Hormis en 1934 et 1938 (matchs à élimination directe), et à la rigueur en 1954, où le premier tour ne comptait que deux rencontres puisque les têtes de série ne se rencontraient pas, l’équipe de France a joué 12 fois un deuxième match dans une phase de groupe qui en comptaient trois. Elle en a gagné 4, pour 3 nuls et 5 défaites, autant dire que ça a été rarement une partie de plaisir. Dans quelle mesure ce match-pivot a-t-il été décisif, et dans quel sens ?
Après une défaite au premier match, le couperet tombe deux fois sur trois
Tout dépend évidemment du résultat du match initial. Une défaite au premier fait du deuxième une rencontre couperet, avec élimination en cas de deuxième échec. On retrouve cette configuration en 1978 contre l’Argentine, quatre jours après une défaite 1-2 face à l’Italie à Mar del Plata. Et encore quatre ans plus tard, devant le Koweït à Valladolid, à la suite d’un 1-3 cuisant à tous les sens du terme. Mais si la deuxième fois, une nette victoire (4-1) avait remis les Bleus sur les rails, la première avait été fatale (1-2) malgré un match de toute beauté. En 2002, la défaite surprise contre le Sénégal lors du match d’ouverture (0-1) avait mis une pression maximale sur des Bleus diminués qui avaient sauvé les meubles devant l’Uruguay (0-0). Ou plutôt retardé l’échéance de quelques jours.
1978 : ITALIE 1-2, ARGENTINE 1-2 (éliminé)
1982 : ANGLETERRE 1-3, KOWEÏT 4-1 (qualifié)
2002 : SÉNÉGAL 0-1, URUGUAY 0-0 (éliminé)
Après une victoire initiale, ça passe cinq fois sur six
Deuxième cas, symétrique du premier : en cas de victoire lors du premier match, le deuxième peut assurer la qualification s’il est lui aussi remporté (sauf dans le cas très rare à trois équipes ayant gagné deux matchs, comme la RFA, l’Autriche et l’Algérie en 1982).
Ça a marché en 1998 (Arabie Saoudite 4-0 après Afrique du Sud 3-0), en 2014 (Suisse 5-2 après Honduras 3-0) et en 2018 (Pérou 1-0 après Australie 2-1). Trois fois seulement donc : il n’est pas facile de gagner les deux premiers matchs de Coupe du monde ! On remarquera que Didier Deschamps était là les trois fois, comme joueur puis comme sélectionneur. Fera-t-il la passe de quatre ?
1998 : AFRIQUE DU SUD 3-0, ARABIE SAOUDITE 4-0 (qualifié)
2014 : HONDURAS 3-0, SUISSE 5-2 (qualifié)
2018 : AUSTRALIE 2-1, PÉROU 1-0 (qualifié)
Une seule fois, la victoire initiale a été suivie d’un nul : c’était en 1986, quand la redoutable URSS de Dasaev, Belanov et Zavarov avait tenu les Bleus en échec (1-1), lesquels avaient souffert pour venir à bout du Canada (1-0). Ça n’avait pas empêché la qualification, mais l’équipe de France, deuxième à la différence de buts, s’était retrouvée dans la pire moitié de tableau (Italie, Brésil et RFA).
1986 : CANADA 1-0, URSS 1-1 (qualifié)
Les deux dernières fois, le deuxième match a été perdu, mais avec des conséquences opposées. En 1930, la défaite contre l’Argentine (0-1), future finaliste, avait quasiment éliminé les Français. Alors qu’en 1958, l’échec face à la Yougoslavie (2-3) avait été rattrapé par une victoire contre l’Ecosse (2-1) moyennant un changement de gardien.
1930 : MEXIQUE 4-1, ARGENTINE 0-1 (éliminé)
1958 : PARAGUAY 7-3, YOUGOSLAVIE 2-3 (qualifié)
Après un nul, le deuxième n’est jamais gagné mais pas forcément éliminatoire
Le seul cas où le deuxième match n’est pas décisif, c’est si le tournoi a débuté par un nul. Comme en 1966 (1-1 face au Mexique, l’adversaire le plus facile du groupe). La défaite contre l’Uruguay (1-2) n’était pas éliminatoire, mais plaçait les Bleus face à un défi impossible : battre l’Angleterre à Wembley, hors de sa portée (0-2). C’est le scénario létal de 2010 (Uruguay 0-0, Mexique 0-2), mais pas de 2006, avec un enchaînement inédit (et unique à ce jour) de deux nuls pour commencer : 0-0 contre la Suisse et 1-1 devant la Corée du Sud. Les Bleus étaient passés en catimini en battant le Togo au troisième match (2-0).
1966 : MEXIQUE 1-1, URUGUAY 1-2 (éliminé)
2006 : SUISSE 0-0, CORÉE DU SUD 1-1 (qualifié)
2010 : URUGUAY 0-0, MEXIQUE 0-2 (éliminé)