Si les Bleus avaient gagné l’Euro le 10 juillet dernier, c’est lui qui aurait soulevé la coupe Henri-Delaunay dans le sillage de Michel Platini en 1984 et Didier Deschamps en 2000. Mais une frappe lointaine et improbable d’Eder a privé Hugo Lloris d’une ligne supplémentaire sur un palmarès microscopique (une coupe de France et un trophée des champions avec Lyon en 2012). D’une certaine manière, cet Euro et son épilogue forment une bonne synthèse du gardien de Tottenham : incontestablement doué, décisif à plusieurs reprises (dès la troisième minute du match d’ouverture contre la Roumanie, en première mi-temps du huitième contre l’Irlande et en fin de match face à l’Allemagne en demi) mais incapable de sortir un tant soi peu du cadre. On dit que les grands gardiens sont un peu fous, avec des personnalités très fortes. C’était le cas de Fabien Barthez et Bernard Lama, moins pour Joël Bats, pas du tout pour Hugo Lloris.
D’où cette impression étrange de carrière à moitié pleine face à des statistiques remarquables (85 sélections, à deux matches du total de Barthez, 61 fois capitaine, record de Deschamps enfoncé) et des résultats plutôt frustrants. Certes, avoir joué un quart de finale mondial et une finale européenne n’est pas donné à tout le monde, mais ce n’est pas à la hauteur de ses prédécesseurs Bats (champion d’Europe 1984, vainqueur de la coupe intercontinentale 1985, demi-finaliste mondial 1986) et Barthez (champion du monde 1998, champion d’Europe 2000, vainqueur de la coupe des Confédérations 2003 et finaliste mondial 2006).
Bien sûr, la carrière de Lloris n’est pas terminée et il lui reste au moins une occasion de briller avec la coupe du monde 2018 en Russie, voire l’Euro 2020. A trente ans, combien lui reste-t-il de temps en sélection ?
Gardien | Sel | Be | Be/M | 0 | 1 | 2 | 3+ | inv. mn | inv ma | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | Fabien Barthez | 87 | 48 | 0,55 | 51 | 26 | 8 | 2 | 896 | 8 |
2 | Hugo Lloris | 85 | 63 | 0,74 | 40 | 30 | 13 | 2 | 360 | 3 |
3 | Joël Bats | 50 | 37 | 0,74 | 28 | 9 | 11 | 2 | 639 | 7 |
4 | Bernard Lama | 44 | 31 | 0,7 | 23 | 12 | 7 | 2 | 780 | 8 |
5 | Georges Carnus | 36 | 54 | 1,5 | 6 | 13 | 12 | 5 | 183 | 1 |
6 | Grégory Coupet | 34 | 19 | 0,56 | 20 | 11 | 2 | 1 | 504 | 5 |
7 | Bruno Martini | 31 | 28 | 0,9 | 8 | 17 | 5 | 1 | 273 | 2 |
8 | Alex Thépot | 31 | 76 | 2,45 | 2 | 7 | 8 | 14 | 111 | 1 |
9 | François Remetter | 26 | 33 | 1,27 | 6 | 9 | 6 | 5 | 314 | 3 |
10 | Julien Darui | 25 | 41 | 1,64 | 5 | 7 | 8 | 5 | 186 | 1 |
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Si on compare les données des dix gardiens français les plus capés, la précocité de Lloris est flagrante : à 30 ans, il a joué deux fois plus que l’actuel recordman des sélections à ce poste, Fabien Barthez (42). Joël Bats, Alexis Thépot, Georges Carnus et François Remetter, qui avaient tous débuté tôt en sélection, comptaient une trentaine de capes à trente ans. On remarque aussi que Bernard Lama et Grégory Coupet étaient des débutants en Bleu à cet âge, avec respectivement deux et trois sélections seulement.
Sur ces neuf autres gardiens, deux seulement étaient presque au bout de leur carrière internationale à trente ans : François Remetter (plus qu’un match à jouer) et Georges Carnus (cinq). Quant à Alexis Thépot, il avait déjà raccroché les gants depuis un an et quatre mois.
Pour quatre autres, à trente ans il restait entre un tiers (pour Bats) et deux tiers (Darui) de sélections à venir. Et pour Lama et Coupet, la quasi-totalité de leur carrière internationale était devant eux.
Regardons maintenant combien de mois se sont écoulés entre leur trentième anniversaire et leur dernier match en équipe de France. Bernard Lama explose les compteurs, puisqu’il a joué en Bleu jusqu’à 37 ans et 5 mois. Viennent ensuite Grégory Coupet (35 ans et 6 mois) et Julien Darui (35 ans et 3 mois). Fabien Barthez a dépassé de peu les 35 ans en juillet 2006. Trois seulement n’ont pas atteint les 32 ans : François Remetter (31 ans et 4 mois), Georges Carnus (30 ans et 9 mois) et bien sûr Alexis Thépot.
En moyenne, les neuf gardiens ont joué 21 fois après leurs 30 ans, pour une durée de 43 mois (3 ans et demi environ). Si on applique ces caractéristiques à Hugo Lloris, il devrait achever sa carrière internationale à l’été 2020 (après le prochain Euro, donc) et atteindre les 106 sélections. Si la date semble plausible (Lloris aura alors 33 ans et demi), le nombre de capes devrait être bien supérieur : sur la période équivalente qui vient de s’achever (depuis juin 2013), Lloris a cumulé 38 sélections. Ce qui l’amènerait plus probablement, à l’horizon 2020, autour de 123 capes, à hauteur du total de Thierry Henry.