[893] Angleterre-France (2-1) : dans le dernier carré

Publié le 10 décembre 2022 - Bruno Colombari

Le choc franco-anglais a tenu ses promesses et à la fin, pour la première fois en Coupe du monde, ce sont les Bleus qui ont gagné. En mode 2018, à savoir en bloc bas et avec un réalisme glacial sur les rares occasions de but.

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Le résultat était-il prévisible ?

Comme en 1998, mais contrairement à 2018, ce n’est qu’au cinquième match du tournoi que les Bleus ont affronté un prétendant au titre, et un adversaire à leur niveau. Autant dire qu’on s’attendait, comme pour les confrontations de la veille en quart de finale, à un match fermé, pauvre en occasions et en buts. Mais l’expérience nous montre qu’il peut y avoir des rencontres se terminant aux tirs au but et d’une richesse technique et tactique incroyable, comme à Guadalajara face au Brésil en 1986, et d’autres verrouillées à double tour comme à Saint-Denis contre l’Italie en 1998.

L’Angleterre-France d’Al Khor ressemblera plutôt à son homologue de Lisbonne en 2004, avec un pénalty manqué, et une efficacité maximale sur les quelques occasions de but créées. Les Bleus ont été dominés dans le jeu la plupart du temps, sans toutefois concéder beaucoup d’occasions, Lloris se chargeant de sortir les tirs de Kane et de Bellingham. Mais deux penalties offerts à l’adversaire dans un match aussi important, c’est trop. Dans l’ensemble, l’équipe de France a commis beaucoup de fautes contre un adversaire toujours dangereux sur coups de pied arrêtés.

L’équipe est-elle en progrès ?

Pour la première fois depuis mars 2019 (et leur double festival offensif contre la Moldavie et l’Islande), les Bleus ont enchaîné deux matchs avec une composition identique (des matchs réplica donc, selon la terminologie locale). En général, c’est bon signe : ça veut dire qu’une équipe-type se dégage nettement et que tout le monde est disponible. Ce fut le cas, d’autant plus que Didier Deschamps a conservé dix de ses titulaires pendant tout le match, ne sortant que Dembélé pour Coman dans le dernier quart d’heure, après le but de Giroud. Si elle a manqué de maîtrise et a rendu trop de ballons mal négociés, elle a montré qu’elle pouvait gagner un match dans lequel Mbappé était quasiment invisible, et c’est une bonne chose. Elle sort de ce quart de finale un peu dans le même état d’esprit que face à la Belgique en 2018 : secouée, mais qualifiée.

Quels sont les joueurs en vue ?

Hugo Lloris n’a pas montré de choses inhabituelle sur son jeu au pied et sur les pénalties, mais pour le reste, il a sorti une grosse prestation, et son arrêt devant Harry Kane en première mi-temps lui a sans doute permis de gagner un duel psychologique face à son partenaire de Tottenham.

Antoine Griezmann s’est encore une fois battu jusqu’au bout dans un rôle très défensif qui le place loin du but, mais c’est lui qui donne les balles des deux buts français à Aurélien Tchouaméni et Olivier Giroud, devenant le recordman français des passes décisives (28).

Olivier Giroud a eu une première occasion en début de match, puis on ne l’a quasiment plus vu jusqu’à la 73e où il enchaîne trois situations chaudes devant le but de Pickford, la dernière étant la bonne, alors même que Marcus Thuram s’apprêtait à le remplacer. Il inscrit son 53e but en sélection, et qualifie l’équipe de France pour la demi-finale.

Raphaël Varane a été le meilleur défenseur français, preuve qu’il revient bien. Il n’a pas eu de souci face aux attaquants anglais qui perçaient plutôt sur les ailes.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Ousmane Dembélé a traversé ce match comme un fantôme, faisant trop de mauvais choix ou d’erreurs techniques. Il aurait pu être remplacé bien plus tôt, même si Kinglsey Coman n’a rien fait de mieux, offrant même un dernier coup franc très dangereux à Rashford.

Dayot Upamecano, si brillant et rassurant depuis le début du tournoi, n’a pas été à la hauteur de l’enjeu, même s’il est impliqué dans l’action amenant au but de Tchouaméni. Mais c’est encore plus inquiétant pour Théo Hernandez, qui provoque un pénalty largement évitable (et qui aurait pu lui valoir un rouge), alors qu’il n’a jamais fait de différences devant et très peu combiné avec Mbappé.

Enfin, Kylian Mbappé a été parfaitement contrôlé par Kyle Walker, qui ne l’a vu passer devant qu’une seule fois, sans conséquences. Dans ce genre de match, l’isoler le long de la touche est-il une bonne idée ?

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

C’est la deuxième fois dans son histoire que l’équipe de France se retrouve dans le dernier carré mondial lors de deux éditions consécutives (après 1982 et 1986). C’est dire si ce n’est pas fréquent, six fois en seize participations tout de même.

C’est une affiche quasiment impossible à trouver avant le début du tournoi. Et pourtant : si la Coupe du monde est avare en nouveau champions (8 en 21 éditions) et même en finalistes (5), elle se permet parfois d’originalité dans le dernier carré, comme en 1994 (Bulgarie et Suède) ou en 2002 (Corée du Sud et Turquie). Le Maroc en est une, même s’il ne doit sa place qu’à lui-même et au talent de son secteur défensif, gardien en tête. Autant dire que les Bleus ne doivent pas s’attendre à un match facile mercredi, les Marocains n’ayant concédé qu’un seul but en cinq matchs. Mais ils n’en ont marqué que cinq, ce qui est très peu. Autant dire que marquer en premier dans ce match-là, comme presque toujours en demi-finale, donnerait un avantage déterminant.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal