La saga bleue des Maldini

Publié le 20 novembre 2024 - Richard Coudrais

De Cesare à Daniel en passant par Paolo, les Maldini font l’histoire du football italien et croisent de temps à autre l’équipe de France. Voici le volet bleu d’une saga familiale.

6 minutes de lecture

C’est à la 78e minute de la rencontre Italie-France à Milan, le 17 novembre 2024, qu’est entré en jeu Daniel Maldini, fils de Paolo, petit-fils de Cesare, lesquels en leur temps avaient également été confrontés à l’équipe de France.

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Avé Cesare

Cesare fut international italien de 1960 à 1963. Il comptait quatorze sélections dont une, la cinquième, contre la France. Le 5 mai 1962 en effet, la Nazionale reçoit l’équipe de France à Florence pour un match de préparation avant la Coupe du monde au Chili. Les Français ont vu leur chemin coupé par la Bulgarie, mais l’Italie s’est bien qualifiée après avoir manqué l’édition de 1958.

Cesare Maldini assure le poste de libéro derrière quatre défenseurs dans un système qui ne porte pas encore le nom de catenaccio mais qui commence à donner des résultats. En face, Albert Batteux a aligné une équipe plutôt expérimentale autour du capitaine Raymond Kopa, avec trois néophytes : le gardien Bruno Ferrero et deux joueurs offensifs : Laurent Robuschi et Jean-Claude Piumi. C’est d’ailleurs ce dernier qui ouvre le score à la demi-heure de jeu sur une passe de son capitaine. L’équipe de France mène 1-0 à la pause et en profite pour effectuer un changement, Stéphane Bruey étant remplacé par un autre néophyte, Michel Hidalgo. En début de seconde période, l’équipe italienne prend l’ascendant et son attaquant oriundi José Altafini inscrit deux buts en quatre minutes (2-1). C’est à ce jour la dernière fois que l’Italie a battu la France à domicile.

Cesare Maldini n’aura plus l’occasion par la suite de se mesurer aux Français. Champion d’Europe en 1963 et vainqueur de quatre scudetti, le Milanais met fin à sa carrière en 1967 après une ultime pige au Torino. Après plusieurs expériences d’entraîneur de club (Milan, Foggia, Ternara, Parme…) il est appelé, au lendemain de l’Europeo 1980, comme adjoint par Enzo Bearzot. Il accompagne le sélectionneur frioulan jusqu’à la fin de son règne en 1986 et participe ainsi au triomphe de la Coupe du monde 1982.

L’équipe italienne de l’époque rencontre en deux occasions l’équipe de France. La première au Parc en février 1982 pour une rencontre de préparation où Platini réalise l’un de ses matchs les plus aboutis (2-0, buts de Platini et Bravo) sous les ordres de Michel Hidalgo. La deuxième en juin 1986 au stade olympique de Mexico pour un huitième de finale de Coupe du monde, où le même Platini, bien que tiraillé par la douleur, marque un nouveau but et lance l’équipe de France sur le même score qu’à Paris (2-0, buts de Platini et Stopyra). Cette défaite marque la fin du règne de Bearzot.

Un espoir prénommé Paolo

Cesare Maldini se voit alors confier les destinées de l’équipe italienne espoirs. Sans doute la plus belle période de sa carrière de sélectionneur puisqu’il conduit les jeunes italiens à trois titres consécutifs de champions d’Europe (1992, 1994, 1996). C’est aussi la période où il croise souvent l’équipe de France espoirs.

En 1988, les espoirs italiens sont confrontés aux Français de Marc Bourrier. A Nancy, les Tricolores s’imposent 2-1, buts de Stéphane Paille et Franck Sauzée, inscrits dans les dix dernières minutes, alors que les Italiens avaient ouvert le score par… Paolo Maldini. Le fils du sélectionneur est en effet régulièrement appelé par son père, et on peut difficilement parler de favoritisme tant le gamin est doué. Il joue depuis l’âge de seize ans comme arrière latéral à l’AC Milan, et en est sa onzième apparition en espoirs.

Paolo est également présent au match retour disputé une semaine plus tard à San Benedetto del Tronto. Les Italiens mènent alors 2-0 avant d’être rejoint en fin de rencontre par deux buts de Stéphane Paille dans les cinq dernières minutes. L’histoire de Paolo Maldini avec l’équipe de France sera souvent marqué par de terribles coups du sort.

Pour Cesare, son père, tout se passera mieux par la suite. En 1994, la phase finale à quatre se déroule en France et les espoirs italiens, tenants du titre, sont reçus à Montpellier par les Tricolores de Raymond Domenech. Dans un match particulièrement heurté, les Cannavaro, Panucci, Vieri et le gardien Toldo tiennent les Zidane, Blanc et Dugarry en échec (0-0) alors que les Italiens ont terminé la rencontre à dix. Mais les tirs au but permettent aux hommes de Maldini de s’ouvrir les portes de la finale où ils vaincront le Portugal de Figo et Rui Costa grâce au but en or.

L’édition suivante, en 1996, donne aux Bleuets de Raymond Domenech l’occasion d’une revanche. La demi-finale se dispute à Barcelone, mais l’équipe des Vieira, Makelele, Wiltord et Pirès s’incline 1-0, but du jeune remplaçant Francesco Totti. L’Italie ne réussirait-elle donc pas à Raymond Domenech ? Quelques semaines plus tard, les deux équipes s’envolent pour les Jeux olympiques d’Atlanta où leurs routes ne se croiseront pas. Ce tournoi (raté) est la dernière aventure de Cesare Maldini avec les espoirs, étant appelé à succéder à Arrigo Sacchi à la tête de la grande Nazionale.

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Le père sélectionneur et le fils capitaine

Inévitablement, Cesare va retrouver parmi ses joueurs son fils Paolo. Le défenseur du Milan est devenu international en 1988, immédiatement après ses deux rencontres espoirs contre l’équipe de France, et compte désormais 71 sélections. Il a eu l’occasion d’affronter l’équipe de France au début de l’année 1994 à Naples. Celle-ci vient d’être reprise par Aimé Jacquet après la traumatisante élimination de novembre 1993. A la surprise générale, l’équipe française s’impose (1-0) grâce à un but de Youri Djorkaeff.

La Nazionale des Maldini, le père sélectionneur et le fils capitaine, retrouve l’équipe de France en juin 1997 à l’occasion du Tournoi de France, une compétition quadrangulaire destinée à préparer la Coupe du monde un an plus tard. Au Parc des Princes, les deux formations se séparent sur un score nul (2-2).

Elles se retrouvent un an plus tard en quarts de finale de la Coupe du monde 1998. Au stade de France, les Italiens sont confrontés à une sélection tricolore composée en grande partie de joueurs évoluant en serie A. Le match est serré, tendu, indécis et ne génère aucun but. Les tirs au but sont favorables à l’équipe d’Aimé Jacquet et mettent définitivement fin à la carrière de sélectionneur de Cesare Maldini. Pour rappel, son parcours de sélectionneur adjoint s’était également terminé, en 1986, par une élimination contre la France en Coupe du monde. L’équipe du Paraguay, qu’il dirigera en 2001 et 2002, ne croisera pas la route de l’équipe de France.

Le bleu frappé du coq n’a donc jamais vraiment réussi à Cesare Maldini, mais ce sera aussi le cas de Paolo. Celui-ci retrouve en effet les Bleus pour la quatrième fois, à l’occasion de la finale de l’Euro 2000 à Rotterdam. Inutile de rappeler l’incroyable scénario de cette rencontre, dominée par des Italiens et marquée par une égalisation de dernière minute signée Sylvain Wiltord suivie d’un but en or de David Trezeguet en prolongations. Que ce soit en Espoirs ou en A, jamais Paolo Maldini ne l’a emporté contre les Bleus.

Vingt-quatre ans plus tard, le 17 novembre 2024, l’équipe d’Italie reçoit la France au stade San Siro dans le cadre de la Ligue des nations. A l’entrée du dernier quart d’heure, l’Italien Andrea Cambiaso cède sa place à Daniel Maldini, 23 ans. Dans le même temps côté Français, Marcus Thuram est remplacé, ce qui reporte à plus tard les retrouvailles entre les deux grandes lignées, Paolo et Lilian s’étant affrontés à trois reprises entre 1997 et 2000. C’est la deuxième sélection de l’héritier de Maldini, et déjà, sa première défaite contre l’équipe de France.

3 hommes, 8 rencontres, 1 victoire, 2 nuls, 5 défaites

Cesare Maldini est né le 5 février 1932 à Trieste et décédé le 3 avril 2016. Il compte 14 sélections en équipe d’Italie entre 1960 et 1963. Paolo est né le 26 juin 1968 à Milan et compte 126 sélections (74 fois capitaine) pour 7 buts entre 1988 et 2002. Daniel Maldini est né le 11 octobre 2001 à Milan et a connu sa première sélection en 2024.

Cesare Maldini

SelMatchDateLieuÉquipeScore
Joueur (5e sélection) Amical 05/05/1962 Florence Italie 1-2
Sélectionneur adjoint Amical 23/02/1982 Paris (Parc) Italie 2-0
Sélectionneur adjoint CM 1986 1/8 17/06/1986 Mexico Italie 2-0
Sélectionneur Espoirs Euro U21 1/4 16/03/1988 Nancy Italie U21 2-1
Sélectionneur Espoirs Euro U21 1/4 23/03/1988 San Benedetto del Tronto Italie U21 2-2
Sélectionneur Espoirs Euro U21 1/2 15/04/1994 Montpellier Italie U21 0-0 (tab:3/5)
Sélectionneur Espoirs Euro U21 1/2 28/05/1996 Barcelone Italie U21 0-1
Sélectionneur A Amical 11/06/1997 Paris (Parc) Italie 2-2
Sélectionneur A CM1998 1/4 03/07/1998 Saint-Denis Italie 0-0 (tab:4/3)

Paolo Maldini

SelMatchDateLieuÉquipeScoreNotes
49 Amical 16/02/1994 Naples Italie 1-0
81 Amical 11/06/1997 Paris (Parc) Italie 2-2 (cap.)
93 CM1998 1/4 03/07/1998 Saint-Denis Italie 0-0 (tab:4/3) (cap.)
111 Euro 2000 f 02/07/2000 Rotterdam Italie 1-2 (but en or) (cap.)

Daniel Maldini

SelMatchDateLieuÉquipeScoreNotes
2 LdN 17/11/2024 Milan Italie 3-1 (entré à la 78e)

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal