L’amour est sans doute la raison la plus noble qui puisse pousser un homme à renoncer au maillot bleu. André Cheuva, par exemple, est convoqué pour la Coupe du monde 1930, mais renonce à s’y rendre sous la pression de sa fiancée. Raymond Sentubéry (3 sélections en 1925) ne participe pas à la rencontre face à l’Autriche du 19 avril 1925 puisqu’il se marie. Cela permet à Marcel Buré de fêter sa seule cape ce jour-là. Près de 70 ans plus tard, un certain Zinédine Zidane préfère également se marier plutôt que de découvrir l’équipe de France pour une tournée de fin saison au printemps 1994.
Marcel Anatol retenu par son employeur en 1930
Avant l’arrivée du professionnalisme en 1932, l’argent était un motif de renoncement pour des joueurs qui étaient alors amateurs, bien souvent marron. Avant la Grande Guerre, Alfred Gindrat (4 sélections en 1911) refuse de prolonger son aventure avec l’équipe de France, faute de primes. En février 1913, huit joueurs renoncent au déplacement en Suisse, jugeant les primes offertes par le comité de sélection insuffisantes, ce qui permet à Albert Eloy, Charles Montagne, Jean Degouve et Paul Chandelier de découvrir l’équipe de France. Manuel Anatol pour sa part ne peut participer à la Coupe du monde 1930 car son employeur refuse de le libérer pour les deux mois que dureront la compétition et le voyage vers la lointaine Amérique du sud.
Laurent Di Lorto et le lancé d’assiette de Roger Courtois en 1938
Les blessures, graves ou bégnines, restent toutefois le principal motif d’absence des joueurs. Mais il y a blessure et blessure… Lors du tout premier match de l’équipe de France, Pierre Allemane pressenti comme capitaine, ne peut honorer sa première cape en raison d’une chute à cheval. En janvier 1938, le portier Laurent Di Lorto est blessé à la suite d’un chahut entre joueurs qui tourne mal. Roger Courtois maitrise mal un lancer d’assiette qui finit sur le front du gardien et nécessite la pause de cinq points de suture.
Accréditation fatale pour Steve Marlet en 2004
En 1966, Daniel Eon, portier du FC Nantes, se blesse en sautant pour fêter le but d’un coéquipier. Conséquence, il doit déclarer forfait pour la Coupe du monde en Angleterre. Enfin, au panthéon des blessures ridicules, on citera Steve Marlet qui se donne un coup dans l’œil en jouant avec son accréditation lors de l’Euro 2004. Il passe toute la compétition sur le banc.
Le cas de Maurice Vandendriessche est plutôt administratif. Après avoir honoré deux capes début 1908, il est convoqué pour affronter la Belgique en avril, mais est ensuite retiré de la liste lorsqu’on s’aperçoit qu’il a changé de nationalité et est devenu belge.
Marcel Ourdouillé dans le bus des supporters lensois en 1945
Marcel Ourdouillé, éphémère des Bleus, mérite d’être cité au titre de presque forfait. Encore une fois au nom de l’amour, pas celui d’une femme, mais de son fils. Appelé à affronter la Belgique en décembre 1945, il refuse de quitter le domicile familial le jour du stage car son fils, âgé de 13 mois, est victime de convulsions. Ce n’est qu’une fois rassuré par le médecin venu en urgence qu’il acceptera de partir. Et ce sont des supporters lensois, ayant prévu le déplacement à Bruxelles pour encourager la France, qui l’embarqueront dans leur bus et le déposeront à l’hôtel des joueurs.
2021 : Bucarest, Budapest, c’est presque pareil...
Les forfaits des Bleus prêtent donc parfois à sourire. Mais les fans de l’équipe de France ne sont pas non plus à l’abri d’une gaffe. Ainsi, lors de l’Euro 2020 joué à travers toute l’Europe, six supporters des Bleus se sont rendus à Bucarest, en Roumanie, pour encourager l’équipe de France qui jouait face à la Hongrie, mais à Budapest à 800 kilomètres de là. Pas de chance.