée de la 44e qui dépose Moussa Dembélé.
Antoine Griezmann a enfin fait une partie digne de son niveau réel, avec un jeu court bien meilleur que précédemment. Il dépose le corner sur la tête de Samuel Umtiti et a contribué à des sorties de balles propres qui ont permis au bloc français de remonter.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Benjamin Pavard a passé une sale première demi-heure, pendant laquelle Eden Hazard lui a fait toutes les misères possibles. Puis, une fois que les Bleus ont arrêté de reculer pour se décider à jouer, il a repris confiance, au point d’être à deux doigts d’inscrire son second but dans la compétition (39e).
Olivier Giroud s’est encore une fois battu avec courage, mais il n’a toujours pas marqué malgré de nombreuses balles devant le but de Courtois (23e, 31e, 34e, 50e, 56e, 67e), sans doute plus que depuis le début du tournoi. Peut-être dimanche ?
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
On va vite passer sur la formule qui sera rabâchée ad nauseam dans les jours qui viennent, à savoir « une finale ne se joue pas, elle se gagne ». Sauf qu’il faut bien la jouer, surtout si on ne veut pas la voir passer sous notre nez comme celle de 2016, par exemple.
Quel que soit l’adversaire dimanche, et encore plus si c’est l’Angleterre, il va falloir montrer de quoi cette équipe de France est capable. Après avoir défendu avec pugnacité pendant trois heures, essayer d’attaquer, de marquer des buts, d’emballer la rencontre, d’y mettre un peu de folie. Le genre de choses qu’on ne voit jamais en finale mondiale, du moins depuis 1990.
Mais cette édition est tellement surprenante et iconoclaste qu’on ne pariera rien sur ce qui nous attend à Moscou dimanche. Et, bien sûr, les Bleus devront assumer un statut de favori de la compétition qui ne leur a pas réussi les deux dernières fois, en 2006 contre l’Italie et en 2016 face au Portugal.