Le résultat était-il prévisible ?
Théoriquement supérieure aux Islandais, la sélection serbe (32e au classement Fifa) était sensée offrir une opposition à peu près du niveau de l’Ukraine (50e). On a vite vu qu’à part mettre des coups et balancer n’importe comment devant, il n’en était rien. Finalement beaucoup plus facile que contre l’Islande, ce France-Serbie n’a plus ressemblé à rien en deuxième période, un grand classique des matches amicaux de préparation. Après avoir cédé face à l’Allemagne et l’Islande, la défense a au moins tenu sur la durée, ce qui est une bonne nouvelle.
L’équipe est-elle en progrès ?
Incontestablement si on s’en tient à la première mi-temps, même si l’indigence de l’opposition doit relativiser la performance des Bleus. Il est certain qu’à Donetsk, les oppositions anglaises, ukrainiennes et suédoises seront d’un autre niveau et nécessiteront un milieu de terrain beaucoup plus présent que celui de la deuxième période, qui a laissé trop d’espaces aux Serbes. La sortie prématurée de Yann M’Vila, dont on ne sait encore si elle débouchera sur un forfait ou sur une indiponibilité de quelques jours, a contraint Laurent Blanc à changer de dispositif, Alou Diarra n’étant pas exactement un accélérateur de particules.
Plus inquiétante aura été l’absence complète d’animation offensive en deuxième période, qui a débouché sur zéro occasion. Ribéry sorti, Nasri porté disparu, et Malouda émoussé par une première mi-temps à fond les manettes, plus personne n’a pris le jeu en charge. Il ne reste plus beaucoup de temps au sélectionneur pour trouver enfin la bonne formule au milieu, chantier récurrent depuis le début de l’année 2011.
Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
Déjà intéressants lors de leur rentrée face à l’Islande, les vétérans de 2006, Ribéry et Malouda, ont montré qu’il faudrait compter sur eux cette année. Et pas seulement pour leur but, sur des frappes lourdes qu’on avait un peu perdu l’habitude de voir dans ce contexte. Le premier a bien combiné avec un Benzema maladroit dans la finition, et le deuxième a très bien joué le coup en position de milieu offensif axial. Leur sortie dans la deuxième mi-temps a coïncidé avec la plus mauvaise période du match.
En défense, Koscielny a été plutôt rassurant, notamment en deuxième période quand les Bleus n’arrivaient plus à passer le milieu de terrain. Clichy a été bien meilleur côté gauche qu’Evra (il est vrai que ce n’était pas difficile), et Cabaye a été très actif au pressing et à la relance en début de match. Alou Diarra, autre ancien de Berlin, a plutôt bien débuté la rencontre avant de s’emmêler un peu les pinceaux après la pause et de se contenter de passes makélélesques à deux mètres cinquante. Enfin, Giroud a fait ce qu’il a pu dans la dernière demi-heure, mais il n’a eu aucun ballon exploitable. On se demande encore pourquoi il n’est pas titularisé.
Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Mexès a semblé un peu court derrière où il n’a pas utilisé son jeu de passes longues comme contre l’Islande. Nasri a encore beaucoup tricoté et peu pesé sur le match, même au plus fort de la domination française. Sa deuxième mi-temps a été fantômatique. Visiblement, le départ de Gourcuff ne lui a rien apporté.
Si quelqu’un a compris pourquoi Benzema a passé la moitié de la première mi-temps côté droit, ses explications seront les bienvenues. Alors qu’il était le seul attaquant de pointe, il s’est retrouvé plusieurs fois dans la zone de Réveillère, et même s’il a tenté plusieurs une-deux avec Ribéry (qui normalement devait se trouver côté gauche), il n’est pas parvenu à marquer malgré les largesses de la défense serbe. Son statut de titulaire indéboulonnable va finir par s’éroder.
Quant à Réveillère, il est loin d’avoir fait oublier Debuchy, que ce soit défensivement ou dans l’apport offensif et la qualité de centre.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Laurent Blanc l’avait dit avant l’Islande : le France-Estonie du 5 juin serait une répétition générale du premier match contre l’Angleterre. Autrement dit, on devrait voir au Mans une équipe de France en configuration Euro, et normalement plus au point collectivement que celle qui a disputé les deux premiers matches de préparation. Il faudrait surtout, contre un adversaire a priori tout à fait prenable, parvenir à gérer un match dans sa durée, en évitant les gros passages à vide qu’on a vus face à l’Islande (première demi-heure) ou la Serbie (deuxième mi-temps).