Si la date de naissance du Stade Brestois est fixée à 1950, le football n’a pas attendu cette date pour s’imposer dans la cité du Ponant. Depuis le début du siècle, Brest vit au rythme des rivalités entre clubs laïcs et clubs de patronage, comme dans de nombreuses villes de Bretagne. Deux clubs emblématiques ont symbolisé cette dualité, l’Armoricaine de Brest et l’AS Brest.
Du temps de l’Armoricaine
L’Armoricaine de Brest, club de “cathos” fondé en 1903, a disparu en 1950 lors de la fusion qui a donné naissance à l’actuel Stade Brestois. Parmi ses joueurs, le club a vu passer l’un des premiers grands gardiens de l’équipe de France, Alexis Thépot, le dernier rempart des Tricolores lors des Coupes du monde 1930 et 1934. Ce natif de Brest a connu sa première sélection alors qu’il n’était âgé que de vingt-et-un ans et défendait encore les cages brestoises. C’était contre l’Angleterre le 26 mai 1927 à Colombes et il en avait pris six, ce qui ne l’a pas empêché de faire une belle carrière en bleu par la suite (31 sélections).
Mais le tout premier joueur brestois à avoir porté le maillot de l’équipe de France était un joueur du camp d’en face, l’Association Sportive de Brest. Le défenseur Robert Coat est en effet sélectionné pour un Pays Bas-France disputé à Amsterdam le 2 avril 1923. Les Français reviennent avec une lourde défaite (8-1) et Robert Coat n’est plus jamais rappelé par la suite. L’AS Brest, club laïc créé en 1905, est toujours actif de nos jours. Ses équipes de jeunes sont très suivies et constituent un vivier de premier choix pour les clubs bretons. Paul Le Guen, Corentin Martins et Patrick Colleter s’y sont notamment fait remarquer avant d’intégrer le centre de formation du Stade Brestois.
Trois joueurs, quatre sélections
Le Stade Brestois est fondé en 1950 de la fusion de plusieurs clubs de patronages de la cité finistérienne et prolonge l’histoire de l’Armoricaine dans son opposition à la domination locale de l’AS Brest. Le club accède au championnat de France amateur (CFA) en 1958, puis à la deuxième division en 1970, et intègre enfin l’élite en 1979. Il prend le nom de Brest Armorique et demeure durablement en première division. Son premier international est le défenseur Yvon Le Roux qui est appelé en avril 1983 pour un France-Yougoslavie amical dont il ouvre d’ailleurs le score.
Seuls deux autres joueurs du Brest Armorique connaîtront ensuite l’équipe de France : Gérard Buscher et David Ginola honorent leur première cape bleue respectivement en août 1986 (Suisse-France 2-0) et en novembre 1990 (Albanie-France 0-1). D’autres joueurs du Stade Brestois connaîtront aussi le maillot bleu après avoir quitté le Finistère, tels Paul Le Guen, Corentin Martins, Claude Makélélé ou Stéphane Guivarc’h, formés au club, ou ceux qui ont plus ou moins durablement défendu les couleurs brestoises (Bernard Lama, Bernard Pardo, Vincent Guérin et plus tard Franck Ribéry). Quelques anciens internationaux sont également passés dans le club armoricain après la fin de leur (courte) carrière en bleu : Patrick Parizon, Raymond Keruzoré, Bernard Mendy et Jonathan Zebina.
Joueur | Sel. Brest | Sel Total | Période Brest | Période France | Précisions |
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Robert Coat | 1 | 1 | 1922-1923 | 1923-1923 | AS Brestoise |
Alex Thépot | 1 | 31 | 1922-1927 | 1927-1935 | Armoricaine |
Jean-Claude Lavaud | 0 | 1 | 1968-1970 | 1967-1967 | |
Patrick Parizon | 0 | 3 | 1980-1983 | 1975-1975 | |
Raymond Keruzoré | 0 | 2 | 1979-1981 | 1976-1978 | |
Yvon Le Roux | 2 | 28 | 1977-1983 | 1983-1989 | Formé au Stade Brestois |
Gérard Buscher | 1 | 2 | 1986-1986 | 1986-1987 | |
Bernard Pardo | 0 | 13 | 1980-1985 | 1988-1991 | |
David Ginola | 1 | 17 | 1990-1992 | 1990-1996 | |
Paul Le Guen | 0 | 17 | 1984-1989 | 1993-1995 | Formé au Stade Brestois |
Vincent Guérin | 0 | 19 | 1984-1988 | 1993-1996 | |
Corentin Martins | 0 | 14 | 1988-1991 | 1993-1996 | Formé au Stade Brestois |
Bernard Lama | 0 | 44 | 1990-1991 | 1993-2000 | |
Claude Makélélé | 0 | 71 | 1990-1991 | 1995-2008 | Formé au Stade Brestois |
Stéphane Guivarc’h | 0 | 14 | 1989-1991 | 1997-1998 | Formé au Stade Brestois |
Bernard Mendy | 0 | 3 | 2012-2014 | 2004-2004 | |
Jonathan Zebina | 0 | 1 | 2011-2012 | 2005-2005 | |
Franck Ribéry | 0 | 81 | 2003-2004 | 2006-2014 |
Quelques joueurs emblématiques
Le menhir de Plouvorn est le premier joueur du Stade Brestois à porter les couleurs de l’équipe de France. Aussitôt après ses deux premières sélections en 1983, Yvon Le Roux quittera Brest pour Monaco. On le retrouvera ensuite à Nantes, à Marseille puis au Paris Saint-Germain. Chez les Bleus, il cumule pas moins de 28 sélections, remporte le championnat d’Europe 1984 et termine à la troisième place de la Coupe du monde 1986. Hormis son but dès sa première sélection, ce sont des images plutôt négatives qui reviennent à l’esprit comme ses deux cartons rouges reçus lors de deux matchs phares, la finale de l’Euro 1984 et le décisif France-Yougoslavie qualificatif pour le Mondial mexicain, mais aussi le choc qui a brisé la jambe du Danois Alan Simonsen lors du match d’ouverture de l’Euro. Yvon Le Roux n’était pourtant pas un joueur violent mais sa dimension physique était l’une de ses principales qualités.
S’il n’a connu que deux sélections en équipe de France A, Gérard Buscher reste le meilleur buteur de l’histoire du club brestois en première division (avec le Yougoslave Drago Vabec). Formé à l’OGC Nice, il arrive à Brest en 1984 après un passage mitigé à Nantes. Il inscrit de nombreux buts dans le Finistère au point d’être appelé par Henri Michel dès 1985. Il reste cependant sur le banc de touche et n’apparaît qu’après le Mondial Mexicain, le 19 août 1986 pour une rencontre amicale en Suisse (0-2). Il est remplacé en deuxième mi-temps par Bruno Bellone. Il connaîtra sa seconde sélection en août 1987 lors d’un RFA-France amical où il remplace Jean-Pierre Papin en deuxième mi-temps. Gérard Buscher n’est alors plus brestois, ayant répondu aux sirènes du Matra Racing. On le reverra pourtant dans le club finistérien le temps d’une saison, en 1989-1990 où il marque encore de nombreux buts. L’atmosphère pluvieuse du Finistère convenait décidément bien à ce méridional.
David Ginola est le troisième joueur à avoir connu l’équipe de France durant sa période brestoise. Formé au SC Toulon, égaré au Matra Racing, il se retrouve au Brest Armorique en 1990 où il se refait une santé, au point d’être appelé par Michel Platini qui le fait entrer en jeu à l’occasion d’une rencontre en Albanie le 17 novembre 1990. Le club brestois ayant été liquidé en 1991, David Ginola rejoint le Paris Saint-Germain où il retrouve un important contingent d’anciens Brestois : Paul Le Guen, Bernard Lama, Vincent Guérin, Patrick Colleter, Bernard Pardo… Le beau David devra attendre l’arrivée de Gérard Houiller pour honorer sa deuxième sélection en août 1992 contre le Brésil. Il totalisera 17 sélections entre 1990 et 1995.
Il n’a joué ni en équipe de France, ni au Stade brestois, mais comment ne pas faire un clin d’oeil à Gonzalo Higuaín que le sélectionneur Raymond Domenech convoqua en équipe de France fin 2006 ? Le prometteur attaquant de River Plate n’avait pas encore vingt ans et, natif de Brest, il disposait d’un passeport français. Il est le fils de Jorge Higuaín, qui avait joué une saison au Brest Armorique (1987-1988) et donc donné naissance à son fils dans le Finistère. Mais Gonzalo a grandi en Argentine et n’a jamais vibré pour le maillot bleu, ni même pour le drapeau breton. Il a donc refusé la convocation, préférant défendre le maillot albiceleste une fois qu’il a obtenu la nationalité argentine. Il a toutefois gardé son passeport français, afin de pouvoir jouer au Real Madrid, à Naples, à la Juventus, à Milan, à Chelsea… sans être considéré comme un extra-communautaire. On aurait aimé le voir à Brest. L’histoire aurait été belle mais le foot n’a que faire des belles histoires.
On notera que le club brestois a la particularité d’avoir accueilli beaucoup moins de joueurs de l’équipe de France que d’internationaux étrangers. Ceux-ci n’étaient pas les moindres pourtant : Julio César (Brésil), José-Louis Brown (Argentine), Roberto Cabañas (Paraguay), Carlos Tapia (Argentine), Vladimir Petrović (Yougoslavie), Dragiša Binić (Yougoslavie), Sergio Goycoechea (Argentine)... Une belle liste.
L’équipe type
Pour définir le onze idéal des Brestois de l’équipe de France, le choix n’est pas très large, mais nous pouvons aligner une équipe de qualité, solide derrière et créative devant.
Dans les buts, le choix est difficile entre Bernard Lama et Alex Thépot, mais ce dernier n’a pas connu le Stade Brestois à proprement parler. En défense, Yvon Le Roux est en défense centrale avec Paul Le Guen, souvent milieu de terrain mais défenseur en fin de carrière. Bernard Mendy et Jonathan Zebina sont sur les côtés. Devant cette défense, Bernard Pardo s’occupe du balayage, Vincent Guérin assure le relais tandis que les créatifs Corentin Martins et Raymond Kéruzoré animent le jeu. Devant, David Ginola tourne autour de Gérard Buscher. La banc des remplaçants quant à lui a fière allure avec Stéphane Guivarc’h, Franck Ribéry, Claude Makélélé, Patrick Parizon… et Alex Thépot.
A quand l’équipe de France à Brest ?
L’équipe de France A n’a jamais joué à Brest. Le Roudourou de Guingamp est le stade de France le plus à l’ouest dans lequel ont évolué les Bleus. Le stade Francis-le-Blé, construit en 1922 et proposant aujourd’hui 15.000 places, n’est pas en mesure de recevoir un match international. Il a par contre accueilli plusieurs rencontres des équipes de France Espoir, Olympique et Féminine. Le projet d’un nouveau stade est annoncé pour 2025, situé à Guipavas (en banlieue brestoise, près de l’aéroport), mais il ne sera guère plus grand que le précédent, ne proposant que 13.000 places. Pas sûr donc qu’on y verra l’équipe de France A.