Le résultat était-il prévisible ?
Pour la troisième fois avec Didier Deschamps comme sélectionneur, les Bleus ont abordé le troisième match du tournoi avec six points et la qualification en poche. Les deux précédentes fois, le scénario avait été le même ensuite : un 0-0 sans saveur et des remplaçants qui n’apportaient rien de plus. C’est exactement ce qui s’est passé à Moscou, sauf qu’au moins les rencontres face à l’Equateur en 2014 et à la Suisse en 2016 avaient montré un minimum de choses.
Là, on aurait dit un hommage au RFA-Autriche de 1982 (ou au France-Angleterre de l’Euro 1992) tant l’envie même de proposer quoi que ce soit était absente. On a souffert pour les 78 000 spectateurs du stade Loujniki : faire des milliers de kilomètres et payer un billet hors de prix pour voir ça, c’est à vous dégoûter du football.
L’équipe est-elle en progrès ?
Il faudrait d’abord savoir de quelle équipe on parle. Composée pour moitié de remplaçants, celle alignée à Moscou avait une belle occasion de montrer de quoi elle en était capable. On a vu : des passes en touche, des centres ratés, des frappes non cadrées et une lenteur horripilante pour sortir les ballons par l’arrière face à un adversaire qui avait décidé de ne pas jouer.
Si encore les titulaires habituels avaient brillé lors des deux premiers matchs, on passerait celui-là par pertes et profits. Le problème est que ce n’est pas le cas. En quatre heures et demie de Coupe du monde, il y aurait en comptant large dix minutes à sauver face à l’Australie (les premières) et le dernier quart d’heure de la première mi-temps face au Pérou.
Quels sont les joueurs en vue ?
Dans un match à ce point dénué de tout, il est impossible de ressortir le moindre joueur. On dira que la charnière Varane-Kimpembe a fait le travail mais en n’étant quasiment jamais sollicitée, et que Kanté, visiblement énervé par la torpeur ambiante, a essayé d’accélérer au milieu en deuxième période. Pour le reste, Mbappé et Fekir ont bien essayé d’apporter de la vitesse et de la percussion en fin de match, mais leur jeu a été trop brouillon pour être décisif.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Il y a peu de chance que la hiérarchie bouge au niveau des latéraux, tant les prestations de Sidibé et de Mendy ont été faibles. Le joueur de Manchester City peut sans problème enchaîner les rencontres à un rythme pareil. Mais il y a peu de chances qu’il y en ait encore à partir des huitièmes.
Steven Nzonzi aurait dû et pu mieux faire dans un match où il était associé pour une fois à Kanté plutôt que de jouer à sa place. Il n’en a rien fait, étant en retard sur les deuxièmes ballons et peu actif dans le jeu.
Antoine Griezmann n’est toujours pas rentré dans son tournoi, et ça devient inquiétant. Le Madrilène n’a rien fait de bon hormis une percée plein axe en fin de première période, mais où il a trop tardé à lâcher le ballon.
Thomas Lemar avait lui aussi une belle carte à jouer, mais ce qu’il a montré à Moscou donne rétrospectivement raison à Didier Deschamps : le Monégasque n’a en ce moment pas le niveau international, pas même celui des Bleus, pourtant pas bien élevé.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
L’équation est simple : ou l’équipe de France trouve la bonne carburation et hausse enfin son niveau de jeu, comme elle l’avait fait en 2006 après un premier tour plutôt inquiétant, ou elle continue sur sa lancée et les vacances pourraient bien commencer dès samedi soir après le match contre l’Argentine.
Le problème est que le sélectionneur n’a plus beaucoup de solutions alternatives. Hormis Florian Thauvin et Adil Rami qui n’ont pas joué la moindre minute, tous les joueurs de champ ont participé au premier tour et rien de convaincant n’en ressort. Les deux systèmes de jeu essayés, le 4-3-3 contre l’Australie et le 4-2-3-1 face au Pérou et au Danemark n’ont pas fonctionné. Comment transformer la citrouille en carrosse en quatre jours ? La question reste posée.