La sélection de Morgan Amalfitano en équipe de France est un coup de cœur de Laurent Blanc. Le joueur avait tapé dans l’œil du sélectionneur à l’occasion d’un quart de finale de Coupe de France au printemps 2008 : “C’est quelqu’un qui m’intéressait quand j’étais entraineur de Bordeaux et qu’il évoluait à Sedan”, confirme Laurent Blanc lors d’une conférence de presse délocalisée à l’hippodrome d’Auteuil, précédant un déplacement à Brême. “J’aime bien ce genre de joueurs, techniquement très forts et qui font souvent le bon choix dans l’utilisation du ballon. Sa qualité de centre va être intéressante pour ce match-là.”

“C’est un grand souvenir, j’ai tout donné”

Sanglier devenu Merlu, Amalfitano fait encore étalage de ses qualités à Lorient au il boucle la saison 2010-2011 avec 5 buts inscrits et surtout 16 passes décisives. Dans le viseur de nombreuses formations, il opte pour Marseille entraîné par Didier Deschamps. L’adaptation est dans la continuité de ses années bretonnes puisqu’il dispute 32 matches de Ligue 1 et 9 de Ligue des champions, ce qui lui vaut d’être appelé le 29 février 2012 contre l’Allemagne. A cent jours de l’Euro, le Marseillais, en forme, est emballé : “C’est une grande fierté et un rêve de gosse. La Coupe du monde de 1998, quand on la voit à 14 ou 15 ans, on a l’impression que c’est très loin et que c’est difficile d’y accéder, mais avec beaucoup de travail on peut y arriver Je ne veux pas griller les étapes. Si j’ai la chance de pouvoir jouer, de pouvoir m’exprimer, je ferai le maximum, après on verra. L’Allemagne, c’est un gros match, pour se jauger, c’est bien”.

Dans un match marqué par les deux passes décisives de Mathieu Debuchy et le premier but en sélection d’Olivier Giroud, Amalfitano entre à la 68e minute à la place de son partenaire de club Mathieu Valbuena sans influer réellement sur le score final en faveur des Français (2-1). À l’issue de cette première, il se livre sur le site de la fédération : “C’est un grand plaisir, j’espère que cette première en appellera d’autres. C’est un grand souvenir, j’ai tout donné et fait le maximum pour contribuer à ce que l’équipe conserve le score”. De quoi chiper un billet pour l’Euro ? “Bien sûr, j’y pense. Quand on vient à l’OM, ce n’est pas le même impact Si on arrive à être régulier, on peut y aspirer”.

“J’ai manqué de maîtrise”

Vainqueur de la Coupe de la Ligue mi-avril, son influence est moindre en fin de saison. “Tout ce qu’il a connu, il faut le digérer, constate son entraîneur à l’OM Didier Deschamps. Il est devenu international, il a enchaîné les prestations de très haut niveau et il a en plus un problème à la cheville... Il serre les dents mais il a perdu de la gomme”.

“Il y a eu des choses à gérer qui sont différentes, je les digère au fur et à mesure, explique alors l’intéressé. C’est comme ça. Ça n’a pas été évident après mais ça fait partie du football et je pense que ça va m’endurcir”. Dans la dernière ligne droite vers l’Euro, Blanc optera pour d’autres profils que celui de l’Olympien qui reconnaît que “après ma sélection en équipe de France, j’ai gaspillé de l’énergie bêtement, j’en suis conscient, j’ai manqué de maitrise”.

L’arrivée de Deschamps à la tête des Bleus aurait pu le remettre dans le circuit. En fait, un double mauvais geste va tout compromettre. A l’occasion du clasico d’octobre 2012 (2-2) au Vélodrome, Amalfitano assène un coup de coude et une gifle au Parisien Blaise Matuidi que le nouveau sélectionneur semble vouloir installer dans son milieu. “Je regrette mon geste et je n’en suis pas fier. Mais en même temps, je me fais provoquer et j’ai réagi en fonction de ça”, se défend-il.

Dans la tourmente, il reçoit le soutien de son ancien entraîneur à Lorient, Christian Gourcuff, qui parle d’un joueur “qui ne supporte pas l’injustice. Il avait parfois des réactions d’humeur, mais c’était toujours spontané, il se calmait très vite. C’est son caractère. Il gagnerait certainement à être plus raisonné, mais moi, ça ne me dérange pas. Il est le contraire d’un faux-cul, et par les temps qui courent, c’est très appréciable”.

“De bons matches avec West Ham, ça ne suffit pas”

En quête de rebond, Amalfitano est prêté à West Bromwich Albion, puis s’engage définitivement avec West Ham où il livre de très bons matches. “Mais de très bons matches avec West Ham, ça ne suffit pas” rappelle Vincent Duluc, œil averti du foot anglais. De retour en France à Lille, il indique n’avoir pas fait une croix sur les Bleus. “L’équipe de France ? Petit, jamais je n’aurais imaginé pouvoir porter ce maillot un jour. Or ça m’est arrivé lors de cet Allemagne-France en amical. Après, certains paramètres ont fait que je n’y suis pas retourné. Ainsi va le football. Mais voilà, j’en suis fier et comme dans l’avenir, rien n’est jamais écrit, qui sait ?”.

À 30 ans passés, difficile toutefois de l’imaginer réintégrer le groupe tricolore finaliste de son Euro 2016, puis champion du monde deux ans plus tard. Après la résiliation de son contrat dans le Nord où il a eu des mots peu amènes avec son entraîneur Patrick Collot, puis deux années anonymes à Rennes, le Niçois de naissance a quitté la scène.

Vingt-deux minutes en Bleu

Morgan Amalfitano (né le 20 mars 1985 à Nice) est le 861e joueur de l’histoire de l’équipe de France. Il compte une sélection en équipe de France.