Rachid Mekhloufi, un destin en vert

Publié le 8 novembre 2024 - Richard Coudrais

Rachid Mekhloufi aurait dû être une des vedettes de la Coupe du monde 1958 au sein de l’équipe de France qui termina troisième du tournoi. Mais un destin plus grand encore l’attendait, devenir une figure de l’indépendance de son pays d’origine.

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Certains sportifs de haut niveau connaissent une carrière qui dépasse le strict plan sportif. C’est le cas de Rachid Mekhloufi, né le 12 août 1936 à Sétif en Algérie, footballeur professionnel à l’AS Saint-Étienne puis international tricolore, avant de devenir une figure pacifique de l’indépendance algérienne. Il est mort le 8 novembre 2024, à 88 ans.

Un Vert chez les Bleus

Rachid Mekhloufi est appelé pour la première fois en équipe de France le 7 octobre 1956 à l’occasion de la visite de la grande équipe de Hongrie à Colombes. Mais il reste sur le banc de touche pour admirer le récital des Puskas, Czibor, Kocsis, Hidegkuti et consort, qui s’imposent 2-1. Le hasard du calendrier a voulu que l’équipe de France reçoive l’URSS quinze jours plus tard, le 21 octobre 1956, deux jours avant le début de l’insurrection de Budapest. C’est donc face à Yachine, Netto et Streltsov, alors en préparation pour le tournoi olympique des Jeux de Melbourne (qu’ils remporteront), que Rachid Mekhloufi, vingt ans et deux mois, connaît sa première sélection tricolore.

Le jeune meneur de jeu de l’AS Saint-Étienne, recruté en 1954 alors qu’il venait d’avoir dix-huit ans, avait déjà connu le maillot bleu au sein de l’équipe de France B, mais cette rencontre face aux Soviétiques est sa première sélection en A. Il est aligné au sein d’une attaque prometteuse composée de Thadée Cisowski, Roger Piantoni et Jean Vincent. Le Stéphanois s’illustre en prolongeant la passe de Jean-Jacques Marcel qui bénéficie à Jean Vincent, lequel inscrit le deuxième but tricolore (2-1).

Un mois plus tard débutent les éliminatoires de la Coupe du monde 1958. L’équipe de France reçoit la Belgique à Colombes et lui inflige un carton (6-3), avec notamment cinq buts inscrits par Thadée Cisowski, dont un en reprenant un tir de Mekhloufi repoussé par le gardien Alfons Dresen. Dans un groupe de trois où l’Islande fait figure de petit Poucet, ce démarrage en fanfare ouvre aux Tricolores un boulevard vers la Coupe du monde suédoise.

Champion du monde militaire

Rachid Mekhloufi connaît sa troisième sélection consécutive à Lisbonne lors d’un Portugal-France amical qui, bien que remporté 1-0, a laissé le souvenir d’un match où les Tricolores ne furent pas à leur avantage. Rachid Mekhloufi est alors appelé sous les drapeaux et va vivre une aventure extraordinaire avec l’équipe de France militaire, championne du monde en juillet 1957 à Buenos Aires, avec notamment Jean Wendling, Xercès Louis, Lucien Cossou, Maxime Fulgenzy, Robert Siatka, Théo Szkudlapski et Yvon Douis.

Alors que les Tricolores assurent leur qualification pour la Coupe du monde suédoise en s’imposant largement face à l’Islande (8-0 à Nantes puis 5-1 à Reykjavik) puis en arrachant un difficile 0-0 au stade du Heysel, Rachid Mekhloufi n’est appelé qu’avec l’équipe de France B. Il retrouve l’équipe de France A à l’occasion du match de Noël disputé au Parc des Princes face à la Bulgarie, bénéficiant de la blessure de Maryan Wisniewski pour entrer en jeu au bout d’une demi-heure.

Un maillot pour l’Algérie

Ses performances sont telles qu’il ne fait aucun doute que Rachid Mekhloufi fera partie du groupe qui disputera la Coupe du monde en Suède. Seulement, cinquante-cinq jours avant que ne débute le tournoi, la France constate l’absence de plusieurs de ses footballeurs algériens : Rachid Mekhloufi, mais également les internationaux Mustapha Zitouni, Abdelaziz Ben Tifour, Saïd Brahimi et cinq autres joueurs, ont quitté l’hexagone pour rejoindre Tunis où les attendent d’autres footballeurs natifs d’Algérie.

C’est ici que débute l’histoire de l’équipe du FLN, qui disputera une soixantaine de rencontres à travers l’Afrique, l’Asie et l’Europe de l’Est, destinées à promouvoir l’indépendance de l’Algérie. Rachid Mekhloufi est la figure de proue de cette équipe légendaire qui jettera les bases de l’équipe nationale algérienne, laquelle sera fondée en 1962 dès que le pays obtiendra son indépendance.

Devenu international algérien (11 sélections), Rachid Mekhloufi poursuivra malgré tout sa carrière en France en revenant à l’AS Saint-Étienne, le temps de remporter trois nouveaux titres de champion de France après celui de 1957. Il se lancera ensuite dans une carrière d’entraîneur qui le conduira à diriger la sélection algérienne, notamment celle de la Coupe du monde 1982.

Invaincu en bleu

S’il n’a connu que quatre sélections avec l’équipe de France A, Rachid Mekhloufi, 442e joueur de l’histoire des Bleus, n’a jamais connu la défaite. Trois victoires et un match nul font le bilan de sa carrière en bleu. Il a également disputé quatre rencontres avec l’équipe de France B où il compte deux victoires et deux défaites.

Sel.EquipeMatchDateLieuAdversaireScoreTpsJeu
France B 09/10/1955 Sarrebruck Sarre 5-7 90’
France B 10/11/1955 Madrid Espagne 1-3 90’
France B 15/02/1956 Marseille Italie B 2-1 90’
1 230 Amical 21/10/1956 Colombes URSS 2-1 90’
2 231 qCM 11/11/1956 Colombes Belgique 6-3 90’
3 232 Amical 24/03/1957 Lisbonne Portugal 1-0 90’
France B 27/10/1957 Dijon Belgique B 3-1 90’
4 238 Amical 25/12/1957 Paris (Parc) Bulgarie 2-2 > 54’

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