En appelant à Oslo Ruffier, Rami, Cissokho, M’Vila, N’Zogbia, Hoarau, Ménez et Cabaye, Laurent Blanc s’est placé dans la lignée des sélectionneurs ayant pris des risques pour leurs grands débuts, faisant même mieux que Stefan Kovacs (7 nouveaux), Michel Hidalgo (6) ou Raymond Domenech (5). Mais attention, une première sélection avec un nouveau coach n’est pas toujours synonyme de carrière triomphale, bien au contraire. Voici une étude portant sur les 29 bleus des Bleus appelés par chaque nouveau sélectionneur depuis 1969.
On pourrait classer ces joueurs en quatre catégories. Les éphémères tout d’abord, à savoir ceux qui ne comptent qu’une seule sélection. Ils sont plutôt rares sur les 29, puisqu’on en trouve seulement trois, preuve que lorsqu’un nouveau sélectionneur teste de nouveaux joueurs, il le fait généralement sur plusieurs rencontres. Les trois à ne pas avoir été rappelés sont Jean-Claude Osman (1973, Stefan Kovacs), William Prunier (1992, Gérard Houllier) et Jean-Pierre Cyprien (1994, Aimé Jacquet).
Viennent ensuite les anonymes, ceux qui comptent entre deux et neuf sélections. Ceux-là ont eu leur chance mais ne l’ont pas saisie. Il s’agit de Daniel Ravier, Christian Sarramagna, Roger Jouve et Pierre Repellini (1973, Stefan Kovacs), Robert Pintenat et Gilles Rampillon (1976, Michel Hidalgo), Michel Bibard (1984, Henri Michel), Laurent Fournier (1992, Gérard Houllier), Frédéric Déhu et Tony Vairelles (1998, Roger Lemerre), Bruno Cheyrou (2002, Jacques Santini) et Rio Mavuba (2004, Raymond Domenech).
La troisième catégorie regroupe les habitués, ceux qui comptent entre 10 et 29 sélections. Sans avoir fait une carrière exceptionnelle, ils ont suffisamment porté le maillot bleu pour qu’on se souvienne d’eux. On y trouve Jean-Paul Rostagni (1969, Georges Boulogne, 1969), Marc Berdoll (1973, Stefan Kovacs), Patrice Rio (1976, Michel Hidalgo), Alain Roche et Christian Perez (1988, Michel Platini), Gaël Givet et Sébastien Squillaci (2004, Raymond Domenech).
Enfin, le dernier groupe de joueurs, les piliers, constitue ceux qui à des degrés divers, ont écrit l’histoire de l’équipe de France, et qui comptent trente sélections et plus. Ce groupe comprend Bernard Lacombe (1973, Stefan Kovacs), Didier Six, Michel Platini et Maxime Bossis (1976, Michel Hidalgo), Sidney Govou (2004, Jacques Santini), Patrice Evra et Eric Abidal (2004, Raymond Domenech). Si aucun d’eux n’a été champion du monde 1998 ou champion d’Europe 2000, on trouve quand même quatre champions d’Europe 1984 et deux vice-champions du monde 2006.
Deux sélectionneurs ont donc brillé par leur intuition pour leurs débuts. Il s’agit tout d’abord de Michel Hidalgo. En mars 1976 face à la Tchécoslovaquie (championne d’Europe trois mois plus tard), il lance six joueurs. Deux d’entre eux ne feront que passer (Robert Pintenat et Gilles Rampillon, trois sélections chacun), le troisième s’installera quelques temps dans la défense tricolore (Patrice Rio, 17 sélections). Et les trois derniers seront tout simplement les cadres de la grande équipe des années 80 : Didier Six (52 sélections), Michel Platini (72) et Maxime Bossis (76). Difficile de faire mieux !
Le second n’a pas connu la même réussite, mais il convient de saluer sa clairvoyance. Raymond Domenech n’a fait fausse route qu’avec un seul de ses cinq nouveaux d’août 2004 contre la Bosnie : Rio Mavuba, qui ne compte que six sélections, mais qui n’a pas dit son dernier mot. Le duo monégasque Givet-Squillaci n’a certes pas été impressionnant (33 sélections à eux deux), mais il a constitué la toute première charnière défensive de Domenech, jusqu’au retour de Thuram. Quant à Evra (32) et Abidal (48), il n’est pas encore exclu de les revoir en bleu s’ils parviennent à faire oublier leurs piètres performances sud-africaines.
A ce petit jeu, les moins bons auront été Aimé Jacquet (un testé jamais rappelé), Gérard Houllier (4 sélections pour le duo Fournier-Prunier), Henri Michel (6 sélections pour le seul Bibard), Roger Lemerre (Déhu-Vairelles, 13 sélections), et Stefan Kovacs (donc 5 des 7 nouveaux n’ont jamais atteint les 10 sélections).
Il faudra attendre quelques années pour savoir si Laurent Blanc, que les circonstances ont amené à écarter 22 internationaux (plus Carrasso qui n’a pas encore de sélection), aura trouvé dans les nouveaux appelés d’Oslo des grands noms de demain.