Le résultat était-il prévisible ?
Privés de Zlatan et avec dans les jambes un match de qualification joué trois jours plus tôt, la Suède et ses remplaçants ne ressemblait certainement pas à une opposition farouche pour des Bleus un peu lessivés par une année très chargée. On pourra d’ailleurs s’interroger sur la nécessité d’aligner six matches amicaux (dont quatre obligatoires) en 70 jours alors que rien ne presse dans l’optique de l’Euro 2016.
Les Bleus, comme c’était prévisible, ont donc gagné, mais dans la douleur, et sans montrer grand chose de bien intéressant face à une équipe qui n’était visiblement pas là pour s’amuser. Il y a des matches amicaux vivants et agréables à regarder, comme ceux contre les Pays-Bas, l’Espagne ou le Portugal, et d’autres dont on ne retiendra que le résultat. Le France-Suède de Marseille appartient incontestablement à la deuxième catégorie.
L’équipe est-elle en progrès ?
Revenu à un 4-3-3 plus classique après l’échec du 4-4-2 essayé contre l’Albanie, le sélectionneur aura du mal à tirer des conclusions après le match du vélodrome. Certes, le milieu Guilavogui-Pogba-Payet était plutôt baroque et sans aucun automatisme avec le trio offensif Valbuena-Gignac-Griezmann. Et cela s’est vu tout au long d’une première mi-temps crispante avec de nombreuses imprécisions, un jeu exagérément latéral et trop peu de mouvement et de vitesse pour faire la différence face à une défense bien en place.
Autre souci récurrent, les frappes dans les nuages. A quoi sert de tirer 24 fois au but si c’est pour cadrer si peu ? Il aura manqué aux Bleus un jeu au sol plus axial qui aurait fait souffrir des Suédois lents à se retourner, mais pour cela il aurait fallu plutôt Valbuena en meneur de jeu que Payet. Enfin, les coups de pieds arrêtés ont été encore une fois mal exploités, hormis le corner de Griezmann pour Varane. Mais les coups francs de Griezmann et de Benzema, pourtant bien placés, n’ont rien donné, sans même parler du pénalty hors cadre de Benzema, son deuxième manqué après celui contre la Suisse.
Quels sont les joueurs en vue ?
Il ne faudra pas chercher bien loin pour citer évidemment Raphaël Varane. Toujours aussi sobre et aussi élégant derrière, il a porté plusieurs fois le danger devant, le seul à se montrer menaçant de la tête sur corner. Son but, amplement mérité pour l’ensemble de son œuvre, est un modèle de course au premier poteau et de tête décroisée. S’il continue sur cette lancée, il a tout pour devenir un des plus grands défenseurs centraux français, dans la lignée de Max Bossis et Laurent Blanc.
Antoine Griezmann n’a encore pas marqué en étant titulaire, mais il a constamment porté le danger, que ce soit sur une passe en profondeur de Gignac en première mi-temps ou sur deux tentatives de près en seconde, à chaque fois détournée par Isaksson. Quelques pertes de balle, mais un ensemble très satisfaisant. Il s’annonce comme un indéboulonnable en 2015.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Si personne ne s’est vraiment manqué au cours d’un match sans relief et sans pression, on notera la performance très quelconque de Joshua Guilavogui, très loin du niveau de Blaise Matuidi, voire même de Morgan Schneiderlin. Dimitri Payet a beaucoup tenté mais n’a jamais fait de différence, tout comme André-Pierre Gignac, combatif mais sans réussite. Mathieu Valbuena, qui tenait beaucoup à revenir au vélodrome, a semblé émoussé, malgré une belle bicyclette dans une première mi-temps très pauvre en gestes techniques.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Il va falloir patienter plus de quatre mois jusqu’au France-Brésil du 26 mars prochain. Situé entre les huitièmes et les quarts de finale de Ligue des Champions, et trois jours avant celui contre le Danemark, ce match risque de ne pas être de haute intensité. Mais le souvenir de la défaite sèche à Porto Alegre en 2013 (0-3) devrait suffire à motiver les Bleus face à Neymar et compagnie.