[829] Russie-France (1-3) : des éclairs dans la grisaille

Publié le 27 mars 2018 - Bruno Colombari

Face à une équipe russe aussi faible qu’annoncé, les Bleus ont mis du temps à rentrer dans le match. Quand ils l’ont fait, sur des actions de classe de Pogba et Mbappé, l’affaire a été pliée. Sans vraiment convaincre.

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Le résultat était-il prévisible ?

Après la déconvenue contre la Colombie, et compte tenu du faible niveau théorique de la sélection russe, une victoire des Bleus par deux buts d’écart semblait réaliste. La première mi-temps a confirmé ce à quoi on s’attendait côté russe, dont la malheureuse équipe ne se serait jamais qualifiée pour la Coupe du monde si elle ne l’avait pas jouée à domicile. Mais de la part d’un vice-champion d’Europe, et candidat déclaré au titre mondial, une telle indigence ne pouvait pas durer. Elle ne dura pas. Au final, le score est donc attendu (3-1), même si la maîtrise toute relative des opérations n’incite pas à un enthousiasme débordant. On va parler de minimum syndical.

L’équipe est-elle en progrès ?

Est-il possible de faire pire que la première demi-heure de ce Russie-France ? Le challenge est relevé, en tout cas. On n’avait rien vu de pire depuis le 0-0 contre le Luxembourg en septembre, ou la deuxième mi-temps en Bulgarie. Sans doute par peur d’une nouvelle soufflante dans les vestiaires comme vendredi dernier, Pogba et Mbappé ont décidé de passer à la vitesse supérieure cinq minutes avant la pause (il était temps). Et Pogba a eu la bonne idée de donner une avance un peu plus conséquente juste après.

Si la deuxième période a été, on va dire, plus animée, ce n’est pas pour autant qu’elle chasse tous les doutes. Avant les six rotations qui ont effiloché le match après l’heure de jeu, on n’a pas senti une équipe maîtrisant la partie. Au contraire, comme lors de trois de ses quatre sorties précédentes, elle offrait l’occasion à l’adversaire de revenir en jeu (2-1 contre la Biélorussie et 2-3 face à la Colombie après avoir mené à chaque fois 2-0, 2-2 à la dernière minute en Allemagne après avoir pris l’avantage à 1-0 et 2-1). Mais cette Russie-là n’est qu’un tigre (ou un ours) de papier, et son gardien a des savonnettes dans les mains.

Quels sont les joueurs en vue ?

Alors que son premier quart d’heure avait pris des airs de festival du n’importe quoi, Paul Pogba est progressivement monté dans les tours, délivrant des passes longues de plus en plus ajustée. C’est sur l’une d’elles qu’il a trouvé Mbappé pour l’ouverture du score, avant d’enrouler une merveille de coup franc que ne renierait pas l’ex-président de l’UEFA.

Kylian Mbappé avait une carte à jouer à ce poste de pointe où ses qualités sont diamétralement différentes de celles d’Olivier Giroud. S’il a été brouillon en première période, son sang-froid et sa précision sur le premier but des Bleus ont mis la défense russe sur les fesses. Le deuxième n’est pas mal non plus, même si Lunev l’a bien aidé. Il aurait pu faire encore mieux s’il n’avait pas tiré sur le gardien à six mètres (26e), si son enchaînement débordement-centre en retrait à la 43e avait été converti en but par Martial, et s’il n’avait pas trouvé les nuages en cherchant la lucarne opposée (63e).

En défense centrale, le retour de Koscielny a été convaincant, ce qui risque de donner des maux de tête à Deschamps. Le défenseur d’Arsenal a assuré derrière et aurait même pu marquer sur une tête cadrée à la 60e.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Benjamin Pavard et Lucas Hernandez avaient tous deux une carte importante à jouer dans les couloirs. Raté. Le défenseur de Stuttgart et celui de l’Atlético ont été en difficulté derrière et jamais décisifs devant, et leur complémentarité avec Dembélé et Martial n’a pas sauté aux yeux, tant les lignes étaient étirées.

N’Golo Kanté est resté dans le prolongement de son étonnante deuxième période contre la Colombie, où on l’a vu perdre des ballons a priori faciles. Enfin, Adrien Rabiot n’a pas levé les (gros) doutes émis sur ses prestations en Bleu.

Devant, l’association PlayStation Dembélé-Mbappé-Martial n’a pas fonctionné, la faute d’une part aux deux ailiers qui ont insuffisamment combiné avec leur pointe, d’autre part à la distance trop longue avec le trio du milieu, balançant des ballons en profondeur au petit bonheur la chance. Sur ce qu’on a vu à Saint-Petersbourg, Griezmann et Giroud n’ont pas de souci à se faire.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Il n’aura lieu que dans deux mois, le 28 mai contre l’Irlande. A ce moment-là, la saison des clubs sera terminée (la finale de la Ligue des Champions, qui concerne encore potentiellement une douzaine d’internationaux est prévue le 26 mai) et la liste des 23 connue depuis le 15. La configuration sera donc bien différente de celle des matchs de mars.

Pour autant, ce ne sera probablement pas l’équipe-type du début de la Coupe du monde qui sera alignée le 28 mai. Il devrait manquer quelques titulaires, comme potentiellement Varane (Real Madrid), Umtiti, Digne et Dembélé (Barcelone), Mendy (Manchester City), Matuidi (Juventus) ou Tolisso et Coman (Bayern). De plus, en début de préparation, les niveaux de forme de chacun sont souvent très variables. Ce sera peut-être l’occasion de tester les Parisiens Kimpembe et Aréola, déjà libérés de toute obligation européenne…

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal