A Kazan, ils devraient être au moins sept ou huit joueurs à disputer leurs premières minutes en Coupe du monde, puisque seuls Lloris, Varane, Matuidi, Pogba, Griezmann et Giroud l’ont déjà fait.
C’est évidemment un moment unique dans une carrière, et selon les cas, le souvenir peut être cuisant. Retour sur neuf « premières fois » de grands noms, de futurs espoirs déçus ou de surprises de dernière minute.
Antoine Griezmann : 15 juin 2014 à Porto Alegre
> Résultat : victoire 3-0 contre le Honduras
> Age : 23 ans et 2 mois
> Expérience : 4 sélections avant le match
Aligné sur l’aile gauche d’une ligne d’attaque composée de Valbuena à droite et Benzema dans l’axe, Antoine Griezmann n’est pas encore un titulaire à part entière. Il a même marqué ses trois premiers buts en sélection en entrant en cours de jeu. A la 22e, sa tête est repoussée par la barre sur un centre d’Evra. Il fait une bonne première mi-temps, trouve Valbuena en profondeur, et a un peu plus de mal après la pause. Mais les Bleus l’emportent 3-0 avec un doublé de Benzema. Quant à Griezmann, il alternera titularisations (Honduras, Equateur, Allemagne) et remplacements (Suisse, Nigéria), pour un bilan final mitigé.
Franck Ribéry : 13 juin 2006 à Stuttgart
> Résultat : nul 0-0 contre la Suisse
> Age : 23 ans et 3 mois.
> Expérience : 3 sélections avant le match.
En deux ans, Ribéry est passé du National (Stade brestois) à la coupe du monde. Et en plus, il est titulaire aux côtés de Zidane ! Contre la Suisse, il commence à gauche, Wiltord est à droite et Henry en pointe. A la 30e, servi par Zidane à l’entrée de la surface, il frappe au-dessus. A la 37e, il file côté droit, se présente seul devant le gardien, préfère remettre en retrait pour Henry dont le tir est dévié de la main par un défenseur. Sa chance est passée, mais il aura montré qu’il était indispensable. Il ne quittera plus l’équipe-type jusqu’à la finale et égalisera contre l’Espagne en huitièmes.
Zinedine Zidane : 12 juin 1998 à Marseille
> Résultat : victoire 3-0 contre l’Afrique du Sud (1 passe décisive).
> Age : 25 ans et 11 mois.
> Expérience : 34 sélections avant le match.
Débuter en coupe du monde devant son public, là-même où 14 ans plus tôt il avait vu marquer Platini contre le Portugal : pour Zizou, ce match a un parfum particulier. Il ne brille pas, mais il réussit une somptueuse ouverture sur Dugarry alors que celui-ci vient de remplacer Guivarc’h. L’attaquant de l’OM manque son duel. A la 35e, corner, Zidane le tire, Dugarry décroise sa tête au premier poteau et trouve un poteau rentrant victorieux. Premier but et première passe décisive pour les copains bordelais. Il aurait pu y en avoir une autre en finale contre le Brésil, mais Duga la manquera, encore une fois.
Jean-Pierre Papin : 1er juin 1986 à Leon
> Résultat : victoire 1-0 contre le Canada (1 but)
> Age : 22 ans et 6 mois.
> Expérience : 1 sélection avant le match.
L’attaquant de Bruges est la principale attraction des Bleus qui s’appuient sur l’ossature de 1984. Contre le Canada, JPP est titulaire. Il va canarder dans tous les sens, toucher du bois, se procurer une bonne demi-douzaine d’occasions franches, toutes manquées sauf une, la dernière, sur un long centre de Fernandez rabattu devant les cages par Stopyra. A un mètre de la ligne, il n’aura plus qu’à accompagner le ballon de la tête dans la cage. Papin sera encore aligné contre l’URSS et la Hongrie au premier tour, mais perdra sa place au profit de Dominique Rocheteau par la suite.
Jean-Luc Ettori : 16 juin 1982 à Bilbao
> Résultat : défaite 1-3 contre l’Angleterre.
> Age : 26 ans et 10 mois.
> Expérience :2 sélections avant le match.
C’est la surprise du chef. Plus tard, Michel Hidalgo racontera qu’il s’était fié à l’avis d’Ivan Curkovic, entraîneur des gardiens, et que ce dernier avait choisi le portier monégasque plutôt que son successeur à Saint-Etienne, Jean Castaneda ou le vétéran Dominique Baratelli. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les débuts d’Ettori, qui porte le numéro 22, vont tourner au cauchemar dans un San Mames écrasé sous la canicule. But de Robson après 25 secondes de jeu. Un peu après l’heure de jeu, but de Robson encore dont la tête est bien plus haute que la main tendue du Monégasque (1,72 m). Et à huit minutes de la fin, le coup de grâce avec une frappe à bout portant de Paul Mariner après que Trésor se soit troué. Après le match, Ettori se fera piquer par une guêpe. Quand ça ne ne veut pas...
Michel Platini : 2 juin 1978 à Mar del Plata
> Résultat : défaite 1-2 contre l’Italie.
> Age : 22 ans et 11 mois.
> Expérience : 15 sélections avant le match.
Quatre mois plus tôt à Naples, il a ébloui les journalistes italiens en battant deux fois Zoff sur coup-franc et par sa technique irrésistible. Il faudra encore quatre ans à Platini pour rejoindre la Juventus, mais face à la Squadra Azzura, il est parfaitement pris par Marco Tardelli et ne peut rien faire. Les Bleus marquent très vite, mais lui peste, s’énerve, plonge dans la surface et prend un carton jaune pour simulation. Rien ne passe, alors que l’Italie a égalisé sur un coup de billard et a pris l’avantage sur une mauvaise estimation de Bertrand-Demanes, figé sur sa ligne. Comme Kopa en 1954, Platini marquera au match suivant contre l’Argentine, en vain également (1-2).
Robert Herbin : 13 juillet 1966 à Wembley
> Résultat : nul 1-1 contre le Mexique.
> Age : 27 ans et 3 mois.
> Expérience : 17 sélections avant le match
C’est le grand espoir du football français, et cette coupe du monde anglaise est l’occasion pour lui de franchir un palier. Mais le milieu stéphanois formé à Nice a juste eu le tort d’être né dix ans trop tard (pour 1958) ou dix ans trop tôt (pour 1978). Contre le Mexique, il est aligné juste derrière l’attaque et l’avant-centre Philippe Gondet. Dans une bouillie tactique innommable (marquage individuel), les Bleus n’arrivent à rien face à une équipe mexicaine a priori largement prenable. Herbin perd sa place pour le second match contre l’Uruguay, la retrouve contre l’Angleterre mais, victime d’un coup de Nobby Styles sur le genou, il s’exilera en attaque, loin du jeu.
Just Fontaine : 8 juin 1958 à Norrköping
> Résultat : victoire 7-3 contre le Paraguay, 3 buts
> Age : 24 ans et 9 mois.
> Expérience : 5 sélections avant le match.
Contesté lors des matches de préparation, Just Fontaine sauve sa place en marquant contre l’Espagne. N’a jamais joué avec Kopa avant. Doit sans doute sa place de titulaire au forfait sur blessure de René Bliard (entorse à la cheville 10 jours avant le premier match). Le carré magique se met en place pour la première fois. Kopa en meneur de jeu, Fontaine et Piantoni en pointe, Vincent et Wisnieski sur les côtés. Il faut 24 minutes à Fontaine pour trouver la faille (ouverture de Piantoni), et six minutes de plus pour mettre le deuxième (sur une passe longue de Kopa). A 23 minutes de la fin, les Bleus n’ont qu’un but d’avance (4-3) quand Fontaine surgit au second poteau pour couper un centre de Piantoni. Et pour bien faire, il donne aussi deux passes décisives à Piantoni juste après la pause, et à Kopa dans la foulée de son troisième but. Score final 7-3. Les Bleus d’Albert Batteux tiennent la formule qui gagne et ne la lâcheront plus.
Raymond Kopa : 16 juin 1954 à Lausanne
> Résultat : défaite 0-1 contre la Yougoslavie
> Age : 22 ans et 8 mois
> Expérience : 13 sélections avant le match
Il y a des jours comme ça où ne fonctionne. Kopa est aligné avec l’attaquant rémois Léon Glovacki, avec lequel il va jouer quasi-exclusivement, une sorte de duo Benzema-Ribéry des années cinquante. La Yougoslavie marque très vite, par Milos Milutinovic suite à un mauvais renvoi défensif de Jean-Jacques Marcel, et ce sera tout. Glovacki rate son match, les Bleus aussi. Pas de jeu collectif, une condition physique très insuffisante suite à une préparation à Divonne-les-Bains aux allures de grandes vacances... Kopa marquera le but de la victoire sur pénalty contre le Mexique (3-2). En vain.