Le résultat était-il prévisible ?
Non. Au cours de ses deux précédents matches, la Suède avait alterné efficacité offensive et largesses défensives, de telle sorte qu’on pensait bien que les attaquants français allaient s’en donner à cœur joie devant. Il n’en a rien été, par la faute d’un quatuor offensif hors sujet, tout comme la défense centrale, par la faute aussi d’une équipe suédoise supérieure dans tous les domaines. Il était toutefois peu évident d’envisager une défaite aussi incontestable, et même une défaite tout court. C’est donc une grosse surprise, et elle n’est pas bonne. La joie du public suédois au coup de sifflet final, tout comme les mines allongées côté français, n’avait rien d’illogique, même s’il est bien rare qu’une équipe obtienne un billet pour les quarts avec si peu d’enthousiasme.
L’équipe est-elle en progrès ?
Il est difficile de dire jusqu’où il faut remonter pour voir un match à ce point raté. Le France-Belgique de novembre 2011 n’avait pas été bon, tout comme le France-Bosnie d’octobre où les Bleus avaient été tout heureux de s’en sortir avec un nul. Mais depuis août 2010, jamais l’équipe de France n’avait été à ce point ballotée, et surtout pas lors de ses deux premières défaites en Norvège et face à la Biélorussie.
Ce qui est inquiétant, c’est l’absence d’engagement sur les duels, les placements aléatoires derrière, le manque flagrant de prise d’initiatives devant et la médiocrité des coups de pied arrêtés, que ce soient les corners (un seul ayant engendré une occasion de but sur la tête de Giroud) ou sur les coups francs (joli drop de Rami en première période).
Et bien entendu l’absence d’un leader dans l’équipe capable de recadrer le groupe quand tout va mal, de pousser une gueulante et d’insuffler un peu de révolte. Le seul à l’avoir un peu fait, c’est Gaël Clichy en fin de rencontre. Ni Diarra, ni Mexès, ni Ribéry ne semblent avoir l’envergure d’un meneur qui fait défaut aux Bleus depuis une douzaine d’années.
Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
Hugo Lloris a certes encaissé deux buts, ce qui ne lui était plus arrivé depuis la coupe du monde 2010 (Mexique et Afrique du Sud), mais il en a sauvé au moins autant. A gauche, Gaël Clichy mérite de garder sa place, car ce fut le seul joueur de champ à surnager et à proposer des solutions offensives en soutien de Ribéry. L’absence de Yohan Cabaye montre à quel point il est devenu essentiel dans l’entrejeu, alors que Laurent Koscielny aura une bonne occasion de se montrer quand il remplacera Mexès contre l’Espagne. On lui souhaite bon courage.
Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Suspendu pour le prochain match, Philippe Mexès a pourtant fait, malgré encore une fois une entame calamiteuse, un match plutôt moins mauvais qu’un Adil Rami complètement dépassé par un Ibrahimovic des grands soirs. A droite, Mathieu Debuchy ne parvient toujours pas à retrouver son niveau des matches de préparation, tandis qu’au milieu le duo M’Vila-Diarra n’a pas fonctionné.
Il va être compliqué pour Samir Nasri de conserver sa place de titulaire, tant sa prestation à Kiev a été médiocre. Hatem Ben Arfa avait plutôt bien débuté, cherchant à combiner avec Ribéry et Benzema sur un petit périmètre à gauche, puis il a disparu. Karim Benzema n’y est toujours pas, même si on regrette que l’entrée d’Olivier Giroud, immédiatement dangereux, n’ai pas eu lieu plus tôt.
Franck Ribéry a beaucoup tenté sur le côté gauche mais il n’a rien réussi. Que dire de la prestation de Florent Malouda ? Le joueur de Chelsea a presque tout raté, hormis sans doute un ou deux coups de pied arrêtés.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
L’avantage d’une si piètre performance, c’est que les attentes avant un quart de finale contre le champion d’Europe et du monde en titre sont à peu près nulles. La France jouera contre l’Espagne sans aucune pression, sinon peut être la crainte d’être ridicule et de repartir avec une valise, mais c’est peu probable. Libérée de l’obsession de ne pas perdre et ayant atteint son objectif minimum, l’équipe va peut être jouer crânement sa chance comme elle l’avait fait il y a six ans en Allemagne, quand personne ne la voyait vaincre une jeune et ambitieuse équipe espagnole. On connaît la suite. Allez, si l’on souhaite encore chercher des raisons d’espérer, en voici une autre : l’Espagne n’a jamais battu la France en compétition (cinq victoires et un nul).
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