Serge Roy, le doyen des Bleus

Publié le 20 septembre 2023 - Richard Coudrais

Serge Roy, né en 1932, ne compte qu’une seule sélection officielle en équipe de France, mais elle fait désormais de lui le doyen des joueurs de l’équipe de France. Et il s’est offert en 1973 un jubilé royal avec Puskas, Di Stefano et Cruyff !

2 minutes de lecture

La carrière internationale de Serge Roy n’a duré que quatre-vingt-dix minutes, ce qui lui vaut d’être entré dans le livre des Ephémères que Raphaël Perry a consacré aux joueurs qui n’ont connu qu’une sélection en équipe de France.

Bleu Roy

Le 2 avril 1961, l’équipe de France se rend au stade Chamartin de Madrid où l’attend une équipe d’Espagne armée de joueurs de renom tels Alfredo Di Stefano, Ladislao Kubala, Francisco Gento et quelques autres.

Georges Verriest est devenu sélectionneur unique depuis une douloureuse défaite 6-2 à Bâle qui a provoqué la démission d’Alex Thépot et Jean Gautheroux. Le sélectionneur a la charge de construire une équipe susceptible de se qualifier pour le mondial chilien de 1962. Il s’appuie sur Albert Batteux pour l’entraînement des joueurs.

Mais l’entraîneur du Stade de Reims est souffrant et c’est son adjoint Henri Guérin qui dirige les Tricolores à Madrid. Le sélectionneur a fait appel à Raymond Kopa, Yvon Douis, Lucien Muller, mais aussi à deux nouveaux, les Monégasques François Ludo, 31 ans, et Serge Roy, 29 ans.

Deux Monégasques chez les Tricolores

Le club de la Principauté a remporté la Coupe de France en 1960 et domine le championnat de la saison en cours, qu’il va d’ailleurs remporter. Serge Roy est l’avant-centre de cette belle équipe monégasque. Puissant, déterminé, fonceur, le Bourguignon (né à Beaune le 9 novembre 1932) a inscrit 14 buts en championnat. Il a disputé deux rencontres avec l’équipe de France B, face au Portugal à Lisbonne fin 1960 et contre la Belgique à Lille un mois avant Madrid.

Dans un stade Chamartin garni de 75.000 personnes, l’équipe de France tient le choc face à l’équipe d’Espagne mais son leader d’attaque Raymond Kopa doit quitter la pelouse après une demi-heure de jeu sur blessure. Les remplacements étant autorisés en match amical, c’est le Stéphanois René Ferrier qui prend sa place.

Très vite, l’Espagne profite du trouble pour ouvrir le score par Gensana, qui reprend de la tête un centre de Kubala. En début de seconde période, Serge Roy a l’occasion d’égaliser mais il manque sa cible. Quelques minutes plus tard, alors que Bieganski se fait soigner l’arcade sur la touche, les Espagnols inscrivent un second but par Gento. 2-0 sera le score final pour une équipe française méritante mais confrontée à un adversaire expérimenté et largement supérieur.


 

Pour Serge Roy, l’histoire se poursuit après la rencontre. Au cours du banquet d’après-match (une tradition oubliée aujourd’hui), l’avant-centre monégasque sympathise avec Alfredo Di Stefano. Une amitié se noue entre les deux hommes, au point que la star espagnole viendra passer quelques jours de vacances à Nice chez le Français.

Un jubilé de roi

Serge Roy sera rappelé le 12 novembre pour le déplacement à Sofia décisif pour la qualification à la Coupe du monde 1962. Malheureusement un claquage au mollet le contraindra à déclarer forfait. Il ne sera jamais rappelé en équipe de France. Son compteur reste bloqué à une sélection.

Bien des années plus tard, en 1973, alors que Serge Roy est devenu représentant au Coq Sportif et qu’il a poursuivi sa carrière en amateur au Cavigal de Nice, le club organise son jubilé. Le joueur fait appel à son ami Di Stefano, qui débarque à Nice avec Puskas, Gento, Santamaria, tous un peu âgés mais encore disponibles pour une partie de foot. En outre, par l’intermédiaire de son employeur, équipementier de l’Ajax Amsterdam, Serge Roy fait également venir Johan Cruyff alors au sommet de sa gloire.

S’il ne compte qu’une seule sélection, un seul titre de champion et une seule Coupe de France, Serge Roy n’oubliera jamais de se souvenir qu’il a réuni Di Stefano, Puskas et Cruyff dans la même équipe pour son jubilé, et que ça vaut bien le plus beau des palmarès.

Une sélection A, deux sélections B

Sel.DateMatchLieuAdversaireScoreTpsJeu
08/12/1960 France B Lisbonne Portugal B 2-2 90
15/03/1961 France B Lille Belgique B 2-2 90
1 02/04/1961 Amical Madrid Espagne 0-2 90

Son fils Eric, né en 1967, deviendra également footballeur professionnel. Il jouera notamment à Nice, à Lyon, à Toulon et à l’OM. Devenu entraineur, il dirige aujourd’hui l’équipe du Stade Brestois.

pour finir...

La rédaction de cet article a nécessité la consultation des sites selectiona.free.fr, FFF, Wikipédia, la lecture des Cahiers de L’Équipe 1962 ainsi que des ouvrages « La fabuleuse histoire du football » de Jacques Thibert et Jean-Phlippe Rethacker (Nathan, 1990), « L’intégrale de l’équipe de France de football » de Pierre Cazal, Jean-Michel Cazal et Michel Oreggia (First édition, 1998), « Les 1000 joueurs de l’équipe de France » de Jérôme Bergot (Talent Sport, 2021), « Les Bleus éphémères » de Raphael Perry (Hugo Sport, 2021), « Le Dico des Bleus » de Matthieu Delahais, Bruno Colombari et Alain Dautel (Marabout, 2017-2018-2022).

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Hommage à Pierre Cazal