Cet ouvrage se distingue par son approche. Rassembler vingt-cinq anecdotes sur l’équipe de France pourrait mener à une espèce de fourre-tout dans lequel le lecteur pourrait se perdre. Mais cette approche permet de revivre les plus grands moments de l’histoire des Bleus d’une autre manière. On redécouvre la finale de 1998 sous les yeux de Fabien Barthez faisant croire à Philippe Bergeroo qu’il s’est cassé le genou lors de l’échauffement.
On s’amuse des premiers champions du monde fixant le trophée avant leur finale tandis que leurs successeurs, vingt ans plus tard, faisaient tout pour ne pas le regarder. On devine les difficiles conditions de voyage des tous premiers Bleus (en 1904) par le train de 23 heures et on découvre les entrainements improvisés des joueurs sur un paquebot lors de leur traversée de l’Atlantique pour la première Coupe du monde en 1934.
Kostadinov n’aurait pas dû jouer en 1993
Cette vision de l’histoire des Bleus nous offre des sourires, des rires mais aussi de petites indignations. On a envie de réécrire l’histoire quand on découvre qu’Emil Kostadinov, bourreau des Bleus en 1933, n’aurait pas dû jouer le match qui a éliminé les Bleus de la coupe du monde 1994. On rit et on se moque des Italiens quand Sylvain Wiltord égalise en finale de l’Euro 2000 et que Thierry Henry va demander aux remplaçants transalpins, déjà prêts à fêter la victoire, d’aller se rassoir.
On en envie de plaindre le malheureux Emile Fontaine, douzième homme du tout premier Belgique-France, qui n’a pu jouer et ne savait pas qu’une cinquantaine d’années plus tard l’un de ses homonymes écrirait l’une des plus belles histoires des Tricolores.
Un noir et blanc photographique
Dans une bande dessinée, la narration est forcément limitée et les dessins doivent pouvoir parler. Le pari est réussi par Faro, avec notamment le choix d’illustrations en noir et blanc pour tous les récits remontant à avant les années 1960, comme s’il s’agissait d’un album de photos. Ce choix est également exploité en quatrième de couverture où posent des joueurs et dirigeants de toutes les générations, en noir et blanc pour certains comme Alexandre Villaplane, dont on voudrait pouvoir effacer le nom de l’histoire des Tricolores, et d’autres en couleurs avec des visages forcément plus familiers.
En 1986, des Bleus qui s’entraînent torse nu
La richesse des dessins met aussi en avant certains éléments que n’auraient pas pu montrer un livre plus narratif. On oppose les Bleus de 1986, s’entrainant torse nu ou en tenues dépareillées à ceux de 2018 portant tous la même tenue en toutes circonstances. On voit l’évolution des stades, passant d’une tribune digne d’un match de division d’honneur en 1904, aux vestiaires faisant penser à ceux d’un collège en 1982 jusqu’aux écrins modernes que nous connaissons aujourd’hui.
Cette approche inédite de l’histoire de l’équipe de France a le mérite de retracer toute l’histoire des Bleus. Son format le rend accessible aux plus jeunes et leur offre une première approche de la grande aventure du football tricolore. Ceux qui ont connu les victoires de 1998 et 2000 ou de 1984, ou qui ont vécu les premières grandes émotions de la sélection avec Kopa ou Fontaine se souviendront ou découvriront de nouvelles histoires au fil des pages.
