Si jusque dans les années 1990, l’équipe de France était principalement constituée de joueurs du championnat de France, les choses ont évolué après l’arrêt Bosman en 1995. Les plus grands clubs étrangers se sont emparés des jeunes prometteurs de la Première Division à tel point que dès 1998, la majorité des joueurs de l’équipe de France provient d’un championnat étranger. Et ce fut plutôt une réussite.

Déconnectés du championnat de France

Vingt ans plus tard, les champions du monde 2018 évoluent toujours pour la plupart à l’étranger, et certains d’entre eux n’ont même jamais vu un stade de Ligue 1. Antoine Griezmann, Paul Pogba et Lucas Hernandez par exemple, ont été formés hors de l’hexagone, brillent dans un championnat étranger et valident pour de bon la déconnexion entre le championnat de France et les Bleus.

Raymond Domenech, lui-même en 2006, avait démontré que l’hexagone ne constituait plus le vivier de l’équipe nationale en tentant de convoquer un joueur argentin formé à River Plate et appelé à jouer au Real Madrid. Gonzalo Higuaín avait pour seul attachement à la France son lieu de naissance, Brest, où joua son père le temps d’une saison. Si le fiston a refusé la sélection bleue, il a toutefois conservé son passeport français, lequel lui a permis de faire carrière en Europe sans être considéré comme extra-communautaire.

Le cas de Michael Olise est encore plus curieux. Natif de Londres (le 12 décembre 2001), d’un père nigérian et d’une mère franco-algérienne, le jeune milieu offensif de vingt-deux ans tout juste convoqué par Didier Deschamps n’a qu’un lien très ténu avec l’hexagone : la double nationalité de sa mère. Le gamin a frappé ses premiers ballons dans l’est londonien, a fréquenté les équipes de jeunes d’Arsenal, de Chelsea et même de Manchester City. Mais c’est le Reading FC qui a assuré sa formation et lui a permis de faire ses débuts professionnels, en deuxième division anglaise.

Algérie ? Nigeria ? Angleterre ?

La probabilité de voir Michael Akpovie Olise sous le maillot bleu est alors infime. Durant ses premières années, la fédération algérienne se manifeste pour faire du jeune joueur un Fennec. Mais celui-ci refuse. Michael Olise, même s’il bredouille à peine la langue de Molière, se sent Français. A la maison, sa mère lui a transmis sa nostalgie de l’hexagone et lui vibre aux exploits de Zidane, Henry, Ribéry et consort.

Alertée par cette particularité, la Fédération française lui permet en mai 2019 de porter le maillot rêvé avec l’équipe de France U18 qui dispute le Tournoi Maurice-Revello (ancien tournoi de Toulon). Le joueur signe ensuite son premier contrat pro avec Reading puis est élu, à l’issue de la saison 2020-2021, meilleur jeune joueur de la Championship, deuxième division anglaise. En mars 2021, Gernot Rhor, alors sélectionneur du Nigeria, fait appel à lui pour disputer les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations, mais l’intéressé ne répond pas à la convocation.

En mars 2022, il retrouve le maillot bleu, celui de l’équipe de France espoirs à l’occasion d’une rencontre contre les Iles Féroé, qualificative pour l’Euro 2023. Il participe ensuite à la phase finale de l’épreuve, marque un but contre le Norvège mais doit quitter le tournoi à la suite d’une blessure.

La révélation olympique

C’est en revenant à Londres à l’été 2021, et en signant à Crystal Palace, que Michael Olise découvre la Premier League. Dans ce championnat très exigeant, le jeune Tricolore multiplie les bonnes performances et à partir de 2023, Gareth Southgate, sélectionneur de l’équipe d’Angleterre, jette un œil intéressé dans la perspective de l’Euro 2024. Mais Olise veut jouer en Bleu. Il attend un coup de fil de Didier Deschamps, et c’est finalement Thierry Henry qui l’appelle pour disputer le tournoi olympique des Jeux de Paris.

Alors qu’il vient de signer un contrat avec le Bayern Munich, Michael Olise brille dans l’équipe olympique. Auteur de trois buts lors des rencontres de préparation, il devient le meilleur tricolore du tournoi. Non seulement il marque deux fois, mais on lui compte pas moins de cinq passes décisives, ce qui donne une indication quant à son influence sur le jeu.

Son style, fait d’agilité, de dribbles légers et de passes inspirées, en font un meneur de jeu redoutable et son avènement survient avec à-propos à l’heure du déclin d’Antoine Griezmann. Tout comme ses camarades olympiques Manu Koné et Loïc Badé, Michael Olise est appelé dès la fin de l’été 2024 par Didier Deschamps à l’occasion du France-Italie de la Ligue des Nations. Sa titularisation en compétition ferme définitivement toute possibilité de jouer pour une autre sélection. Michael Olise devient alors le premier international français natif d’Angleterre, et le 940e Bleu depuis 1904.

Face à l’Italie au Parc des Princes, l’équipe de France est mise en déroute (défaite 1-3) mais Olise tire son épingle du jeu. Placé en meneur de jeu aux côtés d’Antoine Griezmann, le joueur du Bayern surprend par sa décontraction et ses dribbles parfois osés. S’il est remplacé à l’heure de jeu par Ousmane Dembélé, sa première apparition en Bleu en appelle beaucoup d’autres. Il entre trois jours plus tard à la place de Dembélé (encore) face à la Belgique dans un contexte plus favorable, alors que le score est déjà de 2-0, et joue le dernier quart d’heure.

4 sélections (pour l’instant)