Le 1er janvier, j’avais commencé l’année par la traditionnelle litanie de questions sur ce que pourrait être 2018. Voici les réponses, dont 11 conformes à mes prévisions, ce qui n’est pas mal !
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Depuis 2011, le 1er janvier sur Chroniques bleues, plutôt que vous souhaiter les hypocrisies habituelles, j’essaie d’imaginer à quoi va ressembler la nouvelle année des Bleus, en posant autant de questions que d’années écoulées depuis 2000. Le dernier exercice du genre est à relire ici : Dix-huit questions pour 2018.
Il est toujours amusant de retrouver ces hypothèses d’école douze mois plus tard. C’est l’occasion de constater que le football n’est pas exactement le sport le plus prévisible du monde, et qu’il réserve toujours son lot de surprises, sans que l’on sache où elles vont tomber.
Pour finir joliment cette grande année 2018, j’ai repris ces 18 questions une par une afin de mesurer l’écart entre mes réponses du 1er janvier et celles du 27 décembre. Pour déplier la question et mon hypothèse d’alors, il suffit de cliquer dessus.
En 1998 et en 2006, personne ou presque n’y croyait, et il y a eu une finale au bout. En 1986 et 2002, les Bleus étaient grands favoris et ont échoué. Alors ? Si les stats affirment que jamais un finaliste battu n’a remporté le tournoi suivant (Euro ou Coupe du monde), l’équipe de France de 2018 semble plus forte que celles de 2016 et 2014. Mais l’Allemagne s’est maintenue à un très haut niveau, et le Brésil et l’Espagne ont nettement progressé. Allez, on se risque : oui, les Bleus peuvent gagner la Coupe du monde.
Réponse : GAGNÉ
Moi qui répète sans arrêt que je suis une buse rayon pronostics, j’ai découvert avec incrédulité que j’avais vu juste, pour une fois. Comme quoi, sur un malentendu…
On peut le dire. En 1938, la France organise le troisième tournoi mondial de l’histoire et pour la première fois, les Bleus se qualifient pour un quart de finale en battant la Belgique. En 1958, l’équipe de France canonne en Suède et atteint le dernier carré, battue seulement par Pelé et ses Brésiliens. En 1978, la jeune équipe de Michel Hidalgo sort au premier tour dans un groupe (trop) relevé sans avoir démérité. En 1998, c’est la victoire finale. On attend donc 2018 sans appréhension et avec impatience.
Réponse : GAGNÉ
La série continue. Après 1938 (quart de finale à domicile), 1958 (épopée suédoise), 1978 (début de la génération Platini en Argentine) et 1998 (première victoire mondiale), 2018 perpétue la tradition. Du moins en Coupe du monde, parce qu’à l’Euro, ce n’est pas ça.
C’est très improbable, compte tenu du grand nombre d’essais tentés par Deschamps depuis l’Euro : 13 internationaux ont fait leur début en quinze mois, ce qui est considérable. Deschamps dispose d’une quarantaine de joueurs potentiellement sélectionnantes pour la Russie. C’est largement suffisant.
Réponse : PERDU
Wissam Ben Yedder, Lucas Hernandez et Presnel Kimpembe ont fait leurs débuts en mars et si le premier n’a fait que passer, les deux autres ont été champions du monde. Mieux, le latéral gauche de l’Atlético a profité de l’absence de Benjamin Mendy pour prendre la place de titulaire et ne plus la lâcher.
C’est évidemment la question que tout le monde se pose, et pas seulement en France. Golden Boy 2017, septième au Ballon d’Or quelques semaines plus tard, l’attaquant du PSG sort d’une année éblouissante. Le plus dur reste à faire pour lui, à savoir confirmer et faire face à une pression infernale. S’il y parvient, tous les espoirs sont permis. Jamais l’équipe de France n’a abordé un tournoi mondial avec autant de joueurs de moins de 23 ans de ce niveau.
Réponse : ENCORE PLUS HAUT
Paradoxalement, il a semblé marquer le pas en club avec le PSG, ne profitant pas de l’absence de Neymar et n’étant pas décisif contre le Real en Ligue des Champions. C’est bien avec les Bleus qu’il a explosé, marquant quatre buts en Coupe du monde dont une performance très haut de gamme contre l’Argentine de Messi. Et il a fini meilleur buteur de l’année en sélection avec 9 réalisations, meilleur total depuis 15 ans. Pas suffisant pour rafler le Ballon d’or, mais ça ne saurait tarder.
Il manque six capes au gardien de Tottenham pour devenir le septième centenaire de l’histoire des Bleus. Il lui faudra donc patienter au moins jusqu’au match contre l’Australie le 16 juin, sous réserve d’avoir disputé les cinq rencontres amicales d’ici-là. Au pire, ce sera contre le Pérou le 21 ou le Danemark le 26.
Réponse : GAGNÉ
C’est en effet contre l’Australie que le capitaine des Bleus est devenu le septième français à atteindre les 100 sélections. Depuis, il a même dépassé son sélectionneur (qui s’était arrêté à 103 en 2000) puis Patrick Vieira (107) et enfin Zinédine Zidane (108, avec un temps de jeu supérieur).
C’est très probable. Pour y parvenir, il suffira à l’avant-centre d’Arsenal de marquer deux fois. Avec 31 buts, il doublera Jean-Pierre Papin (30 buts, sixième) et Just Fontaine (30 buts aussi, cinquième). Et il serait devant Zizou à la moyenne, l’actuel entraîneur du Real comptant 108 sélections, contre 69 pour Giroud. Auteur de 20 buts lors des trois dernières années, ce dernier peut viser les 34 buts de Trezeguet (en 71 sélections).
Réponse : GAGNÉ
Le scénario annoncé a bien eu lieu. Olivier Giroud a rejoint Zidane juste avant la Coupe du monde (contre la République d’Irlande) et pouvait espérer entrer dans le top 3 devant Trezeguet pendant le tournoi, mais il n’a rien marqué en Russie. Il faudra attendre l’automne pour le voir inscrire ses 32e et 33e but. Pas (encore) suffisant pour rejoindre Trezeguet. En 2019 ?
L’actuel préposé aux coups de pied de réparation est Antoine Griezmann, qui en a inscrit deux avec les Bleus, contre l’Allemagne à l’Euro en juillet 2016 et face au Luxembourg en mars 2017. Les précédents tireurs (Valbuena en 2015, Benzema et Gignac en 2014, Ribéry entre 2008 et 2013) ne sont plus là. Mais si l’attaquant de l’Atlético de Madrid n’est pas disponible, Olivier Giroud pourrait s’en charger (il les tire parfois avec Arsenal), Paul Pogba (il s’en chargeait avec l’équipe de France U20) ou Alexandre Lacazette (qui les tirait à Lyon).
Réponse : GAGNÉ
Non seulement Griezmann a bien été le tireur attitré des Bleus en Russie, mais il en a transformé quatre (Italie en amical, Australie, Argentine et Croatie). Le cinquième a été l’œuvre de Mbappé contre l’Islande en octobre, Griezmann se chargeant du sixième face à l’Allemagne. Et le septième a été inscrit par Giroud contre l’Uruguay en novembre.
Les mascottes se font rares chez les Bleus. La dernière en date, N’Golo Kanté, a été battue en mars 2017 contre l’Espagne. Les seuls internationaux actifs à être invaincus sont les deux plus récents, Benjamin Pavard et Steven Nzonzi (deux sélections, une victoire et un nul). S’ils sont sur la liste des 23 et qu’ils ont du temps de jeu (ce qui est assez improbable), ils pourront toujours essayer de viser le record d’Eric Di Meco (23 sélections sans défaite).
Réponse : PERDU
C’était vrai jusqu’au 16 novembre et la défaite à Rotterdam contre les Pays-Bas. Pavard a quand même tenu jusqu’à 16, et Nzonzi jusqu’à 12, ce qui est déjà pas mal. Zouma (3), Areola (2), Mendy et Plea (1) sont prêts à relever le challenge.
Avec 80 rencontres dirigées à la tête des Bleus, Didier Deschamps devrait donc devenir le nouveau recordman chez les sélectionneurs français début juillet en huitième de finale, sauf grosse cagade au premier tour. Pour marquer le coup, on pourrait lui suggérer de saluer son prédécesseur Michel Platini, lequel avait échoué (contre le Danemark) lors de sa seule phase finale dirigée depuis le banc, en 1992.
Réponse : PERDU
Quand il est en compétition, Didier Deschamps se moque éperdument de ce genre de considérations. En huitièmes de finale, il a aidé son équipe à battre l’Argentine de Leo Messi. Depuis, il a gagné une Coupe du monde et compte désormais 89 matchs dirigés en tant que sélectionneur.
Vu le niveau des adversaires des cinq rencontres amicales d’ici la Coupe du monde, hormis l’Italie en juin, les Bleus ont les moyens de ne pas perdre avant six mois. Et comme le premier tour est largement à leur portée, la série d’invincibilité pourrait monter à 15. Attention, car après arriveront les matchs à élimination directe, où toute défaillance se paie cash.
Réponse : PERDU, MAIS PAS TOUT À FAIT
En fait, les Bleus ont pioché dès leur première sortie de l’année, contre la Colombie en mars. Puis ils ont enchaîné 15 matchs sans défaite, comme annoncé précédemment. Et comme il y avait la Coupe du monde au milieu, c’était bien là l’essentiel.
Les candidats sont nombreux : les Parisiens Kurzawa, Rabiot, Areloa, Kimpembé et Mbappé, les Barcelonais Dembélé, Umtiti et Digne, le Citizen Mendy, le Munichois Coman, les Mancuniens Pogba et Martial, le Turinois Matuidi, le Londonien Kanté, le Madrilène Varane… Il faudrait une finale très improbable entre Liverpool et le Chakhtar Donetsk pour ne voir aucun Bleu à Kiev le 26 mai prochain.
Réponse : GAGNÉ
C’est donc Raphaël Varane qui a remporté le pompon à Kiev contre Liverpool, qui ne faisait pas un finaliste si improbable que ça. Mais c’est Luka Modric qui en profitera pour glaner le Ballon d’or en décembre.
C’est la principale incertitude de la liste de Didier Deschamps. L’absence du défenseur gauche de Manchester City, victime d’une rupture des ligaments croisés en septembre 2017, serait un vrai coup dur pour les Bleus, tant ni Kurzawa ni Digne n’affichent un niveau de jeu équivalent. Aux dernières nouvelles, son retour est annoncé pour la fin mars. Il lui restera alors six ou sept semaines pour convaincre le sélectionneur qu’il aura retrouvé l’intégralité de ses moyens pour la Russie. Ça semble quand même très court. Probablement trop.
Réponse : PERDU
C’était effectivement trop court, mais ça n’a pas empêché Deschamps de retenir Benjamin Mendy qui n’aura disputé que 40 minutes bien ternes contre le Danemark. Heureusement que Lucas Hernandez était là, et valide.
En décembre, la rumeur d’un transfert imminent à Barcelone s’est faite de plus en plus insistante. Selon la presse, l’affaire serait même quasiment conclue. C’est aller un peu vite en besogne, tant il reste d’incertitudes. A quel poste jouerait Griezmann au Barça, sachant que Valverde a adopté le 4-4-2 avec Messi et Suarez en pointe, alors que Dembélé n’a pratiquement pas joué avec son nouveau club ?
Réponse : PERDU
Eh bien non, il est resté. Pourtant, il a mis lui-même en scène, de façon bien peu inspirée (et pas du tout appréciée en Espagne) le suspens autour d’un éventuel transfert au Barça. Ce n’est probablement que partie remise : la troisième place au Ballon d’or l’a sans doute convaincu qu’un club plus exposé médiatiquement et avec un style de jeu plus ambitieux lui donnerait plus de chance d’être lauréat.
Le 25 mars 1998, l’équipe de France d’Aimé Jacquet se déplaçait sur le bourbier du stade Loujniki en préparation de la Coupe du monde. Une toile de Letizi plus tard (0-1), L’Equipe titrait le lendemain « C’était quoi ce match ? ». Ça n’avait pas empêché les Bleus d’être champions du monde 108 jours plus tard. On recommence ?
Réponse : GAGNÉ
Même si ce Russie-France du 27 mars n’était pas le match du siècle, loin de là, les Bleus l’ont gagné (3-1) et il a sans doute compté pour la confiance de Kylian Mbappé (auteur d’un doublé) et de Paul Pogba (buteur sur coup franc). Sur huit rencontres jouées en Russie cette année, l’équipe de France en a gagné sept.
S’il y en a un, ce sera forcément à la Coupe du monde, et probablement en finale. Il est en effet certain que les Bleus ne croiseront pas leur voisin en qualification de l’Euro 2020, et pas non plus en amical, puisqu’ils l’ont déjà fait en 2012, 2013, 2015 et 2017. Mais si la série continue (un match par an depuis 2012, en comptant celui de la Coupe du monde au Brésil et sa revanche à l’Euro), on peut déjà se donner rendez-vous à Moscou, le 15 juillet. Ce serait la première fois de l’histoire que Français et Allemands se rencontreraient en finale.
Réponse : GAGNÉ, MAIS PAS TOUT À FAIT
Il y a bien eu un trentième France-Allemagne, et même un trente-et-unième, mais aucun n’a eu lieu à la Coupe du monde. J’avais tout simplement oublié l’hypothèse d’une double confrontation en Ligue des Nations à l’automne.
Il faudrait une année prolifique en attaque pour le voir en 2018. Les Bleus en sont à 1460, et marquer 40 buts en une seule année civile, ce n’est arrivé qu’une fois, en 2003 (39 en 2000 et en 1958). Lors des deux dernières années comportant une phase finale, ils étaient arrivés pas loin, avec 36 buts en 2016 (dont deux 0-0) et et 33 en 2014. Il y a quand même plus de chances que les 1500 buts soient atteints dans le courant de l’année 2019. Pour mémoire, c’est Emmanuel Petit qui avait inscrit le millième, lors de la finale de 1998 contre le Brésil.
Réponse : GAGNÉ
1460 + 32 = 1492. Comme annoncé, il faudra bien attendre 2019 pour voir (très certainement) le 1500ème but. On peut même imaginer qu’il arrivera en juin, pas contre la Turquie, mais probablement contre Andorre. Giroud, Griezmann et Mbappé sont évidemment favoris pour inscrire ce but historique.
D’après le site maillots-foot-actu.fr, il serait relativement sobre, avec un bleu marine strié de discrètes lignes horizontales plus claires et d’un curieux motif bleu électrique sur les épaules. Sans aucune garantie que ce soit le bon, évidemment : la présentation officielle ne devrait se faire qu’en mars, d’ici-là d’autres modèles peuvent sortir. Et celui-ci pourrait n’être qu’un projet.
Réponse : PRESQUE GAGNÉ
Le projet présenté était presque le bon, exception faite des lignes horizontale, et avec un bleu électrique aux épaules plus foncé que sur le modèle final.
Tout dépendra de la volonté de l’éditeur (Marabout) et bien sûr du nombre d’exemplaires vendus. Ainsi que du parcours de l’équipe de France à la Coupe du monde : une deuxième victoire rendrait encore plus nécessaire une nouvelle édition du Dico. Raison de plus de soutenir les Bleus en juin prochain !
Réponse : GAGNÉ
Même si la décision n’a été prise qu’à 48 heures de la finale, le 13 juillet, et que les auteurs ont fait une croix sur leurs vacances pour boucler une copieuse mise à jour en sept semaines, la version 2 est bel et bien sortie et sur les tables des libraires depuis la mi-novembre. Noël est passé, mais ça reste un très beau cadeau à (se) faire pour la nouvelle année !
Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.