Pour le calcul du nombre de jours, on considèrera que le champion du monde perd son titre soit lorsqu’il est battu dans un match à élimination directe, soit lors de son dernier match joué si c’est dans une phase de poule. Par exemple, la France a perdu son titre de champion du monde 1998 lors de son dernier match de poule joué en 2002 face au Danemark. Le cas de l’Uruguay en 1934 est spécial puisque les Sud-américains ne sont pas venus défendre leur titre. On considère donc qu’ils ont perdu leur couronne mondiale lors du premier match joué au cours de l’édition 1934.
C’est l’Italie, qui au cumulé, est restée championne du monde le plus longtemps (8 749 jours, pour quatre victoires en 1934, 1938, 1982 et 2006) devant le Brésil (7 333 jours avec pourtant cinq succès en 1958, 1962, 1970, 1994 et 2002) et l’Allemagne (5 804 jours et quatre couronnes en 1954, 1974, 1990 et 2014).
Les Brésiliens ont gagné un titre de plus que les Italiens, mais ces derniers ont conservé leur couronne mondiale sans interruption entre 1934 et 1950, bénéficiant des douze années (entre 1938 et 1950) où le football a été mis en sommeil pendant la seconde guerre mondiale. L’équipe de France est désormais troisième au bénéfice du décalage de la Coupe du monde 2022 de juillet à décembre, d’autant plus qu’elle est allée au bout du bout de l’épreuve, ne s’inclinant qu’en finale et aux tirs au but. Elle compte désormais 3049 jours de cumul.
Arrivent ensuite l’Argentine (2938, trois victoires en 1978, 1986 et 2022) et l’Uruguay (2842 jours, victoires en 1930 et 1950). L’Espagne (championne du monde en 2010 pour 1443 jours) et l’Angleterre (vainqueur sur ces terres en 1966 et détentrice du titre pendant 1415 jours) complètent la liste. Ces chiffres sont arrêtés au 18 décembre 2022, alors que bien sûr le cumul de l’Argentine continue de monter. Elle dépassera la France le 9 mars 2023, avec 3050 jours cumulés.
L’Italie profite de l’interruption de la Deuxième Guerre mondiale
L’équipe d’Italie est restée championne du monde le plus longtemps sans interruption. Vainqueur à domicile en 1934, les Italiens conservent leur titre en 1938 avant que la seconde guerre mondiale ne vienne mettre la grande fête du football mondial en retrait pendant 12 ans. En 1950, la Squadra azzurra ne passe pas le premier tour et lâche son bien après 5866 jours. Un record qui ne sera probablement jamais battu. C’est ensuite le Brésil, seule autre nation à avoir remporté deux titres de suite, qui arrive avec un total de 2942 jours entre le titre remporté en Suède en 1958 et l’élimination lors du premier tour de la coupe du monde anglaise de 1966.
L’équipe de France championne du monde 2018 est troisième avec 1619 jours entre le 15 juillet 2018 et le 18 décembre 2022. Le Brésil occupe la quatrième place avec 1473 jours entre son titre de 1970 et son élimination en 1974.
Perdre son titre en finale n’est pas synonyme de longévité, sauf pour la France
Les autres champions du monde ont gardé leur titre entre 1470 jours (Argentine 1986) et 1397 jours (Uruguay 1930). On notera que perdre son titre en finale, comme ce fut le cas de l’Argentine en 1990, n’assure pas une longévité exceptionnelle, sauf, on l’a vu, pour l’équipe de France de 2022. Le Brésil de 1994 n’a gardé ce statut que 1456 jours, ce qui le place au neuvième rang. La France de 1998, avec 1430 jours, se classe en 17e position sur 19, juste devant l’Angleterre de 1966 (1415) et l’Uruguay de 1930, seul champion en dessous durant moins de 1400 jours (1397 pour être précis).
Intéressons-nous pour terminer aux périodes de vacance du titre de champion du monde. Au global, le titre est resté libre pendant 173 jours depuis 1934, soit une moyenne de 8,65 jours lors de chaque édition. Le chiffre oscille entre zéro jour en 1990 et 1998 lorsque les champions du monde argentins puis brésiliens ont perdu leur titre en finale, et 20 jours en 2014 avec l’élimination de l’Espagne au premier tour de la l’édition brésilienne. En 1954, lorsque l’Uruguay a été battue en demi-finale, tout comme en 1974 et 1978 avec l’organisation d’un second tour, il n’y a eu que quatre jours entre la perte du titre et sa conquête par un nouveau pays.
Le titre a été le plus longtemps vacant depuis 2002
En 1958, cinq jours se sont écoulés entre la défaite allemande en demi-finale et le premier succès mondial des Brésiliens. On note sept jours pour les éditions de 1970 et 1994, huit en 2006 (avec la défaite du Brésil en quart face aux Bleus) et neuf en 1982. On passe ensuite à 11 jours en 1966, 12 en 1986 (l’Italie éliminée par la France en huitième) et 14 en 1934 (avec l’absence de l’Uruguay) et 1950 (et la fin de 16 ans de règne italien).
Enfin, il est intéressant de constater que les plus importantes périodes de vacance remontent à ces dernières décennies. Les éliminations des champions du monde dès le premier tour des éditions 2002 (France, 19 jours de vacance), 2010 (Italie, 17 jours), 2014 (Espagne, 20 jours) et 2018 (Allemagne, 18 jours) ont engendré les intervalles les plus longs sans champion du monde. Les Bleus ont toutefois inversé la tendance en 2022, le titre étant transmis sans transition au soir de la finale, comme ce fut le cas en 1998 entre le Brésil et la France et en 1990 entre l’Argentine et la RFA.
Si l’Argentine se qualifie pour la Coupe du monde 2026 mais ne la gagne pas, et en supposant que la finale, qui a toujours lieu un dimanche, soit disputée le 17 juillet, l’Albiceleste gardera son titre entre 1290 (élimination au premier tour) et 1307 jours (défaite en finale), ce qui en ferait de toute façon le champion du monde le plus bref de l’histoire, puisqu’il ne se sera passé que trois ans et sept mois entre l’édition 2022 et la suivante.