C’est curieusement dans la période la moins faste de l’Italie (un titre de champion d’Europe 1968 et une finale mondiale en 1970, pas qualifiée en 1958, sortie au premier tour en 1950, 1954, 1962, 1966 et 1074) que l’équipe de France souffre le plus, avec aucune victoire, trois nuls et six défaites en trente ans. La dernière est également le seul match en compétition, lors du premier tour du Mundial argentin. Mais l’émergence d’un fils d’immigré italien, un certain Michel Platini, va bientôt mettre un terme à la malédiction qui semblent poursuivre les Bleus, qui vont ouvrir le score cinq fois sur neuf sans jamais l’emporter.
Des toros dans le vent de Colombes
Quand vient le 4 avril 1948, l’équipe de France reste sur quatre victoires d’affilée, une première depuis 1904. Elle est invaincue à Colombes depuis dix ans et un échec lors du quart de finale de la coupe du monde 1938 contre l’Italie. C’est donc l’occasion d’une belle revanche face à une Squadra composée essentiellement de joueurs de la grande équipe de Torino. Mais le vent violent perturbe la défense française qui coule à pic en un huit minutes autour de la demi-heure de jeu (Carapellese 31e et 39e, Gabetto 36e). Jean Baratte marquera sur pénalty en fin de match (1-3). Pour la première fois, les Français portent des numéros sur leur maillot.
Trois ans plus tard, à Gênes, le niveau des Bleus a encore baissé d’un cran. S’ils ouvrent le score par Jean Grumellon (34e), très isolé en attaque, les joueurs français sont vite rejoints (Lorenzi 37e), puis mis KO en une minute entre la 66e et la 67e Lorenzi encore et Amadei), le score montant à 3-1, puis 4-1 sur un pénalty en toute fin de match (Cappello 87e). C’est à ce jour la dernière défaite par trois buts d’écart contre l’Italie.
Même Kopa n’y peut rien
Le 11 avril 1954, pour préparer la coupe du monde en Suisse, les Bleus alignent une équipe séduisante avec Raymond Kopa, Roger Piantoni, Robert Jonquet, Jean-Jacques Marcel, Roger Marche et Armand Penverne, soit la moitié de la grande équipe de 1958. Avec quatre ans de moins, évidemment. C’est aussi le dernier match du gardien René Vignal, pas transcendant face à l’attaque italienne qui domine sans forcer (3-1, but de Pandolfi, et doublé de Galli) après l’ouverture du score par Piantoni.
Treize mois plus tard, il fait un froid de gueux à Bologne, au cœur du célèbre hiver 1956 qui tua les oliviers. Sur un terrain impraticable, par une température de -8°C, les Bleus tiennent une mi-temps puis s’inclinent (0-2, buts de Carapellese et de Gratton) alors qu’ils tentent vainement de garder leur équilibre. Les Italiens, pour leur part, avaient dégagé la pointe cloutée de leurs crampons en cuir à la pause.
L’écart se resserre
La série de six défaites consécutives (en comptant les deux de 1938) s’arrête enfin le 9 novembre 1958 à Colombes. Auréolée par sa troisième place au Mondial suédois (les Italiens n’étaient pas qualifiés), l’équipe de France croit pouvoir l’emporter enfin. Mais, privée de Raymond Kopa (alors au Real Madrid), elle mène rapidement (but de Jean Vincent à la 15e) avant de se faire rejoindre et dépasser, comme d’habitude autour de l’heure de jeu (doublé de Bruno Nicole, 57e et 65e). Il faudra un geste acrobatique de Just Fontaine qui lobe le gardien italien Lorenzo Buffon à six minutes de la fin pour accrocher le nul (2-2).
Si les années soixante ont constituée une décennie perdue pour l’équipe de France, les deux matches contre l’Italie au cours de cette période n’ont pas été catastrophiques, loin de là. En mai 1962 à Florence, une fois encore les Bleus commencent par prendre l’avantage (but de Piumi avant la demi-heure) puis ils se font rejoindre et décrocher sur un doublé de José Altafini en quatre minutes (47e et 51e). Lequel Altafini avait la particularité d’avoir disputé la coupe du monde 1958 sous les couleurs brésiliennes...
Un cadenas coulé dans le béton
Quatre ans plus tard, au Parc des Princes, l’équipe de France pratique le béton face au catenaccio italien inspiré de celui de l’Inter. Comme on pouvait s’y attendre, il ne se passa pas grand chose au cours d’un match de préparation à la Word Cup 66 (0-0). Français comme Italiens ne feront d’ailleurs que passer, éliminés tous deux au premier tour sans avoir joué.
Il faudra attendre douze ans pour retrouver trace d’un France-Italie, soit le plus large intervalle de l’histoire des confrontations transalpines. En février 1978, les Bleus se présentent à Naples avec un titre officieux de champions du monde des matches amicaux. L’Italie s’en fiche, évidemment, mais après que Platini ait envoyé Dino Zoff deux fois au tapis sur coup-franc (la première fois, le but a été invalidé), elle regarde avec plus d’intérêt ce Lorrain dont le père, Aldo, est Italien. Un doublé de Graziani (13e, 22e) sauve la mise des Italiens, chahutés après la pause (Bathenay 50e, Platini 81e).
Mener n’est pas gagner
Ce 2-2 très encourageant a une conséquence directe sur le tour de tête des Français : quatre mois plus tard à Mar del Plata, pour leur premier match du Mundial argentin, ils prennent de haut leur adversaire. Surtout après avoir ouvert le score (par Lacombe après 37 secondes de jeu) alors que bon nombre des spectateurs ne sont pas encore assis. Contre des Italiens qui jouent devant une forte colonie d’expatriés, c’est une mauvaise idée. Et après une partie de billard dans la surface, Rossi égalise (29e) et Zaccarelli double la mise dix minutes après la pause, alors que Bertrand-Demanes n’a pas bougé (2-1). Michel Platini, suivi partout par Marco Tardelli, n’a pas vu le jour. Il aura l’occasion de se rattraper plus tard.
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