Arrière droit de l’équipe de France : chronologie du poste depuis 1945

Publié le 27 août 2016 - Bruno Colombari - 1

Longtemps verrrouillé, le poste de latéral droit s’est enfin ouvert depuis l’Euro 2016, avec enfin des jeunes joueurs qui parviennent à percer. Retour sur les spécialistes depuis la guerre.

3 minutes de lecture
Mise à jour d’un article écrit en août 2016.

Il y a des postes en équipe de France où la rotation est fréquente et rapide, comme en défense centrale ou en attaque. Et d’autres qui sont monopolisés pendant des années par un ou deux joueurs, comme celui de gardien ou, jusqu’à l’Euro 2016, d’arrières latéraux. Depuis le départ de Bacary Sagna, c’est Benjamin Pavard qui a surgi de nulle part pour s’emparer du poste et ne plus le lâcher.

Huit nouveaux appelés depuis 2006

Sur les treize dernières années, c’est un poste qui n’a pas vu beaucoup de débutants : François Clerc et Bacary Sagna en 2007, un petit intérim de Rod Fanni entre 2008 et 2010, Mathieu Debuchy en 2011, Christophe Jallet en 2012, Djibril Sidibé en 2016, Benjamin Pavard en 2017 et Léo Dubois en 2019. Et c’est tout, même si on peut évoquer Sébastien Corchia, qui a disputé 21 minutes fin 2016 mais en tant que remplaçant. Si on ajoute ceux qui ont débuté avant et qui ont fini leur carrière après 2006, à savoir Willy Sagnol (jusqu’en 2008) et Anthony Réveillère (jusqu’en 2012), ça fait dix joueurs en un peu plus de 12 ans et 166 matches. C’est bien peu. Surtout quand on affine et qu’on constate que Bacary Sagna a été titularisé dans le couloir droit 59 fois, Mathieu Debuchy 26 fois et Benjamin Pavard 18 fois, ses seuls réels concurrents sur la période. Soit 103 matches à eux trois, plus des deux tiers de ceux disputés depuis la fin de carrière internationale de Willy Sagnol en juin 2008.

Thuram devant Sagna, Jean Djorkaeff et Sagnol

Sans faire de bruit ni d’éclat (les mauvaises langues diront sans réaliser de performance exceptionnelle), Bacary Sagna est d’ailleurs le deuxième spécialiste du poste dans l’Histoire des Bleus. Seul Lilian Thuram a fait mieux, avec 80 rencontres débutées dans le couloir droit entre 1994 et 2003 (le reste dans l’axe, à partir de 2004 essentiellement). Viennent ensuite Bacary Sagna (58 entre 2007 et 2016), Jean Djorkaeff (44 entre 1964 et 1972) et Willy Sagnol (41 entre 2001 et 2008). A eux quatre, ils ont couvert 223 des 692 matches joués depuis la Libération, soit 32% du total.

Si on regarde maintenant les arrières droit des Bleus ayant joué au moins vingt matches à ce poste, on trouve Jocelyn Angloma (28 entre 1991 et 1996), le duo Gérard Janvion-Patrick Battiston (28 et 27 entre 1975 et 1984), Mathieu Debuchy (26 depuis 2011), Jean Wendling (26 entre 1959 et 1963), Raymond Kaelbel (25 entre 1954 et 1959), Benjamin Pavard (22 depuis 2017) et Manuel Amoros (20 entre 1982 et 1992). Lequel Amoros a joué essentiellement à gauche durant sa carrière. C’est donc le seul non spécialiste de cette liste.

La période creuse des Trente glorieuses

La période 1944-1975 est d’ailleurs marquée par une grande instabilité de ce poste d’arrière droit. Hormis Wendling, Kaelbel et Jean Djorkaeff, seuls Guy Huguet (à la fin des années 40) et Lazare Gianessi (dans les années 50) se sont installés quelques matches en sélection, et encore, on parle là de 12 titularisations pour le premier, de 14 pour le second. C’est-à-dire au niveau d’Anthony Réveillère pour notre époque. Marius Trésor y a fait ses débuts en 1972, avant de s’installer définitivement dans l’axe, tout comme Christian Lopez en 1975. On notera la présence de Roger Lemerre et Raymond Domenech dans la liste.

Les graphiques suivants ne décomptent que les matches joués en tant que titulaire au poste d’arrière droit.

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De Janvion à Sagna, le temps des spécialistes

Depuis 1975, donc sur les quatre dernières décennies, et alors que le nombre de matches par an a fortement augmenté, la rotation s’est ralentie (30 joueurs). Michel Hidalgo a trouvé la bonne formule avec Gérard Janvion et Patrick Battiston avant que ceux-ci n’occupent l’axe de la défense, respectivement en 1982 pour le premier, et en 1984 pour le second. On se souvient des expérimentations avec Luis Fernandez, parfois gagnantes (contre la Belgique à Nantes en 1984), parfois complètement ratées (face au Brésil à Guadalajara en 1986, Amoros passant à droite, Tusseau à gauche et Fernandez au milieu après vingt minutes de jeu).

William Ayache et Manuel Amoros ont pris le relais jusqu’à la fin des années 80 et l’arrivée de Jocelyn Angloma en 1991. Ce dernier tiendra le couloir droit jusqu’à l’Euro 1996 où il sera délogé par Lilian Thuram. Et hormis quelques intérims assurés par Vincent Candela et Christian Karembeu, le recordman de sélections ne le lâchera (progressivement) qu’à l’arrivée de Willy Sagnol en 2001. Bacary Sagna prendra la succession après l’Euro 2008 en Suisse et se maintiendra pendant huit ans.

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Depuis l’Euro 2016, un poste à nouveau ouvert

Il aura donc fallu attendre l’après Euro 2016 pour que le poste d’arrière droit s’ouvre à nouveau. Sagna n’a fait qu’une brève apparition en octobre 2016 contre la Bulgarie, le temps de provoquer un pénalty et de sortir sur blessure. Djibril Sidibé a semblé prendre l’héritage, avec Christophe Jallet comme suppléant, Sébastien Corchia n’ayant pas convaincu (il ne figure pas dans le tableau puisqu’il n’a pas été titularisé). Mais l’année 2018 et la Coupe du monde en Russie ont rebattu les cartes. Deschamps a surpris tout le monde de court en appelant Benjamin Pavard fin 2017, et ce dernier a lui-même surpris Deschamps en s’imposant à un poste où il était parti pour jouer les doublures. Léo Dubois, invité en juin 2017 et titularisé pour la première fois contre Andorre, en fera-t-il de même ?

Vos commentaires

  • Le 6 juillet à 01:00, par Alain En réponse à : Arrière droit de l’équipe de France : chronologie du poste depuis 1945

    « Bacary Sagna prendra la succession après l’Euro 2008 en Suisse et se maintiendra pendant huit ans. »

    Hum, phrase discutable ! Car Sagna est absent des Bleus pendant quasiment 18 mois (de l’automne 2011 au printemps 2013) et rate donc l’Euro 2012. Et à son retour, il se retrouve le plus souvent comme simple doublure de Debuchy, notamment à la Coupe du Monde 2014.

    Ça laisse donc un trou de quasiment 3 ans dans son règne de 8 ans au poste d’arrière droit.

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