Le retour de Zidane, vrai-faux poisson d’avril de 2005

Publié le 1er avril 2025 - Bruno Colombari

C’était un premier avril, c’était il y a vingt ans, et tel De Gaulle en 1958, L’Equipe titrait en Une sur l’éventuel retour de Zidane en sélection. Sur le terrain, à l’époque…

3 minutes de lecture

Vingt ans avant l’annonce par Didier Deschamps de son départ du poste de sélectionneur des Bleus après la Coupe du monde 2026, il y en avait eu une qui avait fait l’effet d’un coup de tonnerre, en même temps qu’une vague de scepticisme rigolard. Le coup de tonnerre, c’était la Une de L’Equipe, barrée d’un énorme « Et s’il revenait ? » en blanc sur fond noir, au-dessus d’une photo de Zidane datant de l’Euro 2004, au terme duquel le capitaine des Bleus avait annoncé sa retraite internationale (le 12 août 2004). Le scepticisme rigolard, c’était la date de la parution : 1er avril 2005, un vendredi en plus, le jour du poisson.

Des Bleus mal barrés

Et pourtant, l’info n’est pas une blague, même si on le saura trois mois et trois jours plus tard, au cœur de l’été. A l’occasion d’une interview donnée le 25 janvier à Madrid pour L’Equipe Magazine à paraître le 2 avril, Zizou évoque les Bleus, et notamment le match Irlande-France qui risque d’être décisif, en septembre 2005. Il faut dire que l’équipe de France de Raymond Domenech a piteusement commencé sa phase qualificative pour la Coupe du monde 2006, avec deux vilains nuls contre Israël et l’Irlande à domicile (0-0), partiellement compensés par deux victoires étriquées à l’extérieur aux Féroé et à Chypre (2-0). Et encore, ça c’était avant l’interview de janvier 2005. Entre celui-ci et la parution de l’article, deux autres nuls se sont ajoutés, 0-0 face à la Suisse à Saint-Denis et 1-1 en Israël à Tel-Aviv.

JPEG - 173.5 kio

Alors, Zidane se lâche un peu : « Vous savez bien que cela ne se fera pas, mais revenir à Dublin, jouer à Lansdowne Road devant 50.000 Irlandais, gagner et repartir, ça m’irait bien. Oui, j’aimerais bien. » En mars, L’Equipe revient à Madrid pour compléter l’interview, en présence du coureur Hicham El-Guerrouj, récemment médaillé aux JO d’Athènes. Et ce dernier lui dit : « Tu vas faire une troisième Coupe du monde, tu vas revenir. J’ai confiance ». Réponse de Zidane : « Ça serait bien que je revienne en équipe de France… Mais je ne veux pas parler de ça ». Tout en en parlant, donc.

Domenech vote pour

La machine médiatique est lancée. Raymond Domenech, que Zidane ne porte pas dans son cœur (L’Equipe affirme qu’il avait donné son accord pour continuer avec les Bleus à Laurent Blanc si ce dernier avait été nommé sélectionneur, avant la désignation de Domenech par la FFF) affirme avec enthousiasme être prêt à l’accueillir « avec bonheur » et que « la porte restait toujours ouverte pour les grands joueurs », ce qui n’est pas très charitable pour la nouvelle génération qu’il est en train de mettre en place (Rothen, Dhorasoo, Meriem, Malouda, Alou Diarra…). Le sélectionneur raconte qu’il a assisté récemment au match de Ligue des Champions Real-Juventus (1-0) et qu’il en était catastrophé : « Je venais de voir Zizou d’un côté, Thu-Thu de l’autre, et j’étais désespéré que des joueurs de ce niveau aient décidé d’arrêter l’équipe de France aussi tôt ! » Zidane, mais aussi Thuram, donc.

Vrai-faux démenti

Dans un article complémentaire (joliment titré « L’éternel recours »), Vincent Duluc envisage l’impact d’un retour de Zidane à l’automne, en se demandant s’il sera apte physiquement à 33 ans, mais ne se projette pas au-delà : à aucun moment il n’imagine porter les Bleus en finale de la Coupe du monde à Berlin, mais à vrai dire, personne n’y pense en ce 1er avril 2005. Il ne manque cependant pas de flair en supposant que ce retour pourrait se faire sous conditions, par exemple en étant accompagné au moins d’un autre joueur, en l’occurrence Lilian Thuram. C’était bien vu, même si Claude Makélélé n’est pas cité.

Le lendemain (2 avril), toujours dans L’Equipe, un article d’Olivier Margot raconte le coup de fil passé par le Ballon d’Or la veille, en allant à l’entraînement, dans lequel Zizou dément avoir dit qu’il voulait revenir. « Je reste sur ma position », à savoir celle du mois d’août 2004. Et il complète : « C’est dur de revenir sur une telle décision, c’est dur, vous savez. Mon problème, c’est que je ne peux pas faire n’importe quoi. On ne peut pas tout remettre sur moi… » Du pur discours politique. Mais, comme tout discours politique, il n’engage à rien. La suite allait le démontrer.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Générations bleues