L’article Histoire des France-Belgique (1) : le classique du siècle est consacré aux 62 rencontres amicales.
Sur 75 France-Belgique (ou Belgique-France) depuis le 1er mai 1904, qui en était d’ailleurs un, il n’y en a que 13 en compétition, soit environ un match sur six. Pour l’instant le bilan est très largement favorable aux Bleus, qui l’ont emporté sept fois pour trois défaites (la dernière en septembre 1981) et trois nuls. Surtout, ils ont gagné les cinq rencontres de phase finale (Euro 1984, Coupes du monde 1938, 1986 et 2018 et Ligue des Nations 2021). Et n’ont été éliminés qu’une fois, lors des phases qualificatives du Championnat d’Europe 1976.
5 juin 1938 : pour une fois, ça compte
Quand le tirage au sort des huitièmes de finale de la Coupe du monde désigne, le 5 mars, la Belgique comme adversaire du pays organisateur, les Français se frottent les mains : ils n’ont perdu qu’une seule des six dernières confrontations, et ont remporté la dernière deux mois plus tôt (5-3). A Colombes, ils mènent déjà après 40 secondes grâce à Emile Veinante, et doublent la mise à la 11e par Jean Nicolas. Après s’être vus trop beaux sans doute, ils laissent la Belgique revenir dans le match (19e, 2-1) et n’assurent définitivement la qualification qu’à la 69e, grâce à un second but de Jean Nicolas. Pour la première fois, l’équipe de France atteint les quarts de finale.
11 novembre 1956 : le quintuplé pour Thadée Cisowski
Etait-ce prémonitoire ? Pour débuter la phase qualificative à la Coupe du monde 1958, l’équipe de France accueille la Belgique. Et, sans Raymond Kopa qui a rejoint le Real Madrid (les clubs étrangers n’étaient pas obligés de libérer leurs internationaux hors phase finale de Coupe du monde) elle l’emporte sur un score de tennis : 6-3, avec un quintuplé de Thadée Cisowski. Avant lui, seul Eugène Maës avait fait aussi bien, en 1913, et après lui, plus personne ne rééditera cet exploit. Et il valait mieux, car la défense française encaissait trois buts, les Belges revenant même de 4-1 à 4-3 juste après l’heure de jeu.
27 octobre 1957 : le premier 0-0 du classique
Au quarante-neuvième match entre la France et la Belgique, pour la première fois, aucun but n’a été marqué. A Bruxelles, les Bleus ont besoin d’un nul pour se qualifier pour la Suède après avoir passé treize buts à l’Islande (8-0, 5-1). Une fois n’est pas coutume, Albert Batteux met en place une tactique prudente en 4-4-2, et titularise le gardien stéphanois Claude Abbes, qui prendra la place de François Remetter lors du premier tour de Coupe du monde, huit mois plus tard. Le match est fermé, mais la qualification acquise. C’était l’essentiel.
11 novembre 1966 : première défaite en compétition
Neuf ans plus tard c’est la qualification pour le Championnat d’Europe 1968 qui est dans le viseur d’une équipe très décevante à la Coupe du monde anglaise. Les Bleus sont dirigés par un duo intérimaire d’entraîneurs de clubs, le Nantais José Arribas et le Stéphanois Jean Snella. L’idée est curieuse et les résultats ne suivent pas, la sélection de l’époque manquant cruellement de joueurs de niveau international. Un doublé express de Paul Van Himst (51e et 54e) suffisent pour battre les coéquipiers de Jean Djorkaeff (le père de Youri) et de Jean-Claude Suaudeau (le futur entraîneur de Nantes). La réduction du score par Georges Lech (1-2) ne suffira pas.
28 octobre 1967 : qualifiés par la petite porte
Le match retour à lieu l’automne suivant à Nantes, mais c’est un Stéphanois, Robert Herbin, qui égalise à six minutes de la fin alors que les Belges mènent depuis la 37e grâce à un but casquette marqué par Roger Claessen, le ballon boxé par le gardien Marcel Aubour tapant le dessous de la transversale avant d’entrer. C’est toutefois suffisant pour se qualifier grâce à quatre victoires contre le Luxembourg et la Pologne. Mais les Bleus se feront sortir en quart de finale par la Yougoslavie (1-1, 1-5).
12 octobre 1974 : quand Lacombe joue les défenseurs
Désormais dirigés par le Roumain Stefan Kovacs, les Bleus abordent les qualifications pour le Championnat d’Europe 1976 avec appréhension, eux qui ont échoué à ce stade depuis six ans. A Bruxelles, ils commencent par une défaite contre la Belgique : Christian Coste égalise rapidement (16e) après le but de Maurice Martens, mais à un quart d’heure de la fin, Bernard Lacombe, replié dans sa surface, veut dribbler François Van der Elst. Mauvaise idée : l’attaquant belge le contre et marque le but de la victoire (2-1).
15 novembre 1975 : Larqué bat Dockx par KO technique
Déjà éliminés quand ils reçoivent les Diables Rouges au match retour, les Français, malgré la présence en attaque du jeune prodige stéphanois Dominique Rocheteau (et de Raymond Domenech en arrière droit), ne peuvent faire mieux qu’un piteux 0-0, le deuxième de la longue histoire franco-belge. A défaut d’être bons balle au pied, ces Bleus-là s’illustrent à la boxe, puisque Jean-Michel Larqué allonge pour le compte le défenseur Jean Dockx qui l’avait proprement découpé. Le capitaine stéphanois, rentré à la mi-temps, ressort 22 minutes plus tard avec un carton rouge.
29 avril 1981 : une esquisse de carré magique, à trois
Après une défaire préjudiciable à Rotterdam contre les Pays-Bas, les Bleus de Michel Hidalgo doivent l’emporter face à la Belgique pour ne pas être décroché dans la course à la Coupe du monde 1982. Privé de Platini, forfait, le sélectionneur tente le tout pour le tout et aligne un 4-3-3 PlayStation avec trois milieux offensifs : Jean Tigana, Bernard Genghini et Alain Giresse. Ça commence mal avec un but de Erwin Vandenbergh dès la 5e, mais en un peu plus d’un quart d’heure, les Bleus renversent la table grâce à un doublé de Gérard Soler (14e, 31e) et un but de Didier Six (26e). Les Belges reviennent, mais les Français tiennent au courage et l’emportent (3-2), tout en ayant semé un projet qui fleurira en novembre contre les Pays-Bas et surtout l’année suivante en Espagne.
8 septembre 1981 : l’échec de Platini avant-centre
Cinq mois plus tard à Bruxelles, les Bleus qui jouent en blanc sont complètement dépassés par une sélection belge brillante, menée par Frank Vercauteren, Alex Czerniatynski et Ludo Coeck, avec Erwin Vandenbergh à la finition. Michel Hidalgo tente une expérience avec Platini en pointe devant un curieux milieu Moizan-Larios-Giresse. Ce n’est pas une bonne idée, les Belges jouant le hors-jeu pour piéger le capitaine français. Le match se termine à 0-2 (Czerniatynski et Vandenbergh) mais le score aurait pu être plus lourd, avec un gardien et un défenseur central débutants (Pierrick Hiard et Philippe Mahut).
16 juin 1984 : le bijou de la Beaujoire
Pour leur première confrontation en phase finale d’un Euro, Français et Belges vont être les protagonistes d’un des plus beaux matchs de l’histoire des Bleus. A Nantes, les Français éparpillent la brillante sélection belge et sa vedette Enzo Scifo en deux temps, trois mouvements : coup franc de Battiston sur la barre, repris du gauche par Platini (4e), double une-deux Giresse-Tigana et but du premier (31e), centre de Six pour Giresse qui remet à Fernandez et torticolis pour la défense des Rouges (44e, 3-0). La deuxième mi-temps est une formalité, et Platini s’offre un triplé du droit sur pénalty (74e) et de la tête sur un coup franc de Giresse (89e). 5-0, plus large victoire française en phase finale à ce jour.
28 juin 1986 : les adieux de Bossis
Cette année-là au Mexique, France et Belgique étaient déjà en demi-finale de Coupe du monde. Mais pas l’un contre l’autre : les Bleus sont sortis par la RFA de Rummenigge (0-2) et les Belges par l’Argentine de Maradona (même tarif). Ils se retrouvent donc pour le match de classement, celui qui ne sert à rien à Puebla dans un stade à moitié vide. Alors ils s’occupent, les Belges marquant les premiers, Ferreri et Papin donnant l’avantage aux Bleus, et Claesen égalisant (2-2). Les prolongations ravissent les coiffeurs, un peu moins Battiston, Amoros, Tigana et Max Bossis, entré à l’heure de jeu à la place de Le Roux blessé. C’est le dernier match en sélection de Max, alors il offre un but à Genghini d’une passe de la tête (104e) avant qu’Amoros n’assure la victoire sur pénalty (111e, 4-2).
10 juillet 2018 : quand la glace éteint le feu
Il y avait deux scénarios possibles à cette demi-finale inédite à Saint-Petersbourg : le débridé comme le France-Argentine en huitième, ou le verrouillé comme le France-Uruguay en quart. Ce fut le verrouillé, assez proche aussi du match contre le Portugal de juillet 2006 à Munich. Mais à l’époque, les Bleus étaient autrement plus expérimentés que ceux de 2018, où seuls Lloris, Matuidi et Giroud dépassaient la trentaine. Violemment secoués en première période par Hazard et De Bruyne, les Français tiennent le choc et marquent après la pause par Umtiti sur corner. Lloris sauve la patrie par des arrêts réflexe, Giroud manque une sublime occasion offerte par Mbappé, et c’est terminé. Thierry Henry, adjoint du sélectionneur belge Roberto Martinez, étreint Didier Deschamps qui va préparer sa deuxième finale en deux ans.
7 octobre 2021 : la revanche, ce sera une autre fois
Quand le tirage au sort du carré final de la deuxième Ligue des Nations oppose la Belgique à la France en demi-finale, les Diables rouges se frottent les mains : voilà une magnifique occasion de prendre leur revanche de 2018 face à des Bleus qu’ils avaient largement dominés, mais en vain. A Turin, la Belgique mène 2-0 à la pause grâce à deux buts de Carrasco et de Lukaku, et se voit déjà en finale. Grosse erreur : au retour des vestiaires, les Bleus qui jouent en blanc renversent la table en sept minutes chrono par Benzema puis Mbappé sur pénalty, et alors que Lukaku vient de de se voir refuser le but du 3-2, c’est Théo Hernandez qui ajuste Courtois et permet à la France de remporter sa cinquième confrontation en phase finale. La revanche en 2024 ?
Les 13 France-Belgique en compétition depuis 1938
# | Genre | date | lieu | adversaire | score | buteurs |
---|---|---|---|---|---|---|
877 | LN | 07/10/2021 | Turin | Belgique | 3-2 | Benzema, Mbappé, T.Hernandez |
838 | CM | 10/07/2018 | Saint-Petersbourg | Belgique | 1-0 | Umtiti |
457 | CM | 28/06/1986 | Puebla | Belgique | 4-2 | Ferreri, Papin,
Genghini, Amoros |
436 | Euro | 16/06/1984 | Nantes | Belgique | 5-0 | Platini 3, Giresse,
Fernandez |
405 | qCM | 08/09/1981 | Bruxelles | Belgique | 0-2 | |
403 | qCM | 29/04/1981 | Paris (Parc) | Belgique | 3-2 | Soler 2, Six |
364 | qEuro | 15/11/1975 | Paris (Parc) | Belgique | 0-0 | |
357 | qEuro | 12/10/1974 | Bruxelles | Belgique | 1-2 | Coste |
312 | qEuro | 28/10/1967 | Nantes | Belgique | 1-1 | Herbin |
306 | qEuro | 11/11/1966 | Bruges | Belgique | 1-2 | Lech |
236 | qCM | 27/10/1957 | Bruxelles | Belgique | 0-0 | |
231 | qCM | 11/11/1956 | Colombes | Belgique | 6-3 | Cisowski 5, Vincent |
148 | CM | 05/06/1938 | Colombes | Belgique | 3-1 | Veinante, J.Nicolas 2 |