France-Biélorussie (2-1) : de l’art de perdre le fil

Publié le 11 octobre 2017 - Bruno Colombari
3 minutes de lecture

Le résultat était-il prévisible ?

Le peu de certitudes (c’est rien de le dire) délivrées par cette drôle d’équipe rendent toute forme de prévision hautement aléatoire : qui aurait pu envisager le 0-0 de Borisov en septembre 2016 ? Ceci étant, l’absence d’enjeu pour les Biélorusses (hormis d’éviter de finir derrière le Luxembourg) et le potentiel offensif des Bleus rendait crédible un score avec trois ou quatre buts d’écart.

Encore une fois, comme face à la Suède à l’aller ou à la Bulgarie samedi, il n’en fut rien. Pourtant, ce n’est pas un, mais deux buts d’avance que l’équipe de France s’était offert après un gros quart d’heure de pression sur le but biélorusse. Mais, inexplicablement, elle s’est une nouvelle fois compliqué la vie en reculant, en laissant son adversaire revenir dans le match et en transformant la deuxième période en bouillie innommable, frôlant le 2-2 à deux reprises.

L’équipe est-elle en progrès ?

Les épisodes précédents depuis l’Euro ont montré que ces Bleus-là avaient beaucoup de mal à mettre l’emprise sur un match et à se le rendre facile. En compétition, ce n’est arrivé que deux fois, à l’aller face à la Bulgarie (4-1) et fin août contre des Pays-Bas réduits à dix (4-0), et en amical, en juin contre le Paraguay (5-0).

Non, l’équipe n’est pas en progrès. Elle a marqué trois buts lors des trois matchs face à des adversaires largement à sa portée, et elle a surtout répété le même scénario : une première période dynamique avec de nombreuses occasions franches mais un manque de réalisme qui aurait permis de plier le match, et une deuxième mi-temps brouillonne, sans plan de jeu défini, avec des actions décousues, beaucoup de déchet dans les transmissions et des coups de frayeur derrière (hormis à Sofia où la principale occasion bulgare a eu lieu dix minutes avant la pause).

Cette incapacité énervante au possible à mettre la main sur le match n’aura finalement pas été préjudiciable au cours d’une phase qualificative réussie d’un point de vue comptable mais médiocre du côté du jeu. En Coupe du monde, ça pourra encore passer au premier tour, où les Bleus n’ont plus eu de tirage difficile depuis 2002. Mais des les huitièmes, il s’agira de montrer autre chose, sans même parler de l’ambition plus ou moins avouée de conquérir un deuxième titre mondial. En ce mois d’octobre, on en est très loin.

Quels sont les joueurs en vue ?

Antoine Griezmann a ouvert le score et a gratté une balle perdue dans la défense biélorusse pour servir Giroud sur le deuxième but. On l’a moins vu au retour des vestiaires, mais ce qu’il a fait est plutôt intéressant. Kingsley Coman a encore eu beaucoup de déchet, mais il a eu le mérite de provoquer, de faire des appels, de mettre le danger dans la surface adverse. Et si Olivier Giroud n’a pas vraiment brillé, il a quand même mis une tête sur la barre et marqué un but avec pas mal de réussite, mais encore fallait-il être là.

En défense, Samuel Umtiti a été une nouvelle fois solide, alors que Raphaël Varane a alterné le bon et le moins bon, prenant parfois des risques inutiles derrière, mais apportant aussi le surnombre au milieu. Hugo Lloris n’aura pas réussi un quatrième clean sheet consécutif, confirmant son peu de goût pour les cages du Stade de France, où il encaisse beaucoup de buts.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Corentin Tolisso avait beaucoup plu à certains à Sofia, mais il a aussi pas mal pioché à Saint-Denis. Ni lui ni Blaise Matuidi n’ont vraiment pris la mesure du milieu de terrain, les Biélorusses ayant eu plusieurs fois de larges espaces entre le rond central et la défense.

Lucas Digne et Djibril Sidibé ont manqué de précision et de justesse dans leurs centres, et leurs dédoublements avec Thomas Lemar pour le premier et Kingsley Coman pour le deuxième n’ont pas été très judicieux.

Thomas Lemar aura été décevant, comme contre le Luxembourg en septembre. On n’a pas revu le gaucher brillant face aux Pays-Bas ou lors des matchs du printemps dernier. Il est trop tôt pour dire s’il traverse une mauvaise passe ou s’il plafonne au niveau international.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Pour l’instant, on ne connaît pas le premier des deux adversaires de novembre (le second étant l’Allemagne à Cologne le 14). La FFF cherchera un adversaire non concerné par les barrages, ce qui fait du monde, et peut-être hors de l’Europe, ce qui serait logique pour préparer une phase finale mondiale. L’Argentine et la Colombie, qualifiées quelques heures après les Bleus, pourraient être cet adversaire.

Quel qu’il soit, il permettra à Didier Deschamps de commencer le travail de mise en place pour juin 2018. Il sera alors temps de faire quelques derniers tests (Areola ? Kimpembe ? Amavi ?) et de travailler les automatismes, notamment au cœur du jeu, là où l’équipe est la plus perfectible. Il est probable que Deschamps aura son groupe des 23 en tête, avec bien sûr une porte entr’ouverte pour les révélations de dernière minute ou les forfaits printaniers. Ne pas passer par les barrages offre deux matchs amicaux supplémentaires, et ce ne sera pas de trop tant il est difficile de dégager un style et une ligne directrice dans une sélection à ce point irrégulière.

D’ici le mois de juin, libéré de la pression du résultat (à laquelle il est attaché), le sélectionneur aura le temps de combler les lacunes de l’équipe de France. En sachant qu’il retrouvera en 2018 Paul Pogba, Benjamin Mendy et Ousmane Dembélé, ce qui n’est pas rien.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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