Le contexte
Quelques jours après le tirage de l’Euro 2020, en décembre 2019, la FFF annonce l’organisation de deux matchs amicaux fin mars, contre l’Ukraine (le 27 à Saint-Denis) puis la Finlande (le 31 à Lyon). Deux équipes elles aussi qualifiées pour l’Euro, et qui devaient permettre une ultime semaine de préparation à Didier Deschamps avant l’annonce de la liste des 23, prévue fin mai. Plus anecdotiquement, c’est le même casting (avec un ordre inversé) que celui de l’automne 2013, où les Bleus avaient battus la Finlande 3-0 un mois avant le retour victorieux en barrage contre l’Ukraine, sur le même score. De bons souvenirs, donc.
Le rendez-vous de fin mars doit aussi permettre au sélectionneur de retrouver des joueurs forfaits à l’automne comme Lucas Hernandez, Paul Pogba, Hugo Lloris ou Kylian Mbappé. La conférence de presse annonçant la liste des 23 est prévue le jeudi 19 mars. Elle n’aura jamais lieu.
17 mars 2020 : report des matchs amicaux
Quelques jours avant la décision de plonger le pays dans un confinement strict, la FFF avait décidé que les matchs contre l’Ukraine et la Finlande se joueraient à huis clos (comme le retour de Ligue des Champions PSG-Dortmund) et au Stade de France. Mais le 17, l’UEFA a décidé le report d’un an de l’Euro, qui aura lieu du 11 juin au 11 juillet 2021. Quelques heures après, en milieu d’après-midi, la FFF annonce l’annulation des deux matchs amicaux de mars, reportés dans un premier temps au mois de juin. Mais nul ne sait à ce moment-là que le confinement va durer 55 jours (jusqu’au 11 mai) et que le football français ne reprendra pas...
Les matchs de juin annulés à leur tour par l’UEFA le 1er avril, il apparaît que l’équipe de France ne reviendra pas sur les pelouses avant début septembre. Soit 293 jours d’absence depuis le 19 novembre et la victoire à Tirana contre l’Albanie. Le centième match en tant que sélectionneur de Didier Deschamps est donc toujours, pour l’instant, le dernier... Et le premier match des années 2020 se fait toujours attendre.
Quant aux deux amicaux contre l’Ukraine et la Finlande, ils sont reprogrammés en octobre et novembre, en plus des six matchs de phase de poule de Ligue des Nations prévus à l’automne (contre la Suède, la Croatie et le Portugal). Laquelle Ligue des Nations est toujours dans les limbes, puisque sa phase finale a sauté du calendrier (juin 2021) pour laisser la place à l’Euro. La logique serait qu’elle soit recalée en mars prochain.
Comment Chroniques bleues l’a traité
Forcément, sans match, pas de compte rendu. Mais j’ai publié le 3 avril, après l’annonce de la suppression des matchs de juin, un article cherchant dans l’histoire des Bleus une trace d’une absence aussi longue. « Autant dire qu’il ne date pas d’hier, ni même d’avant-hier : il faut remonter à la deuxième guerre mondiale pour trouver un intervalle plus long : 33 mois et 9 jours entre le 15 mars 1942 (contre l’Espagne) et le 24 décembre 1944 face à la Belgique. »
Et encore, cette immense interruption en suivait une presque aussi longue, de 25 mois et 8 jours, entre janvier 1940 et mars 1942. Depuis la libération, « jamais une période entre deux matchs n’a atteint neuf mois. Les deux plus longues de l’après-guerre remontent à 1946-1947 (8 mois et 4 jours) et 1959 (7 mois et 10 jours). Trois seulement ont été supérieures à cinq mois : la dernière, entre le 19 novembre 1986 contre la RDA et le 29 avril 1987 face à l’Islande (dernier match en sélection de Platini), s’était étalée sur cinq mois et dix jours. »
Pour la petite histoire, la plus longue interruption date évidemmnent de la Première guerre mondiale, avec ses « 59 mois et 8 jours, consécutifs ceux-là, entre le 31 mai 1914 (Hongrie-France à Budapest) et le 9 mars 1919 (Belgique-France à Bruxelles). »
Ce que ça a changé
Personne n’en sait rien. Si l’Euro 2020 avait eu lieu aux dates prévues, les Bleus l’auraient-ils emporté ? Les difficultés rencontrées en novembre 2018 à Rotterdam et en juin 2019 à Konya (deux défaites 0-2 contre les Pays-Bas et la Turquie), la délicate première saison d’Antoine Griezmann à Barcelone, les pépins de santé de Pogba, Mbappé, Lloris et Hernandez et surtout le tirage au sort gratiné au premier tour (Allemagne, Portugal et probablement Hongrie) laissent à penser que l’équipe de France n’a pas perdu au change.
Le report d’un an pourrait coûter cher aux trentenaires du groupe, comme Matuidi (parti en Floride), Giroud (qui aura 34 ans fin septembre) et Mandanda, à l’exception de Lloris qui ne semble pas menacé. Mais il pourrait permettre à quelques espoirs prometteurs du football français comme Upamecano, Camavinga, Aouar ou Caqueret de franchir un palier supplémentaire et de renouveler le groupe. Et à Mbappé, fort du parcours parisien en Ligue des Champions, de poursuivre sa progression vers le sommet du football mondial.